|
|
|
 |
L'avenir de
notre secteur bancaire touche à l'intérêt
général. L'Etat ne peut pas s'en désintéresser

|
|
IV Dans
l'immédiat, notre tâche est de donner à la gauche
un nouveau souffle républicain.
Notre rôle,
notre responsabilité c'est d'incarner un logiciel républicain
en tous domaines et pas seulement, naturellement, en ce qui concerne
les domaines du ministère de l'intérieur.
1) C'est vrai pour la
maîtrise de l'évolution de nos structures productives.
L'avenir de
notre secteur bancaire touche à l'intérêt général.
L'Etat ne peut pas s'en désintéresser. Qui commande
la banque commande l'économie. Il est évident que la
constitution d'un très grand groupe bancaire français
BNP SG Paribas était ce qui pouvait le mieux permettre la préservation
à terme de nos intérêts nationaux. Mais ce débat
n'a pas eu lieu. Le patriotisme économique manque complètement
à nos élites dirigeantes. Jamais plus qu'aujourd'hui
la politique de la France ne s'est faite à la Corbeille !
|
|
 |
je
demanderai au gouvernement de réfléchir aux moyens
qu'il a d'empêcher le rachat par des groupes étrangers
non seulement de la Société Générale,
du CCF, mais aussi de Bull
|
|
L'Etat ne peut pas se désintéresser
de l'avenir de notre système bancaire. Je suggère le dépôt
par le MDC d'une proposition de loi sur cette question. Et je demanderai
au gouvernement de réfléchir aux moyens qu'il a d'empêcher
le rachat par des groupes étrangers non seulement de la Société
Générale, du CCF, mais aussi de Bull. Après les
AGF, Rhône Poulenc, Péchiney, Alsthom, avalés respectivement
par Allianz, Hoëchst, Alcan, General Electric et ABB, la liste
est déjà trop longue ! Je suggère la création
d'un observatoire de l'évolution de nos structures productives,
si possible public, et à défaut privé.
|
|
 |
La
reconstruction des banlieues, la mixité sociale, c'est
la reconquête de la citoyenneté dans les villes.
|
|
2) Les marges de manoeuvre
permises par le retour de la croissance et l'amélioration des
rentrées fiscales sont un autre enjeu moins structurel mais également
actuel.
a) La situation de beaucoup
de banlieues est préoccupante. Nous ne savons plus, depuis
des décennies, construire des villes autrement que ségrégatives.
Le financement du logement social en est pour partie responsable, parce
qu'il rend très difficile la construction de villes, de quartiers,
d'immeubles où la mixité sociale est favorisée.
On sait construire des PLA, des "PLA Très Sociaux", des logements
intermédiaires, des logements de standing. Mais on ne sait plus
construire ou plutôt financer des quartiers mixtes et équilibrés.
La ségrégation entretient le ghetto, nourrit la désespérance,
alimente la délinquance. La peur d'engendrer ces phénomènes
dissuade les élus de construire des logements sociaux.
C'est un enjeu majeur pour
notre époque. Si un effort particulier est nécessaire,
c'est d'abord en ce domaine. La reconstruction des banlieues, la mixité
sociale, c'est la reconquête de la citoyenneté dans les
villes.
|
|
 |
N'oublions
pas cependant l'effort en faveur des bas salaires
|
|
b) Le Mouvement des Citoyens
est naturellement favorable à ce qu'un effort soit engagé
pour un relèvement des minima sociaux. C'est une affaire
de justice : elle ne peut être conduite à bien que si les
rapports entre le SMIC et les minima sociaux sont réalistes.
