MDC, guerre du Kosovo
L'ACTUALITE POLITIQUE DU KOSOVO

L'europe et la France ont-elles oublié le Kosovo ?

09/03/00
Communiqué de G.Sarre, député mdc 11/06/99 Les dernières déclarations du président de la République sur la guerre des Balkans mêlent l'acte de foi aux voeux pieux.
Communiqué de G.Sarre
08/06/99
Une résolution des nations unies peut seule permettre le règlement politique de la guerre au kosovo
La perspective d'une paix rapprochée ainsi ouverte doit se traduire sur le champ par l'arrêt des bombardements de l'OTAN Communiqué de G. SARRE,3/6/99
 
Le Mouvement des Citoyens participera sous ses propres couleurs et avec son propre tract aux manifestations organisées  par diverses organisations pour la suspension des frappes de l'OTAN en Yougoslavie et le retour à une solution diplomatique négociée. 02/06/99
L'inculpation du président de la république fédérale Yougolave pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le procureur du tribunal pénal international de la Haye est paradoxalement une mauvaise nouvelle pour la paix... Communiqué de Paul LORIDANT, secrétaire national MDC28/05/99

Note sur la question du Kosovo
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Jean-Christophe Bonté
 
"A partir du moment où on veut faire de la politique, on évite de criminaliser" ...

"les hommes politiques ont une responsabilité,(...) arrêter de traiter un problème politique comme si c'était un problème de morale"...

Extrait de l'interview de J.P. Chevènement au sujet de la condamnation de Milosevic par le Tribunal Pénal Internationalsur LCI le 27/05/99
La guerre des Balkans obéit avant tout à une logique impériale, elle vise essentiellement à donner à l'OTAN une justification qu'elle avait perdue depuis la chute du mur de Berlin. Communiqué adopté à l'unanimaité par le bureau national du MDC le 19/05/99 Le "nouveau concept stratégique de l'OTAN", possibilité donnée au bras armé des Etats-Unis d'intervenir quand il veut, où il veut.
 
APPEL DE PARLEMENTAIRES DE PAYS DE L'UNION EUROPEENNE EN FAVEUR D'UNE PAIX NEGOCIEE AU KOSOVO Nous, parlementaires de pays membres de l'Union européenne, demandons qu'une suspension des bombardements permette d'engager rapidement une négociation sous l'autorité des Nations Unies et de son Conseil de sécurité…
cet appel regroupe aujourd'hui plus de 250 parlementaires appartenant aux assemblées des pays membres de l'Union européenne Conférence de presse de G. Sarre du 12 mai pour l'arrêt des bombardements au Kosovo
KOSOVO Il est temps que la voix de la raison et de la mesure reprenne le dessus. Seule une solution diplomatique peut permettre de rompre les engrenages qui ne seraient fatals qu'à la mesure de la résignation des responsables, et d'éviter ainsi, pour la France et pour le monde, des malheurs grandissants.
                                                                        Communiqué du Bureau National du MDC 21/04
Déclaration de Georges SARRE
à l'Assemblée nationale le 20 avril 1999
La barbarie n'a pas de domicile fixe Au Kosovo, plus qu'ailleurs, Madeleine Albright et Slobodan Milosevic savent ce qu'ils font...
...Quand donc la France demandera-t-elle la réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU?... Question au premier Ministre de G. SARRE
13/04/99
Kosovo La raison commande que la politique reprenne ses droits. On conçoit bien que les Etats-Unis puissent vouloir à travers cette crise militaire imposer le rôle de l'OTAN comme outil de la gestion des crises en Europe. Tel n'est pas l'intérêt de la France, ni de l'Europe, ni celui de la paix dans le monde...
Communiqué du Bureau National du MDC 07/04
Manifestation du jeudi 1er avril à Paris, de République à la Nation. 
Kosovo
31/03/99
Sans exonérer Milosevic de sa grave responsabilité, nous constatons que les bombardements de l'OTAN, sans but affiché, sans fondement en droit international, aboutissent à l'exode massif de populations civiles...
Droit de réponse de régis DEBRAY :
(Le Monde, 24/03)
KOSOVO
Manifestation du 26/03
 KOSOVO
Communiqué de J.-P. CHEVENEMENT
 KOSOVO
Communiqué de G. SARRE
La conférence de Rambouillet sur le Kosovo, un demi-sucès23/02/99
 
Communiqué du16 octobre 1998
 

 


Paul Loridant, sénateur MDC de l'Essonne, maire des Ulis (91)

On ne peut forcer des peuples à vivre ensemble sous la pression des canons... L'Europe a préféré jouer le rôle de supplétif de la politique américaine du gros bâton.

L'EUROPE ET LA FRANCE ONT-ELLES OUBLIE LE KOSOVO ?

Poser la question de l'aide le la France et de l'Europe au Kosovo c'est d'abord se demander si l'option militaire privilégiée par l'OTAN - c'est-à-dire les Américains - permettait de résoudre les crises liées au démantèlement de la Yougoslavie. Comme parlementaire MDC, je n'étais pas favorable à l'intervention militaire contre la Serbie. Le MDC a sans doute mieux que d'autres retenu les leçons de l'histoire et de la géopolitique de l'Europe et en particulier des Balkans. Nous estimions que la coexistence de peuples différents dans cette région charnière terrain traditionnel de conflit entre l'Orient et l'Occident, était une affaire trop complexe pour être résolue par les armes. On ne peut forcer des peuples à vivre ensemble sous la pression des canons... L'Europe a préféré jouer le rôle de supplétif de la politique américaine du gros bâton, au mépris des intérêts des peuples de la région mais également au prix de son indépendance. Elle s'est embourbée dans cette tragédie en prenant fait et cause pour l'UCK et les Albanais du Kosovo. Difficile ensuite d'être un arbitre impartial.

Aujourd'hui la guerre est, semble-t-il, terminée. Elle est sans doute loin d'être gagnée : Milosevic est toujours au pouvoir et conforte même son emprise totalitaire sur une Serbie meurtrie sur le plan économique et politique. Certes la France a réussi à imposer un représentant , Bernard Kouchner, au poste d'administrateur civil des Nations Unies au Kosovo, mais c'est un bien maigre bilan pour la diplomatie française...

L'Europe devrait favoriser l'émergence d'une organisation stable des états slaves et la reconstruction sur une base démocratique la fédération Yougoslave de Tito.

