Les archives de l'actualité au MDC

Conseil National du Mouvement des Citoyens

Intervention de Georges Sarre
Samedi 27 Avril 2002
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Les archives du MDC sur,

Cher Amis,
Chers Camarades,

D'abord en votre nom à tous et en mon nom personnel, je veux chaleureusement remercier Jean-Pierre Chevènement pour la belle campagne présidentielle, qu'il a menée depuis le 4 septembre 2001. Malgré les difficultés rencontrées, plus particulièrement au cours des deux derniers mois, il a su affirmer l'existence d'une force d'avenir pour la France et pour la République. Nous sommes fiers d'avoir pu, à la mesure de nos moyens, lui apporter notre concours. Nous sommes prêts à continuer avec lui ce nécessaire combat dans les formes qui conviendront désormais.

Les résultats de ce premier tour de l'élection présidentielle ne sont pas à la hauteur de nos espérances. Mais, ils sont conformes à nos analyses. Malheureusement, comme l'a déjà dit Jean-Pierre Chevènement, ils sont conformes à nos analyses jusqu'à la nausée.

 

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Nous avons créé le Mouvement des Citoyens après la guerre du Golfe et dans la suite de Maastricht.

Nous avons créé le Mouvement des Citoyens après la guerre du Golfe et dans la suite de Maastricht. Il était devenu évident que le Parti socialiste n'était plus le parti d'Epinay. Il avait choisi de se soumettre au " nouvel ordre mondial ", qui n'était que la préfiguration de la mondialisation financière. Ils avaient en même temps opté pour sa version continentale, c'est-à-dire pour une construction fédéraliste de l'Europe, même si les partisans de l'improbable fédération des Etats-nations s'exprimaient encore avec prudence. Beaucoup se souviennent de cette période qui ne fut pas toujours facile à vivre. De l'autre rive, nous parvenaient parfois de rares signaux. Ils étaient, il faut bien le reconnaître, de faible intensité.

Nous avons pensé que la le Parti socialiste allait commencer à se ressaisir, lorsque Lionel Jospin a évoqué un droit d'inventaire sur les deux septennats finissants. Aussi, lorsqu'il a annoncé sa candidature à la Présidence de la République, en janvier 1995, nous avons été parmi les premiers à le soutenir. Ensuite, le scrutin passé, nous avons pleinement participé à la marche et aux discussions qui ont conduit, au printemps de 1997, à la victoire de la gauche plurielle. Alors, nous avons cru sincèrement à un redressement républicain, le 19 juin 1997, quand Lionel Jospin prononça son discours de politique générale. Le thème central en était : " En tout domaine, faire retour à la République ".

 

 

 
Séduit par les apparences de l'idéologie libertaire, le Parti socialiste n'a pu comprendre qu'il perdait sont meilleur allié.
Je ne vais pas énumérer, ici et maintenant, les reculades successives du gouvernement, jusqu'à sa résignation devant les amis des poseurs de bombes en Corse. Vous connaissez aussi bien que moi cette triste histoire. En revanche, je veux insister sur l'origine profonde de cette évolution néfaste. Le Parti socialiste a délibérément choisi de privilégier son alliance avec les Verts. A partir de l'élection européenne de juin 1999, cette alliance est même devenue l'axe stratégique de la majorité plurielle. Ne sachant plus sur quel pied danser, le Parti communiste a suivi.

Restait évidemment le Mouvement des Citoyens. Restait plus particulièrement Jean-Pierre Chevènement. Les termes de l'alternative étaient simples : il devait se soumettre ou se démettre. Vous connaissez l'homme. Vous connaissez l'histoire. Vous en connaissez la fin. Je ne vais donc pas vous la raconter.

Séduit par les apparences de l'idéologie libertaire, le Parti socialiste n'a pu comprendre qu'il perdait sont meilleur allié. Il s'est laissé entraîner. Il s'est éloigné du peuple. Souvenez-vous sur quels thèmes Lionel Jospin a terminé sa campagne : le cannabis, la suppression de la soi-disant double peine et le droit de vote à dix sept ans.