C'est donc une entreprise plus complexe qu'il n'y paraît. N'oublions
pas cependant l'effort en faveur des bas salaires. C'est le travail
qu'il faut aussi et même d'abord encourager. La contribution la
plus efficace à la justice sociale du gouvernement de Lionel
Jospin aura été la création de plus de 600.000
postes de travail et le recul de plus de 5 % du chômage que cela
a permis.
c) Dans cet esprit, l'abaissement
voire la suppression des charges sociales sur les bas salaires incitera
à l'embauche de personnes peu qualifiées actuellement
frappées par le chômage. C'est cela la dimension sociale
de la citoyenneté.
|
|
 |
un
investissement adapté aux réalités, conforme
aux besoins des citoyens, et contrôlé démocratiquement
|
|
d)
Faisons confiance aussi aux collectivités locales, premiers investisseurs
de France. Le niveau de leurs recettes, qu'elles soient issues de
la fiscalité locale directe ou des reversements de l'Etat, détermine
le montant de l'investissement public civil (75 % du total), un investissement
adapté aux réalités, conforme aux besoins des citoyens,
et contrôlé démocratiquement. L'utilité sociale
est ici sérieusement garantie. Permettons la prise en compte rapide
des effets du recensement, veillons à accroître la péréquation
par la DSU et la DSR. Sachons enfin utiliser les fruits de la croissance
pour traiter pendant qu'il en est temps le problème du déficit
menaçant de la CNRACL. |
|
 |
Un
programme pluriannuel de modernisation de la police contribuerait
au principe d'égalité des citoyens devant la sûreté.
|
|
e)
Permettez aussi au ministre de l'intérieur d'attirer votre attention
sur l'effort consenti par le pays pour sa sûreté. Chacun
convient que la question de l'insécurité a changé
de nature en trente ans, tant elle a pris des proportions alarmantes dans
les villes. C'est une déferlante. Est ce que le dispositif de sûreté
a pour autant changé d'échelle ? Je suis assailli de demandes
des élus de tous bords pour obtenir des effectifs, des postes de
police, des moyens. J'ai engagé au plan qualitatif un effort, jamais
entrepris à ce jour, pour passer d'une police d'ordre à
une police de proximité, fidéliser les unités mobiles,
moderniser, développer ce qu'on appelle l'îlotage. Mais je
suis sûr que le pays est prêt à un effort pour que
le dispositif de sécurité au service des citoyens, et d'abord
des plus modestes, change d'échelle et soit mis au niveau de la
délinquance actuelle. Un programme pluriannuel de modernisation
de la police contribuerait au principe d'égalité des citoyens
devant la sûreté.
|
|
 |
Car
le but ultime : éduquer l'esprit critique, former le
citoyen, ne peut pas être perdu de vue.
|
|
f) S'il est un domaine
privilégié où notre logiciel républicain
sera utile, c'est bien celui de l'Ecole. Le calendrier politique
du printemps nous a fait retarder la tenue de notre colloque sur l'Ecole
de la République, mais l'investissement intellectuel a été
fait. Nous sommes prêts à tenir nos travaux très
bientôt. J'ai le sentiment que les propositions que nous ferons
à cette occasion seront entendues. Elles seront utiles pour éclairer
le chemin. Car le but ultime : éduquer l'esprit critique, former
le citoyen, ne peut pas être perdu de vue. C'est lui seul qui
doit inspirer les réformes.
g) La recherche est en
France un atout maître. L'innovation est un moteur de la nouvelle
guerre économique mondiale et il nous faut une nouvelle ambition
pour renouveler notre politique de recherche et de valorisation de la
recherche. Un grand projet national est seul capable de dynamiser le
secteur public et le secteur privé.
|
|
 |
Des
millions de jeunes s'estiment marginalisés. Bien que
l'immense majorité aspire à trouver leur place
dans la société, ils sont injustement amalgamés
avec une poignée d'entre eux qui ont fui vers la délinquance
|
|
h) Enfin une politique globale,
engageant tous les secteurs et tout le gouvernement , doit être
menée en faveur de l'accès à la citoyenneté.
C'est l'enjeu d'une génération.
Des millions de jeunes s'estiment marginalisés. Bien que l'immense
majorité aspire à trouver leur place dans la société,
ils sont injustement amalgamés avec une poignée d'entre
eux qui ont fui vers la délinquance. Il faut les aider à
trouver un travail. S'il y a des parrainages républicains utiles,
ce sont bien ceux là ! Au ministère de l'intérieur,
j'ai créé les CODAC, j'ai donné des orientations
claires pour faciliter l'intégration de cette génération
et notamment des jeunes issus de l'immigration dans les emplois de la
police nationale ou encore pour les aider à combattre les discriminations.