M. KOUCHNER est un homme compétent, un spécialiste des situations d'urgence et de l'humanitaire mais ses derniers propos acides contre le Ministre de l'Intérieur laissent à penser qu'il prend conscience de l'ampleur de sa tâche. Il se sent mal à l'aise face à ce qui s'annonce être un échec, lié non à une insuffisance de moyens mais à la complexité de ce dossier. Sans doute paie-t-il aussi l'impression, à tort ou à raison, d'avoir choisi le camp des Albanais alors qu'une forte minorité serbe, installée au Kosovo depuis des siècles, est en attente, elle aussi, de respect. Peut-on régler le problème en envoyant 50 ou 60 policiers français de plus ? J'en doute...

Une fois de plus je constate, comme en Irak, les dégâts d'une politique mal pensée qui humilie des peuples et entretient les braises de conflits à venir. Le vrai abandon des peuples de la région, en particulier des Kosovars, date du moment où les dirigeants européens ont un peu lâchement accepté le processus de démantèlement de la Yougoslavie initié par l'Allemagne ! Il faudrait que l'Europe se réapproprie le dossier qu'elle se décide enfin à conduire les opérations sur le plan militaire et politique. En est-elle capable ? Elle devrait favoriser l'émergence d'une organisation stable des états slaves et la reconstruction sur une base démocratique la fédération Yougoslave de Tito. Nous aurons à gérer de longues années ce dossier.



Communiqué de G.Sarre, député mdc 11/06/99
Les dernières déclarations du président de la république sur la guerre des balkans mêlent l'acte de foi aux voeux pieux, sur fond de prêt -à-penser américain moralisateur et simpliste. L'aveuglement stratégique le dispute ici à une méthode coué tenant lieu de politique pour aboutir à une complaisante autorisation ô combien illusoire. Aveuglement, d'emblée, sur les enjeux, en passant sciemment sous silence la subversion du processus diplomatique de Rambouillet par les Etats-Unis qui ont voulu et obtenu cette intervention militaire au service exclusif de leurs objectifs stratégiques en europe. Aveuglement, encore, sur les répercussions de ce conflit qui, tout en aggravant les problèmes qu'il était supposé résoudre, a permis l'implantation durable dans les balkans d'une OTAN imposée comme outil de gestion des crises en europe. L'emprise politique des Etats-Unis sur notre continent s'en trouve renforcée d'autant, avec la complicité de nations européennes apparemment résignées à l'insignifiance politique. Méthode coué, de surcroît, sur le prétendu rôle essentiel de la france dans la résolution de ce conflit. Le président de la république prend ici ses désirs pour des réalités.

Il fait ainsi commodément l'impasse sur son ralliement à la logique américaine de l'expédition punitive et du gros bâton. Méthode coué encore, en ce qui concerne le conseil de sécurité : rappeler à juste titre qu'il est la seule autorité qui peut dire le droit du point de vue international, ne saurait suffire à légitimer a posteriori cette intervention. Cela ne saurait non plus suffire à nous rassurer sur la volonté présidentielle pour le moins douteuse de ne pas transformer cette exception funeste en précédent inacceptable. Aveuglement et méthode coué à la fois, enfin, quant aux leçons à tirer de cette crise. Après avoir engagé la France, entre 1995 et 1997 sur la pente dangereuse d'une réintégration progressive dans l'OTAN puis s'être rallié à la logique américaine d'interventionnisme tout azimut, le président de la république franchit un pas de plus dans l'illusion en en appelant à une fumeuse europe de la défense, alibi de bonne conscience de tous les renoncements. C'est en définitive un triste spectacle qui nous a été offert. Il est grand temps que la France se ressaisisse et cesse de renoncer à être elle-même sur la scène internationale.

 

 


Communiqué de G. SARRE
8/6/99
Une résolution des nations unies peut seule permettre le règlement politique de la guerre au kosovo. C'est en cela d'ailleurs que l'accord du G8, qui prévoit expressément l'intervention des nations unies et la participation de la Russie à l'organisation de la force d'intervention, peut débloquer un conflit que l'otan pendant et depuis les pourparlers de rambouillet, n'a cessé de vouloir régler en dehors des nations unies. C'est sans mandat de celle-ci que l'alliance a déclenché les frappes aériennes qui ont provoqué l'exode massif des populations qu'elles étaient censées protéger. Il n'est que temps de faire cesser l'alignement de la France - et donc les bombardements - sur les décisions d'une alliance qui sous couleur de restaurer les droits de l'homme en europe, combat la barbarie par une barbarie collatérale, exacerbe dans l'ensemble des Balkans et en Russie les querelles ethniques et les nationalismes les plus virulents et prépare à l'Europe entière un avenir assujetti à des intérêts qui ne sont pas les siens. 

 

 


 Communiqué de G. SARRE, président délégué du MDC
3/6/99
L'approbation par le parlement serbe et le président de la république Fédérale de Yougoslavie, Slobodan Milosevic, du plan de paix international pour le Kosovo, présenté à Belgrade par les émissaires européens et russes, constitue une avancée décisive dans la voie d'un arrêt de la violence et d'une solution politique négociée sur la base des acquis du G8, unanimement acceptés par toutes les parties prenantes. La perspective d'une paix rapprochée ainsi ouverte doit se traduire sur le champ par l'arrêt des bombardements de l'OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie et la saisine immédiate du Conseil de sécurité des Nations Unies. Rien ne saurait en effet justifier que l'on différât plus longtemps l'enclenchement d'une réelle dynamique de paix. Les chefs d'Etats et de gouvernement des pays de l'Union européenne membres de l'Alliance atlantique se doivent maintenant de lancer au plus tôt un signe fort en ce sens, en suspendant immédiatement leurs actions militaires, sans attendre l'adoption d'une résolution par le Conseil de sécurité comme certains le préconisent.

 


Communiqué de Paul LORIDANT, secrétaire national MDC
28/05/99

Chacun connaît la responsabilité de Milosevic dans la mise en oeuvre de l'inadmissible politique d'épuration ethnique au Kosovo. Cependant l'inculpation du président de la république fédérale Yougolave pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le procureur du tribunal pénal international de la Haye est paradoxalement une mauvaise nouvelle pour la paix. Désormais aux yeux de l'OTAN, Milosevic n'est plus un chef d'Etat avec lequel il est possible de négocier une solution politique pour le règlement de la crise dans les Balkans mais un criminel sous le coup d'un mandat d'arrêt. Dès lors les dirigeants yougoslaves n'ont le choix qu'entre une capitulation pure et simple et la poursuite de la guerre totale.

