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instruire
tous les citoyens |
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A) LECOLE EST UNE
INSTITUTION MAJEURE DE LETAT RÉPUBLICAIN
Elle doit répondre à un besoin public permanent dinstruire
tous les citoyens. Cest le seul lieu où se fonde sans cesse
la République, parce que cest le savoir qui libère
de lignorance et donne à chacun les facultés intellectuelles
et morales de son émancipation.
Lécole publique vise à former des hommes dans leur
plus grande dimension, cest-à-dire des citoyens.
Cest cette dimension qui doit retrouver toute sa place dans tous
les établissements scolaires, de lécole primaire
au collège et au lycée, et être assumée pleinement
par les enseignants.
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La
laïcité, le meilleure digue contre le triomphe dun
monde de la marchandise et de lidôlatrie, de lenfermement
dans sa communauté |
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Elle concerne
à la fois léducation civique, trop négligée
dans les faits comme enseignement spécifique, mais aussi toute
la vie scolaire où sapprend la première forme de
rapport du jeune citoyen à une institution.
Ainsi, en retrouvant ses fondements, lécole sera le creuset
indispensable de la Nation ; elle contribuera à forger son unité
autour de luniversalité des valeurs de notre devise : la
liberté, légalité et la fraternité,
expliquées et partagées.
Sur ces bases, lécole est laïque ; elle apprend à
chaque élève citoyen à vivre selon sa propre conscience,
dans le respect des autres.
La laïcité est la meilleure digue contre le triomphe dun
monde de la marchandise et de lidôlatrie, qui est aussi
celui de lenfermement dans sa communauté, sa communauté
religieuse, son groupe ethnique, ou sa "bande de quartier"
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lunité
et légalité républicaines |
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La laïcité est
un rempart pour lutter contre les régressions ethno-religieuses,
toutes les formes dethnicisme, également présentes
dans la revendication dune reconnaissance juridique des langues
régionales.
Malgré les imprécations de tous les "libéraux-libertaires"
qui confondent "bons sentiments" et principes, malgré
lévolution des tribunaux qui oublient souvent la Constitution
et jugent selon le droit européen, il faut refuser à lécole
tout marquage ségrégatif religieux, politique, ou même
socio-économique, toute forme de repli identitaire réduisant
à néant lunité et légalité
républicaines.
Lécole républicaine
est confrontée à dautres logiques qui laffaiblissent
:
Depuis les années 60, la démocratisation de lenseignement
secondaire a été marquée par louverture du
collège (1967, la réforme Fouchet) et celle aussi du lycée
(1985, les orientations de J.-P. Chevènement).
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taux de bacheliers en |
1881 |
3
% |
1951 |
10
% |
1985 |
25
% |
1998
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58
%
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Le taux de bacheliers est
passé de 3 % 1881, à 10 % en 1951, 25 % en 1985, 58 %
en 1998.
La massification sest accompagnée dune élévation
relative du niveau de formation. Mais dans un contexte de crise sociale
et morale, les écarts de formation, la tension sélective
et les échecs, la dévalorisation de certaines filières
et diplômes, les disparités sociales dans la réussite
entraînent difficultés et remises en cause. Dautres
logiques tendent à se substituer à la logique de linstitution
publique.
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Louverture
de lécole "sur la vie", au mépris
des cadres et programmes nationaux tend à enfermer les
élèves dans leurs différences socio-culturelles,
au nom dun idéal communautariste.
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La logique de la "Communauté
éducative" peut mener à une différenciation
excessive autour de "projets détablissements"
qui pour tenir compte de lenvironnement spatial et social abaissent
les niveaux dexigence et tendent parfois à substituer des
formules danimation socio-éducatives à une solide
instruction.
Louverture de lécole "sur la vie", au mépris
des cadres et programmes nationaux tend à enfermer les élèves
dans leurs différences socio-culturelles, au nom dun idéal
communautariste.
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La logique "pédagogiste" qui tend à survaloriser
le moyen (la pédagogie) par rapport à la finalité
(la maîtrise du savoir) |
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La logique "pédagogiste"
qui tend à survaloriser le moyen (la pédagogie) par rapport
à la finalité (la maîtrise du savoir). La crainte
dinstruire, ladaptation à tout prix à l"état"
des élèves, le goût de la communication pour la
communication, ajoutée à une sacralisation des enfants
et des jeunes, aboutissent à des formes de nivellement par le
bas et à un déclin des valeurs éducatives, y compris
dune simple morale civique à lécole.