 
   
La France de 2002 est un pays où les élites ont abandonné la Nation au Front national.

Nous devons donc rester fermes sur les positions que Jean-Pierre Chevènement a développées tout au long de cette campagne présidentielle. Le Mouvement des Citoyens en a été l'ossature pratique et matérielle. Je sais combien les militants se sont dévoués sur le terrain, dans les départements, dans les villes, dans les campagnes. Ce ne fut pas toujours facile, mais ce fut toujours utile. Vous avez su aussi agréger des hommes et des femmes venus de tous les horizons politiques. Dans l'ensemble, ce rassemblement s'est bien passé. Les quelques difficultés, qui ont pu surgir ici ou là, n'ont rien d'anormal dans une telle situation. A tous les niveaux, nous avons appris à nous connaître, nous avons appris à travailler ensemble.

La situation actuelle montre que plus que jamais la France a besoin de ce rassemblement de tous les républicains. Plus que jamais, la France a besoin d'être relevée avec la République. Bien évidemment, le 5 mai prochain, il faut déposer dans l'urne un bulletin de vote au nom de Jacques Chirac. Faisons maintenant une analyse objective. C'est difficile psychologiquement mais c'est nécessaire. Non, la France de 2002 n'est pas l'Allemagne de 1933. La France de 2002 est un pays où la majorité des élites se sont coupées du peuple. La France de 2002 est un pays où les élites ont abandonné la Nation au Front national. La France serait un pays moisi aux yeux de ses intellectuels médiatiques. La France serait un petit pays exotique pour ses patrons mondialisés. Ils ont beau jeu de crier aujourd'hui à la République menacée, eux qui n'ont eu de cesse démanteler la République.

 

 

 
Depuis plus de vingt ans, à chaque élection nationale, les sortants sont sortis
Les responsables politiques des partis politiques traditionnels se sont progressivement intégrés à la mondialisation et à l'européisme. Depuis dimanche, ils sont encore sous le choc et retrouvent de vieux réflexes. Les uns ne pensent qu'à créer un parti unique pour gérer la France pendant cinq ans et pour promouvoir la candidature d'Alain Juppé en 2007. Les autres ne savent que dire que le suffrage universel aurait été injuste avec eux. Ils disent tous qu'ils ont reçu le message. Mais, nul d'entre eux ne fait la moindre proposition pour montrer qu'il a compris la leçon. Aucun n'est encore disposé à tirer les enseignements, non pas seulement du scrutin du 21 avril 2002, mais du fait que, depuis plus de vingt ans, à chaque élection nationale, les sortants sont sortis.

Un mot quand même sur ceux qui osent accuser Jean-Pierre Chevènement d'avoir provoqué leur défaite et leur humiliation. Là encore, ils montrent qu'ils n'ont rien compris. Jean-Pierre Chevènement a été un ministre de l'intérieur efficace et loyal. Il a fait des propositions pour lutter contre l'insécurité. Elles ont été rejetées. Sur la Corse, Jean-Pierre Chevènement a mis en garde. Il a même présenté un plan de forte décentralisation cohérent avec les principes de la République. Il n'a pas été entendu. Il a démocratiquement assumé ses responsabilités en démissionnant. Il devenait alors normal qu'il défende devant le peuple sa conception de la République.

 
   
On ne combat pas efficacement le Front National par l'émotion. On combat le Front National par la conviction et le débat politique.

En revanche, on ne peut que regretter ce qui fut pour le moins des imprudences de langage. Avec l'affaire des cinq cents signatures, Jean-Marie Le Pen a su se transformer en victime. Or, à ce moment là, Noël Mamère a débattu avec le leader du FN et s'est fait photographier avec lui. Or, à ce moment là, Lionel Jospin a compati au sort de Jean-Marie Le Pen ; il a même publiquement envisagé de modifier les conditions préalables à la candidature. Ils n'ont pas saisi l'état d'exaspération du peuple français. Leur manœuvre leur est revenue en boomerang. Je ne sais pas si ces déclarations ont permis à Jean-Marie Le Pen d'avoir des signatures supplémentaires. Je sais que ces déclarations ont banalisé le vote pour Jean-Marie Le Pen. Il devenait un candidat parmi d'autres.