 

Il est malheureusement fort à craindre que Milosevic choisisse une fuite en avant suicidaire pour éviter sa comparution devant le tribunal pénal international et une probable condamnation. Dans les deux cas il faut redouter une accentuation de la guerre rendant de plus en plus probable une intervention terrestre.
Le MDC regrette cette inculpation et la criminalisation de l'un des belligérants et réaffirme son attachement à un accord politique négocié et raisonnable pour faire vivre ensemble albanais et serbes du Kosovo, dans le respect des règles internationales, des prérogatives de l'ONU, et de l'intégrité territoriale de la Yougoslavie.
Plus que jamais les considérations pseudo-morales ne doivent entraver la nécessité d'un traitement politique dans la difficile région des Balkans pour qu'une paix durable puisse devenir une réalité.

 


Extrait de l'interview de J.P. CHEVENEMENT au sujet de la condamnation de Milosevic par le Tribunal Pénal International
sur LCI le 27/05/99

"S'il s'avère que cette inculpation est effectivement prononcée, je la regretterai parce que je crois qu'il faut faire de la politique , faire de la politique cela veut dire rechercher un accord, un accord raisonnable, un accord de bon sens pour faire vivre ensemble Albanais et Serbes du Kosovo dans le respect des règles internationales, des prérogatives de l'ONU et, il faut le dire aussi, de l'intégrité territoriale de la Yougoslavie, même si le but est de parvenir à une autonomie substantielle du Kosovo. A partir du moment où on veut faire de la politique, on évite de criminaliser car, à partir du moment où un adversaire est considéré comme un criminel, eh bien il n'y a plus de discussions possibles, on ne crée par les conditions d'une négociation politique et par conséquent, moi je n'approuve pas cette initiative. Je pense qu'elle ne sert pas la paix, tout se passe comme si un certain ordre international que je n'approuve pas du tout, reposait aujourd'hui sur un trépied.


D'une part, il y a la télévision qui crée les émotions, ensuite un tribunal international qui définit où est le criminel, disons qui substitue à une vision politique une vision pseudo-morale, en réalité manichéenne en noir et blanc, qui fait que d'un côté il y a les bons et de l'autre les méchants. Et à partir de là, il n'y a plus  place que pour la guerre et encore pas n'importe quel type de guerre, une guerre des missiles où d'un côté il y a zéro morts, mais où de l'autre côté, il y a beaucoup de victimes, beaucoup de dégâts, beaucoup de réfugiés. Par conséquent, c'est là une conception de l'ordre international que je ne peux pas approuver, je pense que les hommes politiques ont une responsabilité, ils doivent la prendre et, aujourd'hui leur responsabilité c'est de faire en sorte qu'il y ait une résolution à l'ONU et que l'on arrête de traiter un problème politique comme si c'était un problème de morale, c'est en fait une fausse morale, une morale hypocrite.


Il y a un proverbe qui disait "Summum jus, summa injuria", "le sommet du droit est en réalité la plus grande injustice". Et il y en a un autre qui disait, je crois que c'est Pascal : "la vraie morale se moque de la morale". (...) Je fais en sorte que, à la faible mesure de mes moyens, le gouvernement français fasse pencher la balance du bon côté c'est-à-dire du côté d'une solution politique négociée dans le cadre de l'ONU, c'est la seule raisonnable, tout le reste n'est que déchaînement de la guerre, les malheurs grandissants. J'ai en l'occasion de m'exprimer une fois, c'était juste avant les frappes, en disant qu'il n'y avait pas adéquation des fins et des moyens, je n'ai pas changé d'avis car nous ne sommes, non pas au 50ème jour mais au 62ème jour des bombardements.

 

COMMUNIQUE ADOPTE A L'UNANIMITE PAR LE BUREAU NATIONAL DU MDC
LE 19 MAI 1999

La guerre des Balkans va bientôt entrer dans son 3ème mois. Elle obéit avant tout à une logique impériale même si la situation faite par Milosevic aux Kosovars était inacceptable ; en effet elle vise essentiellement à donner à l'OTAN une justification qu'elle avait perdue depuis la chute du mur de Berlin. La France prétend conserver à l'ONU son rôle de garant de la sécurité internationale et dénier à l'OTAN la capacité d'agir par elle-même. Mais en donnant son aval à ce qu'elle décrit comme une exception à la règle, elle risque fort de consacrer la nouvelle règle. Le fameux "nouveau concept stratégique de l'OTAN" n'est rien d'autre en effet que la possibilité donnée au bras armé des Etats-Unis d'intervenir quand il veut, où il veut.
 
Chaque jour qui passe multiplie les victimes innocentes et éloigne la fin d'un exode insupportable.

Il est temps de mettre un terme à cette folie, indigne des peuples civilisés, et de trouver un accord politique au sein du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Le bon sens doit reprendre ses droits. A cet égard, Régis Debray a accompli un grand acte de courage en cherchant en toute liberté à faire valoir une perception moins manichéenne que celle imposée par l'idéologie impériale. Il faut favoriser toutes les initiatives qui visent à permettre le débat.

Le principe d'une autonomie substantielle du Kosovo à l'intérieur des frontières de la RFY étant accepté par tous, et notamment par Ibrahim Rugova, il convient de fixer la répartition des forces qui garantiront ce statut, entre la Russie, l'OTAN et les pays tiers. Dès lors que la Yougoslavie a manifesté sa disponibilité pour ouvrir une discussion sur la base des principes posés par le G 8, où se retrouvent à la fois la Russie et les Occidentaux, un tel accord ne saurait être indéfiniment reporté. Pour favoriser cet accord politique et enclencher une dynamique de paix, le Mouvement des Citoyens demande la suspension immédiate des frappes.

