MDC emploi, économie, finances, chômage, plein emploi
Projet de loi de finances pour 2002,
l'urgence impose de mettre en œuvre une politique contra-cyclique.

Conférence de presse.

16/10/01

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Finances, taxe Tobin, OMC, AMI...
Fiscalité, réduction d'impôts, bubget
Gratuité des chèques
Adoption de la proposition de loi
L'intervention de Georges Sarre en séance, (3 pages rtf), sa proposition de loi, (4 pages rtf), son rapport, (19 pages rtf)
- 21/04/01 - rtf
Lois de finances, proposition de loi
Pour positives qu'elles soient, ces évolutions ne constituent pas un renforcement des pouvoirs du Parlement en matière de fixation des moyens des services publics.
07/02/01
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Minima sociaux ou crédit d'impôt
Pour favoriser la hausse du pouvoir d'achat en direction des catégories de salariés les plus modestes
08/01/01
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La net économie et ses effets 28/04/00
La réforme des caisses d'épargne .doc
Le statut de la Banque de France .doc
Intervention de Georges SARRE
Assemblée nationale
16/10/01

les événements plongent le monde dans un climat d'angoisse où les plans de licenciements se multiplient

Projet de loi de finances pour 2002
Discussion générale 1ère partie

Monsieur le président,
Monsieur le ministre,
Mes chers collègues,

Le budget que nous examinons présente une importance particulière à plus d'un titre. Premier budget en euros, premier budget mettant en œuvre la réforme de l'ordonnance de 1959, il est le dernier avant les élections présidentielle et législatives qui auront lieu dans quelques mois.

Il est surtout marqué par la très grande incertitude actuelle régnant sur l'évolution de la situation économique et sociale. Les causes en sont connues. Les risques d'entrée en récession existant depuis plusieurs mois ont été brutalement amplifiés par les effets des attentats commis aux Etats-Unis. Ces événements n'affectent pas seulement certains secteurs sinistrés comme l'aéronautique ou le tourisme mais risquent d'avoir des implications graves sur l'ensemble de l'économie mondiale. Ils plongent le monde dans un climat d'angoisse où les plans de licenciements se multiplient, où les programmes d'investissement des entreprises sont remis en cause et où les ménages diminuent leur consommation en faveur d'une épargne de précaution.

L'urgence impose de mettre en œuvre une politique contra-cyclique.

Le moins que l'on puisse dire est que le projet qui nous est présenté n'est pas à la hauteur de ces enjeux. Je n'insisterai pas sur l'irréalisme de la plupart des hypothèses retenues pour l'élaborer. Il est certes difficile d'évaluer la situation économique qui sera celle de notre pays dans les mois à venir. Pour cette raison même, il est préférable de réfléchir sur des hypothèses basses car se préparer au pire est le meilleur moyen de l'éviter. Eviter le pire consiste aujourd'hui à briser le cercle infernal de la crise avant qu'il ne survienne. Ainsi que l'a souligné récemment l'économiste André ORLEANS, "la question n'est pas de prévoir, mais de pouvoir amortir les chocs". Tous les signaux d'ores et déjà à notre disposition militent en ce sens, qu'il s'agisse de la remontée du chômage depuis quelques mois, ou les réévaluations à la baisse du taux de croissance attendu en France et en Europe tant pour 2001 que pour 2002.

L'heure n'est pas aux atermoiements. L'urgence impose de mettre en œuvre une politique contra-cyclique. Alors que certains chantent depuis plusieurs années la fin de l'Etat et de son intervention dans l'économie, les événements tragiques récents rappellent tragiquement que plus que jamais l'Etat demeure au cœur de nos sociétés même les plus mondialisées. C'est l'enseignement de la politique menée par le Président BUSH qui a décidé de soutenir l'économie américaine par l'utilisation des potentialités du budget fédéral. La politique de baisse des taux d'intérêt décidée par la Réserve fédérale américaine est ainsi amplifiée par une politique budgétaire ambitieuse. Une fois n'est pas coutume, un Président conservateur mène une politique keynésienne en comparaison de laquelle la politique économique de notre pays fait pâle figure, surtout lorsque le gouvernement affirme être le plus interventionniste des gouvernements d'Europe !

Il est donc urgent aujourd'hui d'agir en faveur d'une relance budgétaire en France et à l'échelle européenne

Certains ne manqueront pas de souligner que les Etats-Unis d'Amérique disposent pour ce faire d'un excédent budgétaire, contrairement à la France. L'argument ne me semble pas pertinent, car attendre que nous soyons en situation d'excédent budgétaire est le meilleur moyen de ne jamais l'être. Laissez faire les choses et nos recettes budgétaires diminueront ! Nous risquerions alors de tomber à nouveau dans la situation de la première partie des années 1990, lorsque la politique menée avec l'arrimage du franc au mark conduisit à l'argent cher ce qui se traduisait par une forte récession et des centaines de milliers de chômeur.