La logique de lentreprise tend à transférer
la dominante libérale (le marché dans tous les domaines)
dans la sphère scolaire. Insensiblement, en acceptant de fait
les concepts de management, de compétitivité et de concurrence,
lécole glisse progressivement vers une régulation
par un marché éducatif qui soffre à des familles
consommatrices. Avec cette logique, déjà ancienne, linégalité
progresse.
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Le
poids des politique locales qui peut "enrichir" la qualité
des établissements scolaires |
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Le poids des
politique locales qui peut "enrichir" la qualité
des établissements scolaires, tant les élus locaux sont
souvent soucieux de renforcer lécole, conduit aussi à
laccroissement des différentiations, des inégalités
territoriales et à labaissement dune conception nationale
de lEducation.
Les quelques initiatives prises par la Commission de Bruxelles tendent
dailleurs sous la pression des lobbies patronaux ou régionaux
à bousculer les services publics de léducation dans
un sens libéral (ex. : le projet de carte européenne de
compétences).
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Là où il faudrait imposer lécole
et ses exigences intellectuelles et morales, il y a surtout adaptation
à "lair du temps". |
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Les initiations ministérielles
sont de ce point de vue traversées elles-mêmes par les
contradictions vécues par lécole.
Un discours républicain est tenu, parfois traduit en mesures
intéressantes mais limitées (par exemple pour léducation
à la citoyenneté), mais le plus souvent il nest
que lhabillage dun processus dadaptation aux logiques
précédemment décrites. Là où il faudrait
imposer lécole et ses exigences intellectuelles et morales,
il y a surtout adaptation à "lair du temps".
Linsuffisante cohérence
ministérielle, sa perméabilité à la pensée
conforme en matière de pédagogie et de modernisation,
fait craindre que lalliance des gestionnaires soucieux de réduction
des dépenses publiques, des entrepreneurs libéraux, des
élus modernistes et décentralisateurs, des réformateurs
pédagogistes, soit suffisamment active pour que lécole
républicaine et laïque continue dévoluer, malgré
les discours vers une école dinspiration libérale,
qui rendra des services à plusieurs vitesses, pour des "publics"
consommateurs forcément inégaux et devant le rester.
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résister aux pressions, à lambiance libérale-libertaire,
comme à la gestion sociale-libérale |
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B) REFONDER
LÉCOLE RÉPUBLICAINE
La refondation dune école républicaine ne nécessite
pas des bouleversements radicaux, de "grandes réformes"
Elle demande surtout résistance aux pressions, à lambiance
libérale-libertaire, comme à la gestion sociale-libérale,
et réclame aussi capacité à penser une évolution
du système en remédiant à ses lacunes, à
ses faiblesses, mais en lui gardant ses fondements.
En tous domaines et dabord à lécole donner
un sens moderne et progressiste, cest concilier laspiration
démocratique et lexigence républicaine.
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une
élévation massive du niveau de la formation ; toutes
les couches sociales en ont bénéficié et
les couches populaires plus que dautres |
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Laspiration démocratique
sest traduite après les mesures du ministère Chevènement
de 1985 par un bon en avant du nombre des lycéens et détudiants
: aujourdhui près de 70 % des jeunes accèdent au
niveau du BAC ; globalement, il y a une élévation massive
du niveau de la formation ; toutes les couches sociales en ont bénéficié
et les couches populaires plus que dautres.
Il faut accentuer les efforts pour faciliter la réussite de tous
ceux dont lappartenance et lenvironnement sociaux et culturels
éloignent du monde scolaire ; en noubliant pas que le système
éducatif ne peut à lui seul bouleverser les rapports sociaux.
Lécole reste la meilleure chance pour trouver un emploi.
Dautant plus que le chômage des jeunes nest pas le
produit de lécole, mais des politiques libérales
restrictives.
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Lexigence républicaine
dune école, devoir dEtat, est dabord denseigner,
cest-à-dire de transmettre des savoirs et les valeurs républicaines.
Enseigner est dabord un acte de volonté, de pure volonté
politique dans une nation républicaine. Cest cette conception
quil faut faire partager par les responsables ministériels
et lensemble des enseignants.
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