 

APPEL DE PARLEMENTAIRES DE PAYS DE L'UNION EUROPEENNE EN FAVEUR D'UNE PAIX NEGOCIEE AU KOSOVO

L'engrenage de la guerre ne peut conduire qu'à des malheurs grandissants dans les Balkans et dans l'Europe toute entière. Il est urgent de revenir à la raison et de faire prévaloir une solution politique négociée au KOSOVO. Nous, parlementaires de pays membres de l'Union européenne, demandons qu'une suspension des bombardements permette d'engager rapidement une négociation sous l'autorité des Nations Unies et de son Conseil de sécurité, afin d'arrêter sur le champ les exactions et les déportations de populations, de garantir une autonomie substantielle au KOSOVO dans le cadre des frontières de la République fédérale de Yougoslavie, de permettre, sous le contrôle d'une force internationale déployée au Kosovo par l'ONU, le retour chez eux des Albanais Kosovars. Une conférence internationale sur les Balkans, sous l'égide de l'Union européenne, doit se tenir afin de préparer la reconstruction et de permettre la coexistence pacifique des peuples dans cette région. SIGNATAIRES : Parlementaires français

Marie-Hélène AUBERT, députée Verts - Yvette BENAYOUN-NAKACHE, députée PS - Marie-Claude BEAUDEAU, sénatrice PC - Jean-Luc Bécart, sénateur PC - Danielle BIDARD-REYNDET, sénatrice PC -  Nicole BORVO, sénatrice PC - Patrick BRAOUZEC, député PC - Robert BRET, sénateur PC - Pierre CARASSUS, député MDC - Jacques DESALLANGRE, député MDC - Julien DRAY, député PS - Michel DUFIOUR, sénateur PC - Guy FISHER, sénateur PC - Thierry FOUCAUD, sénateur PC - Yann GALLUT, député PS - George HAGE, député PC - Muguette JACQUAINT, sénatrice PC - Gérard LECAM, sénateur PC - Pierre LEFEBVRE, sénateur PC, Paul LORIDANT, sénateur MDC - Hélène LUC, sénatrice PC - Gilberte MARIN-MOSKOVITZ, députée MDC - Jean-Pierre MICHEL, député MDC - Catherine PICARD, députée PS - Ivan RENAR, sénateur PC - Georges SARRE, député MDC - Michel SUCHOD, député MDC - Odette TERRADE, sénatrice PC

9 députés européens, 38 députés allemands, 160 députés et sénateurs italiens, 14 députés espagnols, 13 députés portugais.


 

CONFERENCE DE PRESSE  DE GEORGES SARRE POUR L'ARRET DES BOMBARDEMENTS AU KOSOVO
le mardi 12 mai 1999

Mesdames, Messieurs,

L'accord trouvé lors du sommet du G8 à Washington était un premier pas. Le bombardement de l'ambassade chinoise à Belgrade a compliqué les possibilités d'évolution de la situation. C'est pourquoi il faut créer les conditions psychologiques d'un retour rapide à la négociation.

D'autant que l'annonce unilatérale, par Belgrade d'un retrait partiel des forces militaires du Kosovo est un acte fort qui ouvre la porte à une réponse positive de l'OTAN à la suspension des bombardements effectués, sauf à afficher clairement l'objectif des USA, la capitulation sans conditions.
Dans ce but, j'ai pris l'initiative d'inviter mes collègues parlementaires à signer un appel à la suspension des bombardements en Yougoslavie pour favoriser sur-le-champ des initiatives diplomatiques.
 
Cet appel regroupe aujourd'hui plus de 250 parlementaires appartenant aux assemblées des pays membres de l'Union européenne. Pourquoi des assemblées ? Parce que ce sont les Parlements qui votent les crédits militaires, qui votent la guerre et les traités de paix, ainsi que les engagements internationaux. Il leur revient donc de faire savoir ce que pense une partie significative des ceux qui tiennent leur mandat de la souveraineté populaire. Tout le monde connaît les contours d'une solution politique négociée. Elle passe par la saisine du Conseil de sécurité de l'ONU et doit aboutir à une autonomie substantielle pour le KOSOVO, au retour chez eux de tous les Albanais du KOSOVO et à la garantie de ces accords par une force placée sous l'autorité de l'ONU. D'une manière plus générale, cette solution négociée doit garantir les droits, dans l'égalité des devoirs, de toutes les composantes du peuple de la République Fédérative de Yougoslavie, au Kosovo comme en Serbie, Voïvodine comprise, et au Monténégro.
 
Chaque jour qui passe rend plus cruelle la situation et notamment le sort des populations civiles, celles- là même que l'intervention se donnait pour but de protéger et qui sont contraintes à l'exil, quand elles ne sont pas la cible de ce que l'OTAN appelle pudiquement des "dommages collatéraux ".
Chaque jour qui passe révèle de nouvelles bavures et des risques fous d'engrenage, d'embrasement de l'ensemble des Balkans au cas où serait mise en oeuvre une intervention terrestre. 
Les Etats voisins, aux économies déjà chancelantes, sont ébranlés par l'afflux des réfugiés et voient se réveiller les irrédentismes ou les conflits ethniques.
Chaque jour qui passe continue de vider le KOSOVO de sa population albanaise.
L'adage " Errare Humanum est, perseverare diabolicum " s'applique aussi aux interventions internationales : il est temps d'arrêter cette opération dont les contours de leurs conséquences ne peuvent pas être dessinés.
 
Dès le départ j'avais indiqué que "des opérations militaires sans but clairement défini, sans fondement en droit international, sans débouché préparé, ne permettront pas de sortir de la crise".
Ce constat, est fait par les parlementaires qui co- signent avec moi ce texte et notamment par mes collègues français (*).
Le but que les Etats-Unis voulaient assigner à l'OTAN comme outil de la gestion des crises a été atteint avec l'unanimité qui s'est manifestée au sommet de Washington, mais dans la guerre actuelle, c'est l'échec. 
Tous les européens doivent donc méditer sur les périls graves qui naissent quand la clé de leur destin est remise aux Etats-Unis et à l'OTAN qui n'est plus que leur bras armé à l'échelle mondiale.
N'oublions pas que l'une des raisons pour lesquelles le Général de Gaulle avait retiré la France de l'organisation intégrée était précisément de ne pas être entraîné dans une guerre qui ne fût pas la nôtre.
 
 
Enfin, la communauté internationale ne doit pas être réduite à l'OTAN ou à l'Occident. La Russie, mise à l'écart de la gestion de la crise yougoslave, est beaucoup plus dangereuse quand elle est blessée: le retour du pan-slavisme et du nationalisme outrancier sont programmés si elle n'est pas associée aux négociations. Il n'y a que des périls à provoquer la Chine. Il faut arrêter les bombardements. Il faut trouver une solution politique à un conflit qui non seulement aboutit à la plus grande catastrophe humanitaire survenue en Europe depuis 1945 mais dresse l'une contre l'autre les deux moitiés de l'Europe et les peuples entre eux.  L'accord intervenu au G8 est un petit pas dans la bonne direction car il associe enfin la Russie au processus diplomatique. Mais il reste beaucoup à faire.
Tel est l'objectif de cet appel que chacun des signataires a rejoint en conservant, sur les questions relatives au devenir de la Yougoslavie, sa propre sensibilité.