Mais pour que cette politique soit menée partout il faut une
forte volonté politique. Le Mouvement des Citoyens doit en être
l'âme, sur le terrain. La campagne que nous avons décidée
lors de notre Congrès doit être lancée maintenant;
adressez-vous aux autres partis de la gauche, aux syndicats, au monde
associatif ; initiez des actions communes. L'accès de tous à
la citoyenneté, dans le travail, le logement, les loisirs, la
vie civique, c'est le socle d'une citoyenneté retrouvée,
d'une souveraineté populaire vivante.
|
|
 |
l'idée
républicaine (...) est capable de répondre à
des défis d'avenir : faire vivre ensemble des gens de
plus en plus différents, en respectant la liberté
et le sentiment d'appartenance, faire prévaloir l'intérêt
général sur celui de l'argent et des marchés,
et par dessus tout s'en remettre au seul citoyen du choix de
son destin.
|
|
Citoyennes et Citoyens, l'affaissement
des idéologies d'hier laisse le paradigme républicain
seul en scène face à la mondialisation financière.
Là sont nos références, nos repères, la
grille de lecture du présent et la clé de l'avenir.
Et l'idée républicaine
se retrouve infiniment plus féconde que les idéologies
qui ont cru pouvoir lui succéder. Elle est capable de répondre
à des défis d'avenir : faire vivre ensemble des gens de
plus en plus différents, en respectant la liberté et le
sentiment d'appartenance, faire prévaloir l'intérêt
général sur celui de l'argent et des marchés, et
par dessus tout s'en remettre au seul citoyen du choix de son destin.
Le Mouvement des Citoyens
doit s'identifier à un puissant courant de la gauche républicaine
qui vient des tréfonds de notre histoire.
|
|
 |
Beaucoup
d'enjeux sont encore biaisés : l'Empire avance sous couvert
des droits de l'homme, l'abandon du politique est présenté
comme une avancée des libertés
|
|
V Notre
stratégie : faire fond sur les républicains qui s'assument
ou qui s'ignorent encore.
Les Républicains ne
sont pas seuls. Ils ont un avantage stratégique : la disparition
lente des idéologies défaites. Le moment arrive où
le choix entre le ralliement à la mondialisation financière
ou l'alternative républicaine sera limpide. Beaucoup d'enjeux
sont encore biaisés : l'Empire avance sous couvert des droits
de l'homme, l'abandon du politique est présenté comme
une avancée des libertés. Mais ce brouillard se dissipera.
Déjà, dans l'opinion, les thèses républicaines
ont pris l'avantage. La gauche, toute la gauche, en a pris conscience.
C'est vrai au sein du parti
socialiste, qui compte, à tous les niveaux, de robustes républicains.
Notre campagne commune lors des élections européennes
l'a montré. Et Sami Naïr, qui n'a jamais mis notre drapeau
dans sa poche, l'a bien perçu : nos vues sont aujourd'hui mieux
comprises.
|
|
 |
Notre
tâche est d'encourager ce mouvement, de fournir des propositions
argumentées, et surtout, de s'adresser directement au
peuple.
|
|
Mais évidemment, je
sais bien que de vieilles lunes y sont encore révérées,
qu'un européisme béat et hors d'âge y subsiste parfois.
Il n'empêche : saisissons le mouvement; mesurons que sous l'impulsion
de Lionel Jospin le P.S. évolue sérieusement à
propos de la question de la nation, de la citoyenneté, de l'Europe
comme prolongement des nations. Il y a des isolements qui n'ont rien
de splendide. Notre tâche est d'encourager ce mouvement, de fournir
des propositions argumentées, et surtout, de s'adresser directement
au peuple. Car c'est lui qui pèse par dessus tout, et bien plus
fort que les anathèmes de certains éditoriaux.
|
|
 |
Etre
fidèle au peuple, plutôt que suivre les modes portées
par la petite bourgeoisie néo-libérale, expose
naturellement aux sarcasmes médiatiques
|
|
Le parti communiste français
doit faire face à une crise prévisible. Je l'exhorte à
être fidèle à lui-même; la France a besoin
d'un parti communiste, capable de mobiliser les espoirs populaires de
transformation sociale. Il peut sortir de sa crise en se situant face
au défi principal, celui de la mondialisation financière.