Alors, faire barrage à Le Pen, comme je l'ai déjà dit, bien sûr, mais dans les urnes. Défiler, manifester, sans doute, mais il faut arrêter les actions qui ne peuvent que favoriser Jean-Marie Le Pen en le présentant, une fois de plus, en victime, en le présentant finalement en démocrate face à des gens qui refusent les résultats du suffrage universel. Le comportement des députés européens est irresponsable. Les propos du commissaire européen, Chris Patten, sont insultants pour le peuple français. Les manifestations d'étudiants et de lycéens peuvent être comprises au vu de la jeunesse des participants. Mais on ne combat pas efficacement le Front National par l'émotion. On combat le Front National par la conviction et le débat politique.

 

 

 
Une délégation de la direction du Mouvement des Citoyens participera au défilé du 1er Mai
Une délégation de la direction du Mouvement des Citoyens participera au défilé du 1er Mai et ses responsables et adhérents sont invités à s'associer à cette démonstration républicaine. Pour ramener l'extrême droite à son plancher incompressible, 2 à 3 % de l'électorat, il faut restaurer les valeurs de la République, il faut redonner un véritable contenu au débat démocratique. Voilà pourquoi, il faut que le monde du travail puisse s'exprimer ce jour-là.

A nous, maintenant, à nous qui nous reconnaissons dans le Mouvement des Citoyens de réussir la fondation d'un véritable Pôle républicain, qui soit la force politique de l'avenir. Je sais que pour certains d'entre nous il s'agit d'un véritable déchirement. Le Mouvement des Citoyens est certes une " petite entreprise ", mais une maison attachante. Elle vient même, malgré les difficultés, de montrer son efficacité sur le terrain. Mais, un parti politique n'est qu'un outil. L'ouvrier doit savoir choisir son outil en fonction de la tache à accomplir. Pour certains d'entre nous, qui suivons Jean-Pierre Chevènement depuis bientôt quatre décennies, nous avons pris l'habitude de changer d'outil. L'important est que le fond reste le même, la forme doit s'adapter.

 

   
Ceux, qui excluent de voter pour Jacques Chirac ne peuvent plus participer au Pôle républicain

Nous devons donc réussir l'amalgame de tous ceux qui ont soutenu la candidature de Jean-Pierre Chevènement, comme nous l'avons toujours dit, d'où qu'ils viennent. A condition, bien sûr, qu'ils acceptent, comme nous l'avons aussi toujours dit d'aller à la République. Or, le 5 Mai, il n'y a aucune hésitation possible entre les deux candidats. L'un, malgré ses défauts que nous connaissons bien, est un républicain ; l'autre, avec sa conception ethnique de la nation, est hors du champs de la République. En conséquence, ceux, qui excluent de voter pour Jacques Chirac, en laissant planer, pour le moins, une ambiguïté sur leur intention finale, ne peuvent plus participer au Pôle républicain. C'est le cas de certains souverainistes, à commencer par Paul-Marie Couteaux. Nous attendons aussi des éclaircissements de la part de William Abitbol. En revanche, Florence Kuntz a été très nette dans le " Figaro de jeudi 25 avril ", elle a toute sa place au Pôle républicain.

Donc, nous devons fondre dans un même ensemble toutes les composantes qui se sont retrouvées dans les comités de campagne. Par souci d'efficacité, pour réussir l'amalgame de ce rassemblement, le Pôle républicain ne peut être qu'un parti, où les adhésions se font sur une base individuelle. Evitons toute formule qui laisserait se perpétuer les différences anciennes. Elle risquerait de provoquer d'incessantes querelles internes. Elle découragerait ceux qui n'ont pas connu les époques d'avant.