Je vous remercie.



Les balkans, l'OTAN... 
Communiqué de G. SARRE  16 octobre 1998
Les accords conclus le 15 octobre 1998 entre le Groupe de contact et le président yougoslave Milosevic sur les vérifications aériennes et terrestres de la situation au Kosovo enrayent, heureusement, pour un temps, l'engrenage à très haut risque, aux ondes de choc imprévisibles, dans lequel l'OTAN, prêt à ouvrir la boîte de Pandore des Balkans sans accord du Conseil de sécurité et sans même disposer d'une stratégie de gestion de l'après -recours à la force, s'apprêtait à engager la communauté internationale. Il importe de tirer au plus tôt les conséquences de cette attitude funeste d'une Alliance atlantique plus prompte, depuis la fin de la guerre froide, à étendre toujours plus son rayon d'action à l'occasion de chaque nouvelle crise internationale qu'à engager une véritable réflexion sur sa raison d'être et son efficacité. 
 
A cet égard, le vote attendu la semaine prochaine d'une nouvelle résolution reprenant les dispositions des accords conclu avec Belgrade, est un pas dans la bonne direction. Il rappelle opportunément à l'OTAN que - comme le soulignait avec force Monsieur Hubert Védrine à la Conférence de Rome, en juillet dernier - le Conseil de sécurité "reste l'organe principal chargé de gérer les situations de menace ou d'atteinte à la paix et à la sécurité internationales."  Au-delà, toutes les parties doivent prendre leurs responsabilités afin d'assurer le respect des dispositions de la résolution 1199 du Conseil de sécurité. Un pragmatisme constructif doit prévaloir sur les surenchères, manoeuvres dilatoires et dérives sécuritaires sans issue des uns et des autres, et l'OSCE se doit de saisir cette occasion capitale de devenir enfin sur la scène européenne le premier instrument de prévention et de gestion des crises en Europe qu'elle a vocation à être. Pour l'ensemble des acteurs concernés, les accords du 15 octobre constituent ainsi un test de vérité.


Communiqué adopté à l'unanimité par le Bureau National du MDC 
le 21 Avril 1999
La situation des Albanais au Kosovo, en butte à une véritable politique de ségrégation de la part du gouvernement de Belgrade, n'était pas acceptable.

S'il était juste que la communauté internationale se
mobilise pour établir en leur faveur une "autonomie substantielle", les moyens employés témoignent en revanche d'une appréciation erronée de la situation dans les Balkans et d'un usage disproportionné de la force.

La guerre produit des effets tout à fait contraires aux objectifs proclamés; les frappes aériennes sur la république fédérale de Yougoslavie ont fourni à Milosévic l'occasion de précipiter l'exode des Albanais du Kosovo, catastrophe humanitaire sans précédent depuis 1945. 

D'un point de vue géopolitique, il est clair que les Etats-Unis, dans
les Balkans comme en Irak, veulent écarter l'ONU, sauf pour lui faire jouer, le cas échéant, un simple rôle de légitimation de leur diplomatie.
En Europe, ils prétendent imposer l'OTAN comme gendarme et outil de gestion des crises. Cette politique est conforme à l'objectif affirmé en 1992 par le Pentagone dans le "rapportWolfowitz": empêcher en Europe comme en Asie le surgissement d'une puissance capable de rivaliser avec la leur. Cette guerre de l'OTAN éclaire la signification que les Etats-Unis veulent donner au sommet de Washington. 
Ils refusent que dans le cadre du nouvel ordre mondial puisse se construire une Europe européenne, ayant sa propre identité de défense et son autonomie stratégique. C'est aussi, au delà des buts humanitaires proclamés, une guerre contre l'Europe.

Pour faire prévaloir leur conception unipolaire
du monde, les Etats-Unis risquent de nous entrainer toujours plus loin dans l'engrenage de la guerre.
Or il n'est pas vrai que le dilemme soit désormais entre une guerre aérienne longue et forcément dévastatrice et une guerre terrestre dont l'objectif ne pourrait être limité au seul Kosovo et qui serait
déstabilisatrice pour la région tout entière.

Il y a place pour une solution diplomatique négociée dont chaque jour qui passe nous éloigne, là est le rôle de la France.
Une telle solution implique d'abord la saisine du Conseil de sécurité et la réunion d'une Conférence Internationale sous l'égide de l'ONU. Elle devra ensuite permettre de concilier l'autonomie substantielle du Kosovo à l'intérieur de la République fédérale Yougoslave et une certaine cantonalisation garantie par la présence d'une force de l'ONU comprenant la Russie.

C'est le seul moyen de faire coexister les communautés et de permettre le retour rapide des Albanais du Kosovo qui ont dû fuir leur pays.

Cette solution peut seule enrayer une catastrophe humanitaire encore plus grande et permettre de circonscrire puis de réduire la violence dans les Balkans.

Pour l'avenir de l'Europe et de la paix, nous devons éviter le retour à une ère de confrontations entre l'Ouest et l'Est, particulièrement la Russie, mais aussi avec l'ensemble du monde orthodoxe, avec les conséquences en chaine que cela peut comporter dans les Balkans, en Méditerranée et dans le monde entier.

 Non il n'est pas vrai que l'intervention terrestre et l'escalade dans la guerre soient devenues inévitables! Fidèles à la leçon de Jaurès, nous savons que la guerre doit être évitée quand des objectifs justes peuvent être atteints par d'autres moyens. 

Il est temps que la voix de la raison et de la mesure reprenne le dessus. Seule une solution diplomatique peut permettre de rompre les engrenages qui ne seraient fatals qu'à la mesure de la résignation des responsables, et d'éviter ainsi, pour la France et pour le monde, des malheurs grandissants.


 

Déclaration de Georges SARRE à l'Assemblée nationale, L'engrenage.
le 20 avril 1999
Il n'est pas vrai que l'intervention terrestre et l'aggravation de la guerre soient devenues inévitables comme le prétendent certains qui se travestissent rapidement en kaki. Il est temps que la raison et la mesure prennent le dessus.

Il y a une solution diplomatique et politique. L'on en connait les termes :
- une autonomie substantielle du Kosovo
- une cantonalisation pour permettre le retour des réfugiés Albanais et la coexistence des Albanais et des Serbes
 

- une force internationale de l'ONU avec des Casques Bleus russes en évitant de puiser dans les pays de l'OTAN.