Et redécouvrir alors que la nation n'est pas un ennemi mais un
point d'appui pour résister. Le P.C.F. doit reconquérir
son "F" car, plus que d'autres, il peut en être fier. Etre fidèle
au peuple, plutôt que suivre les modes portées par la petite
bourgeoisie néo-libérale, expose naturellement aux sarcasmes
médiatiques; mais c'est la clé de l'avenir pour un parti
communiste français qui doit repenser son rôle et son destin
après la fin du communisme.
|
|
 |
La
gauche républicaine doit mobiliser ses soutiens naturels,
à commencer par le mouvement ouvrier première
victime d'une mondialisation sans règle
|
|
La
gauche républicaine doit mobiliser ses soutiens naturels, à
commencer par le mouvement ouvrier première victime d'une mondialisation
sans règle : on ne peut plus nourrir aujourd'hui une ambition sociale
sans poser la question de la souveraineté. Ce lien vital, nous
devons en être les instituteurs. J'observe d'ailleurs que les grands
mouvements récents posaient cette question : les grèves
de novembre et décembre 1995, les conflits dans les transports,
et aujourd'hui le mouvement paysan qui a parfaitement saisi que la mondialisation
sans règle et le mépris de la souveraineté signifiait
sa disparition.
|
|
 |
Pour
les repus et les nantis, l'égalité républicaine
est bien-sûr une contrainte; mais pour ceux qui n'ont
rien, elle est promesse de libération
|
|
Sachons mobiliser aussi tous
ceux qui ont un intérêt objectif à promouvoir la
République parce qu'elle est leur meilleure chance. Les jeunes
qui vivent dans les quartiers difficiles, les jeunes issus de l'immigration
savent bien que l'égalité républicaine est le mot
de passe qui ouvre les barrières. Pour les repus et les nantis,
l'égalité républicaine est bien-sûr une contrainte;
mais pour ceux qui n'ont rien, elle est promesse de libération.
Pas d'émancipation sans République et donc sans souveraineté
! Parmi ces jeunes Français, nés en France, issus de l'immigration,
nous trouverons les nouveaux militants de la gauche républicaine.
Et puis, les ouvriers, les
artisans, tous ceux qui vivent de leur travail n'ont pas disparu. L'intégration
dans la mondialisation financière est pour eux un mirage : elle
leur est vantée à longueur de publicité et plus
tous les moyens de la communication, mais elle s'éloigne à
mesure que la mondialisation progresse. L'alternative républicaine
est la seule issue.
|
|
 |
Si
nous travaillons bien -il suffit de le vouloir- notre action
sera féconde dans la durée.
|
|
Tenez bon
! Je sais bien que certains d'entre vous sont irrités de voir
que l'idée républicaine n'est pas unanimement partagée,
et qu'elle est même parfois ignorée. Ne jetez pas le
bébé avec l'eau du bain, ne vous retirez pas sur l'Aventin,
par ce qu'on ne pèse pas à 100% !
D'abord l'action
politique est davantage qu'un simple témoignage : elle exige
de voir l'horizon et de se colleter au réel. Et puis, l'Histoire
est longue. Si nous travaillons bien -il suffit de le vouloir- notre
action sera féconde dans la durée.
Pour qui veut
combattre l'absolutisme d'une mondialisation financière non
maîtrisée, il n'y a pas d'autre arme que l'idée
républicaine, pas d'autre outil que la nation citoyenne.
Vous avez
au cours de cette université d'été décliné
concrètement cette perspective, à propos des enjeux
d'aujourd'hui. Je vous invite à présent sur le terrain
à être actifs, à faire connaître nos propositions,
à militer, à préparer aussi les élections
cantonales et municipales. Sans nous la gauche plurielle où
d'autres apportent l'eau et la farine serait un pain sans sel et sans
levure. C'est en faisant fond sur le combat d'idées que nous
ferons du Mouvement des Citoyens le fer de lance de la reconquête
républicaine et que nous assurerons le succès d'une
gauche digne de ce nom.

|
|
|