 

 

 
Notre tache prochaine est donc d'avoir le plus grand nombre de candidats possible sous l'étiquette du Pôle républicain

Pour structurer le Pôle républicain, nous devons concilier notre présence forte aux élections législatives de juin prochain et le sérieux de la préparation d'un congrès constitutif. Notre tache prochaine est donc d'avoir le plus grand nombre de candidats possible sous l'étiquette du Pôle républicain, en respectant la diversité de ce rassemblement. Il faut aussi s'assurer de la parité. Il faut investir des jeunes qui ensemenceront pour l'avenir. Notre seule réserve est qu'il faut éviter toute situation qui pourrait favoriser l'élection d'un membre du Front National. Aujourd'hui il faut s'adresser au peuple de France et nous savons que c'est ainsi que nous relèverons la gauche avec la France.

Par ailleurs, nous devons préparer le congrès constitutif du Pôle républicain. Chacun saisit bien la profonde originalité de ce congrès, qui doit permettre de rassembler dans la durée toutes les sensibilités qui se sont retrouvées au cours de la campagne de Jean-Pierre Chevènement. Il faut donc travailler sérieusement pour que chacun se sente à l'aise. Il faut élaborer une motion qui fixe une orientation générale commune à tous. Il faut prévoir des statuts qui conviennent à tous. Il faut enfin que tout le monde vienne. Le congrès constitutif de ce rassemblement doit être une phase d'addition. Ensuite, nous devons pouvoir passer à une phase de multiplication.

 
   
Le vendredi 10 Mai se tiendra un congrès extraordinaire du Mouvement des Citoyens.

Pour réussir cette belle opération, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Aussi, au nom du secrétariat, je vous propose de procéder en deux temps. Le vendredi 10 Mai se tiendra un congrès extraordinaire du Mouvement des Citoyens. Il aurait pour ordre du jour d'entériner la fusion à terme du MDC dans le Pôle républicain. Plus concrètement, il devra voter la transformation de l'association de financement du Mouvement des Citoyens en association de financement du Pôle républicain.

Le lendemain, se tiendront les assises de la refondation républicaine. Leur premier objectif sera d'élire une direction provisoire du Pôle républicain, sur la base de celle désignée la 19 janvier dernier. Son second objectif sera de fixer la date et le cadre du congrès constitutif, qui se tiendra à l'automne prochain. Son troisième objectif sera de ratifier les candidatures du Pôle républicain.

Le Conseil National du Mouvement des Citoyens doit se prononcer aujourd'hui sur ce calendrier. Le bureau du Pôle républicain arrêtera, pour sa part, sa décision lundi matin.

 
 
Après avoir fait notre devoir le 5 mai, nous devons convaincre nos compatriotes que nous devons relever la France avec la République.
Chers Amis,
Chers Camarades,

Soyez en sûrs, le Mouvement des Citoyens aura joué dans ce pays un réel rôle historique. Il aura permis la candidature de Jean-Pierre Chevènement, dont le résultat, dans les conditions que vous connaissez, est plus qu'honorable. Il permet de continuer. Il permet de commencer à passer le relais aux générations qui suivent. Nous savions, dès le départ, que la refondation républicaine de la France serait une tache longue et ardue. Nous continuons le combat.

Mais, nous devons continuer ce combat avec tous ceux qui sont prêts à s'y joindre. Soyons sérieux, depuis le 21 avril, la vie politique française est un champ de décombres. Au-delà de l'urgence à faire barrage à Le Pen, un anti-fascisme de convenance ne peut servir de boussole. Nous devons donc nous adresser à tout le peuple de France.

Nous ne pouvons pas laisser la France à son élite résignée ou à son envers Le Pen. Après avoir fait notre devoir le 5 mai, nous devons convaincre nos compatriotes que nous devons relever la France avec la République.