Il ne suffit pas de psalmodier, de réciter la messe. Nous voulons aboutir à une solution diplomatique et politique. Vouloir et agir vont de pair.
Il faut avoir la foi. Il faut prendre des initiatives rapidement. Plus les frappes durent, plus le Kosovo risque de se vider de ses Albanais.
Il faut passer rapidement au stade diplomatique et, je n'hésite pas à le dire, il faut négocier.

L'autre alternative, l'intervention terrestre, ce serait une crise profonde en Grèce, la déstabilisation du Monténégro, le réveil des minorités magyares en Roumanie et en Voivodine, sans compter les risques d'éclatement politique à Rome et à Paris.
 

Ce serait un engrenage plein de périls au cœur de l'Europe et des conséquences en chaines en Russie. Il serait vraiment sage de penser avant d'agir.
 

Je me situe dans l'héritage de Jaurès. Quand on peut atteindre ses objectifs sans recourir à la guerre, c'est toujours préférable.

Car la guerre est toujours fraiche et joyeuse au début. Daniel Cohn-Bendit peut mettre une fleur au fusil des autres, il ne sera pas le premier. Mais l'Europe a déjà fait l'amère et terrible expérience des conséquences concrètes de la guerre. Il est vraiment temps de garder la tête froide et le sens de la mesure.

 

La barbarie n'a pas de domicile fixe
Au Kosovo, plus qu'ailleurs, Madeleine Albright et Slobodan Milosevic savent ce qu'ils font (et qu'ils ne pourraient pas faire l'une sans l'autre) ; Jacques Chirac et Lionel Jospin préfèrent ne pas le savoir. Les premiers se sont fixés des objectifs, qu'ils taisent ; les seconds se laissent guider par des adjectifs, qu'ils clament ; les uns se sont formés une idée de la suite, les autres ferment les yeux sur le passé et se contentent de suivre. L'Amérique entend se servir du conflit du Kosovo pour séparer durablement par un fleuve de ressentiments, et de sang s'il le faut, les Russes des autres Européens ; pour se dédouaner, aux yeux des pays musulmans -de la Turquie aux monarchies pétrolières du Golfe- de ses liens indéfectibles avec l'Etat d'Israël ; pour imposer enfin aux Européens la pérennité de cet instrument d'hégémonie politique et militaire qu'est l'OTAN et aux Français en particulier la réintégration de fait de leur pays dans son dispositif militaire. 

Milosevic, qui a échoué jusqu'à présent dans toutes les guerres qu'il a entreprises sait que celle du Kosovo peut lui permettre de conserver ce qui reste pour lui l'essentiel : son pouvoir, et peut être même la partie "la plus utile" du Kosovo lui-même (1) L'issue de la guerre ne se décidera pas du ciel, l'engagement terrestre des forces américaines de l'OTAN est plus qu'improbable, celui de ses forces européennes problématique ; les bombardements ressoudent son peuple autour de lui plus qu'il n'avait jamais pu l'espérer, ils lui donnent en même temps l'occasion de mettre en oeuvre une déportation massive des Albanais du Kosovo qui peut ouvrir la voie, de bombes lasse, à la partition du pays. 
 
Les raisons de Madeleine Albright ne sont pas celles de la France. Elles leurs sont même toutes contraires. Ce n'est pourtant pas la première fois que dans les crises et les guerres de l'ex-Yougoslavie, les gouvernements de la France emboîtent le pas à leurs partenaires contre leur meilleur sentiment. François Mitterrand avait cédé -et ne cessait après coup de le regretter ouvertement- aux pressions de l'Allemagne pour faire reconnaître par l'Union Européenne les Etats successeurs de l'ancienne Yougoslavie dans leurs frontières antérieures (Slovénie, Croatie et Bosnie), sans avoir obtenu d'eux le moindre accord sur le respect de ces frontières et celui des droits de leurs minorités. De Juppé en Jospin, nos Premiers ministres successifs ont acquiescé à l'engagement de l'OTAN en Bosnie comme force d'interposition, puis au Kosovo comme force de frappe. Ainsi la France, qui conteste à juste titre par ailleurs la légitimité des frappes aériennes de l'Amérique sur l'Irak décidées sans l'aval des Nations Unies accepte désormais de s'y associer au Kosovo par OTAN interposé.
 
On sait les trois raisons que l'on nous en donne: forcer Milosevic à récipiscence, affaiblir suffisamment ses forces militaires et policières pour desserrer l'étau de la répression et diminuer les exactions dont les Kosovars sont victimes ; manifester enfin l'unité de l'Europe dans cette fraternité d'armes et ouvrir la voie d'une future organisation de la défense européenne. La capitulation de Milosevic est hors d'atteinte; justifier le bombardement de la Serbie par le souci d'arrêter ou de diminuer l'atrocité du traitement subi par la population albanaise du Kosovo est trop absurde pour ne pas en être indécent puisque ce bombardement ne fait que précipiter, en particulier grâce au départ des observateurs de l'Organisation de Sécurité et de la Coopération Européenne (OSCE)   des Nations Unies, l'opération dîte d'épuration ethnique actuellement mise en oeuvre. Qu'elle ait été préméditée, depuis quelques temps au moins, est probable, mais lui laisser dans les faits le champ libre, n'est-ce pas une manière de lui prêter la main?
 Que penser enfin de cette manière de faire l'Europe dans la démonstration d'une imbrication aussi complète des forces d'intervention de l'Union Européenne dans le dispositif et sous le commandement de l'Amérique que l'OTAN constitue plus que jamais ? Les sondages n'ont cessé d'associer en France la popularité du président de la République à celle du Premier ministre. Faute d'en trouver d'autres, ce fait constitue-t-il une raison suffisante pour que celui-ci persiste, dans cette crise, ou justement parce c'en est une, à ne pas se  dissocier de celui-là?
 
 Les responsabilités de Milosevic sont aussi indiscutables que l'horreur que peut inspirer les moyens qu'il emploie. Mais l'usage de cette industrie de la compassion qui prétend justifier par le refus de la barbarie un redoublement des catastrophes humaines (on les appelle dans ce cas, par une sorte de clin d'oeil juridique qui n'est pas toujours de bon aloi, humanitaires) est difficile à supporter, quelle que soit la sincérité de beaucoup de ses dupes. Les lecteurs du Monde ont eu souvent l'occasion de s'en rendre compte et sans doute avec eux beaucoup de nos compatriotes. Comme le remarquait il y a peu de temps très justement dans ce journal Jean-Christophe Rufin (2) : "L'évidence est là : la gâchette de l'OTAN, aujourd'hui, est humanitaire. Il faut du sang, un massacre, quelque chose qui provoque le haut le coeur des opinions publiques et leur fasse accepter une riposte violente". 
 
Reconnaître que pas plus que l'embargo qu'on lui impose depuis des années, le bombardement de la Serbie ne l'obligera à se débarrasser de Milosevic n'aurait évidemment pas dû conduire à renoncer à l'usage de la force : sous la condition que celle-ci reste assujetie au droit c'est-à-dire aux Nations Unies, c'est-à-dire au Conseil de Sécurité de celle-ci dont la Russie est un membre permanent ; à condition que l'usage de cette force ne soit pas laissé à la discrétion d'une puissance qui a oublié depuis la fin de la guerre froide qu'en politique comme aux échecs la menace est plus forte que l'exécution.

Didier Motchane vice-président du Mouvement des Citoyens


 
(1) voir Jacques Rupnik "Milosevic sait au fond de lui-même que le Kosovo est perdu" et Jonathan Eyal "Rambouillet est mort une partie du Kosovo sera indépendante". Le Monde des 29 et 30 mars 1999. 
 
 

(2) l'OTAN, les humanitaires et la mort.

 

Question au premier Ministre de G. SARRE
13/04/99
Je ne suis pas convaincu par tout ce qui s'est dit sur le caractère approprié du traitement de la question du kosovo. Une des causes du drame a été l'acceptation désastreuse en 1991 de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie qui a ouvert une crise sans fin où les rivalités entre Serbes, Croates, Slovènes, Bosniaques, Kosovars se sont transformées en conflits meurtriers. Comme les Serbes se trouvaient répartis sur le territoire de quatre républiques Yougoslaves, deux solutions s'offraient alors : - la première : redéfinir le contenu de la Yougoslavie en maintenant au moins une confédération, - la deuxième : régler diplomatiquement la question des frontières des Etats successeurs à travers une conférence internationale, ce qui n'a pas été fait.  

 
 L'union Européenne a reconnu unilatéralement les frontières de la Croatie puis de la Bosnie, ceci naturellement n'excuse en rien les comportements des nationalistes serbes.
Après cette brève rétrospective, je voudrais regretter, Monsieur le premier Ministre, que la représentation nationale n'ait pas été informée complètement et dans le détail du résultat des négociations de Rambouillet.
Il serait intéressant que nous sachions tous où les choses en sont restées et éventuellement, à partir de documents, connaître les initiatives prises par tel ou tel membre de l'alliance.

On peut également s'interroger sur l'adéquation de la fin et des moyens. Vingt jours après le déclenchement des frappes, l'incertitude persiste quant aux prespectives de résolution du conflit et le flot de réfugiés ne cesse de grossir démesurément avec son cortège de malheurs, de souffrances, de morts. A-t-on pesé par ailleurs le risque de rejeter la Russie dans le nationalisme ?

 
 Mais tournons-nous résolument vers l'avenir. Il est clair qu'il faut parvenir à une solution politique et, je n'hésite pas à le dire, négociée. Il faut savoir aussi ce que parler veut dire. Ceux qui assimilent Milosevic à Hitler contribuent à banaliser le nazisme et la Shoa. Ils ont surtout pour but de disqualifier toute solution politique. Ils exigent de la Serbie une capitulation sans condition, comme s'il s'agissait de l'Allemagne nazie. Gardons le sens des proportions et des réalités. On a le droit d'exiger des responsables politiques, un peu de culture historique et géographique. La question du kosovo est une question très complexe. Dans cette région coexistent certes des Albanais très majoritaires mais aussi des Serbes, des Tsiganes, des Macédoniens.

Notre but doit être de leur permettre de coexister pacifiquement à l'intérieur de la RFY.

 
Est-ce encore possible après les bombardements aériens et les exactions qui les ont précédés et qui les ont suivis ? Toute guerre crée un processus incontrôlable. Madame Madeleine Albright considère que les accords de Rambouillet sont caducs. Est-ce aussi la position du Gouvernement français ?

Monsieur le premier Ministre, il faut aller à l'ONU parce que l'ONU est le seul cadre légal et que c'est là que l'on peut faire intervenir la Russie qui devra garantir l'indispensable accord politique.

Quand donc la France demandera-t-elle la réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU ?

Garantir une autonomie substantielle du kosovo au sein de la RFY n'est pas un problème simple.

Il est donc important que notre pays garde toute sa liberté d'expression et d'initiative et ne se laisse pas ligoter aujourd'hui par le Conseil Atlantique, demain par le G8 et n'arrive pas devant le Conseil de Sécurité pieds et poings liés.


 

Communiqué adopté à l'unanimité par le Bureau National du MDC le 7 Avril 1999
La coexistence de peuples différents dans les Balkans est une affaire trop complexe pour être résolue par la seule force des armes. Le spectacle de la capitale d'un petit pays européen sous les bombes et les missiles, comme la fuite de centaines de milliers de réfugiés hors du kosovo donnent le haut le coeur, mais ils nous interpellent aussi sur les moyens de faire cesser ces drames révoltants. L'objectif en effet reste de parvenir à faire vivre ensemble les Serbes et les Albanais au kosovo et plus généralement de restaurer un cadre de vie commun à tous les Slaves du sud (Yougoslaves). 

Il est possible à tout moment d'interrompre l'engrenage de la guerre, de la purification ethnique et de l'exode qu'elles provoquent. Ce moyen est politique.

Il implique à travers une réunion urgente du G8 ou du Groupe de Contact, où la Russie est présente, la saisine rapide du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Celui-ci pourrait proposer l'envoi au kosovo de casques bleus incluant les troupes russes et bien entendu la cessation des frappes aériennes et des exactions au sol. Seule une telle issue politique peut permettre d'enrayer la catastrophe humanitaire en marche et de permettre le retour chez eux des Albanais qui ont quitté le kosovo.
 
En effet, une guerre terrestre ne manquerait pas de précipiter le départ du million au moins d'Albanais qui demeurent encore aujourd'hui au kosovo. Elle entraînerait la déstabilisation de toute la région (Albanie, Macédoine, Bulgarie, Grèce, Turquie, Chypre). Elle conduirait de surcroît à un durcissement de la Russie et à une nouvelle guerre froide en Europe. Enfin, il ne suffirait plus d'engager des troupes en Yougoslavie, il faudrait empêcher un enlisement durable. Nous refusons la perspective de cette fuite en avant. La raison commande que la politique reprenne ses droits. On conçoit bien que les Etats-Unis puissent vouloir à travers cette crise militaire imposer le rôle de l'OTAN comme outil de la gestion des crises en Europe. Tel n'est pas l'intérêt de la France, ni de l'Europe, ni celui de la paix dans le monde. Il est temps que le Président de la République rompe avec un discours jusqu'au-boutiste et se souvienne, en ouvrant effectivement la voie d'un accord politique, qu'il est le garant de l'intérêt national et de l'indépendance du pays. Là est le rôle de la France dans la création d'un monde multipolaire et pacifique et d'une Europe européenne incluant la Russie.

 

COMMUNIQUE DU SECRETARIAT EXECUTIF DU MDC  31/3/99
Sans exonérer Milosevic de sa grave responsabilité, nous constatons que les bombardements de l'OTAN, sans but affiché, sans fondement en droit international, aboutissent à l'exode massif de populations civiles qui fuient les exactions , à un désastre humanitaire dramatique. Ce n'est pas par les bombes qu'on pourra obtenir la coexistence des Serbes et des Albanais au Kossovo, c'est par la négociation et par une solution politique. Le Mouvement des Citoyens en appelle à la tenue immédiate d'une conférence internationale associant toutes les parties concernées y compris la Russie. Il dénonce avec force les pressions exercées en faveur d'une intervention terrestre : l'enlisement dans le bourbier balkanique serait profondément contraire aux intérets de la France et accentuerait les haines et les divisions ethniques.
La paix en Europe est d'abord l'affaire des pays d'Europe. N'acceptons pas la tutelle militaire des Etats-Unis ni leur stratégie d'enlisement des Européens. Refusons la politique à courte vue du "gros bâton" pour revenir d'urgence à un traitement politique de la crise. Pour faire cesser les bombardements, pour faire cesser les exactions et la terreur, pour soutenir tous les efforts engagés en vue d'une solution diplomatique à la crise au Kossovo, le Mouvement des Citoyens appelle sous ses propres couleurs et participera avec son expression propre à la manifestation du jeudi 1er avril à paris, de République à la Nation.

 

Droit de réponse de régis DEBRAY :
Simple citoyen, je ne suis pas partie prenante au jeu des positionnements publics et partisans. Un témoignage oral de sympathie au renouvellement communiste, fait dans une réunion amicale, ne saurait donc avoir la signification que suggère votre titre (Le Monde, 24 Mars). Monsieur CHEVENEMENT et Monsieur NAIR sont et resteront pour moi des amis au même titre que le Mouvement des Citoyens dont j'apprécie toujours la rigueur et le mordant.

Régis DEBRAY  24 Mars 1999 


 

KOSOVO
COMMUNIQUE du MDC  26 Mars 1999
Le MDC a appelé à manifester ce soir à Paris pour l'arrêt immédiat des bombardements en Yougoslavie. Sofiane Belguerras, secrétaire national, représentait le MDC. 
 
Nous rappelons qu'il est urgent de revenir à une table des négociations dans une conférence internationale associant toutes les parties, y compris la Russie, pour obtenir la fin des hostilités et des exactions.

 

KOSOVO :
Jean-Pierre CHEVENEMENT, Ministre de l'Intérieur a déclaré dans un communiqué à l'AFP, mercredi 24 Mars :
"sa préférence pour une solution politique au Kosovo. J'exprime ma conviction que la coexistence entre Serbes et Kosovars ne peut être qu'un résultat politique. 
Rien n'est pire que la perspective d'un déchirement ethnique. On ne peut que regretter l'éclatement de la Yougoslavie en 1991. Ce jour là, on a ouvert la boîte de Pandore." 

 

Communiqué de G. SARRE, président délégué du MDC, Président du groupe d'amitié France-Albanie
25 Mars
 Le recours à des bombardements aériens ne peut répondre à la question de fond posée, à savoir la coexistence pacifique de peuples différents dans cette région des Balkans. L'acceptation désastreuse, en 1991, de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie a ouvert une crise sans fin où les rivalités entre Serbes, Croates, Slovènes, Bosniaques et Kosovars se sont transformées en conflits meurtriers. La disparition de la Confédération yougoslave, entité nationale constituée sur des bases politiques, a laissé place au nationalisme ethnique et à la guerre. 

Pour faire vivre ensemble les communautés serbe et albanaise au Kosovo, il n'est pas d'autre solution que politique. Des opérations militaires, sans but clairement défini, sans fondement en droit international, sans débouché préparé, ne permettront pas de sortir de la crise. Il est urgent de revenir à la table des négociations dans une conférence internationale associant toutes les parties, y compris la Russie, pour obtenir la fin des hostilités et des exactions, le respect des minorités nationales, sans remise en cause des frontières internationales existantes. C'est la seule manière de surmonter l'intransigeance du président serbe et d'éventer les calculs et les arrières-pensées des Etats-Unis, qui peuvent conduire à un enlisement préjudiciable à la paix et à l'intérêt de la France aussi bien que de l'Europe.

 

La conférence de Rambouillet sur le Kosovo, un demi-sucès
23/02/99 Communiqué de presse de G. SARRE, président délégué, président du groupe d'amitié France-Albanie
A l'issue d'un peu plus de quinze jours de négociations intensives, la conférence de Rambouillet sur le Kosovo apparaît comme un demi-sucès. Aucun document final n'a été signé par les deux parties mais de petits pas vers la paix ont été accomplis. C'est du temps de gagné et le recours à la force apparaît pour le moment exclu. La France et la Grande-Bretagne ont donc eu raison de prendre des initiatives pour empêcher que la crise ne dégénère, tant la question du Kosovo apparaît comme un noeud gordien de la stabilité des Balkans. Toutefois, l'évolution de ces dernières heures est particulièrement préoccupante car elle témoigne du renforcement considérable du pouvoir de l'aile dure de l'UCK au détriment des modérés. Une minorité d'extrêmistes - puisqu'une majorité des membres de la délégation albanaise était semble-t-il, favorable à la signature d'un accord - apparaît désormais en mesure de bloquer le processus de négociation et semble rechercher de plus en plus ouvertement une solution militaire. La population civile du Kosovo, à commencer par la population albanaise, risquerait de payer le prix fort d'une telle politique. Cette attitude d'une partie de l'UCK pourrait ouvrir la porte à l'aventure. D'aujourd'hui au 15 mars, les incertitudes sont grandes. Aussi toutes les mesures pratiques doivent être prises pour protéger la mission de l'ASCE.