Il est donc urgent aujourd'hui d'agir en faveur d'une relance budgétaire en France et à l'échelle européenne, quitte à devoir assouplir le pacte de stabilité budgétaire. Au niveau européen, cette relance devra être forte et ciblée. C'est d'autant plus vrai que la politique chaotique des petits pas de la Banque Centrale Européenne est affligeante. La banque centrale semble jouer à contre-temps, incapable de réagir aux événements avec la rapidité et la détermination requises. Elle demeure obnubilée par l'inflation alors que le danger n'est pas là mais dans celui d'une récession brutale. La Commission européenne témoigne du même attentisme absurde. Hier, en prétendant lutter contre les monopoles, elle a passé par pertes et profits la notion même de service public. Plus que jamais, l'attentisme ne peut pas être la solution.

en finir avec le dogmatisme de l'application aveugle du pacte de stabilité budgétaire et faire preuve de pragmatisme

L'objectif affiché dans le projet de budget 2002 est de contenir le déficit budgétaire à 30 milliards d'euros. Au total, pour l'ensemble des administrations publiques, le besoin de financement serait ainsi de 1,4 % du P.I.B.. Cet objectif témoigne d'une orthodoxie aveugle aux circonstances exceptionnelles que nous connaissons. A ce contexte particulier doit correspondre une politique économique appropriée. L'objectif irréaliste de la loi de finances doit donc être révisé car, de toute façon, si aucune mesure de relance n'est mise en place le déficit augmentera mécaniquement. Il faut donc en finir avec le dogmatisme de l'application aveugle du pacte de stabilité budgétaire et faire preuve de pragmatisme. D'ailleurs, si le pacte de stabilité prévoit de faire passer le déficit budgétaire sous la barre des 3 % du P.I.B., il autorise aussi à faire preuve de souplesse si la croissance faiblit. Nos marges de manœuvre existent donc comme l'illustre aussi la forte diminution de la dette publique au cours des dernières années, passée de 59, 5 % du P.I.B. en 1998 à 57, 6 % en 2000. Cette diminution nous permet aujourd'hui d'intervenir sans remettre en cause les sacro-saints 60 % de P.I.B. assignés à notre dette publique.

mener enfin la politique de grands travaux si souvent annoncée et toujours reportée, tel le lancement d'un véritable plan de ferroutage

Les marges de manœuvre ainsi dégagées pourront être mises à profit efficacement et devront aller bien au-delà des mesures homéopathiques annoncées par Mme Elizabeth GUIGOU. Je connais vos dernières mesures, c'est un plus, mais qui demeure insuffisant. Plusieurs domaines d'action sont à explorer qui permettraient de soutenir la consommation des ménages et favoriser l'investissement des entreprises. Ainsi est-il temps de mener enfin la politique de grands travaux si souvent annoncée et toujours reportée, tel le lancement d'un véritable plan de ferroutage. Il est hypocrite que les mêmes voix qui s'élèvent en faveur du ferroutage refusent la moindre initiative dans ce domaine. De même, nous devons soutenir notre industrie de défense tant il urgent d'adapter notre outil de défense à des risques de terrorisme aussi graves que divers. La politique de la ville doit également être dotée des moyens nécessaires à la réhabilitation des logements sociaux et des équipements urbains. Vous le voyez les domaines dans lesquels une relance budgétaire peut être mise en œuvre sont nombreux.

Aucune politique économique ne peut être fondée sur des critères éloignés des réalités économiques.

Le contexte particulier dans lequel nous discutons le projet de loi de finances nous oblige à agir vite, particulièrement à destination des ménages auxquels il importe de redonner confiance, sans quoi les appels au patriotisme économique ne seront que des mots prononcés dans la hâte. Il faut garder présent à l'esprit que le principal moteur de la reprise depuis 1997 a été la consommation. Sachons envoyer aux agents économiques le signal fort de notre détermination qui ne doit pas jamais faiblir quelle que soit la situation.

L'économie est affaire de discernement et de pragmatisme. Aucune politique économique ne peut être fondée sur des critères éloignés des réalités économiques. Si le gouvernement refusait d'adopter une attitude à la hauteur de la crise qui s'annonce, les députés du Mouvement des Citoyens ne pourraient voter le projet de budget.


 

Intervention de Georges Sarre
Assemblée nationale
16/10/01

s'assurer de l'exactitude et de la sincérité des comptes

Conférence de presse
Loi de finances 2002

Mesdames, Messieurs,

Dans chaque entreprise, chaque année, un commissaire aux comptes est chargé de certifier sincères les comptes. De même, lors de l'examen d'un projet de loi de finance, le rôle du Parlement est de s'assurer de l'exactitude et de la sincérité des comptes, avant de se prononcer quant à la pertinence du projet.

Cette mission que nous exerçons tous les ans avec le sérieux que commande l'exercice d'un mandat représentatif, nous devons nous en acquitter cette année avec une attention toute particulière pour ce budget 2002, important à plus d'un titre : premier budget en euro, premier budget depuis la réforme de l'ordonnance de 1959, il est aussi le dernier budget avant l'échéance des élections présidentielles et législatives. Surtout, les débats vont avoir lieu dans un contexte économique et social de crise.

La croissance pour l'ensemble de l'année 2001 était initialement calculée à 3,3 %. Or, compte tenu de la récession qui a commencé début 2001 aux Etats-Unis, avant de toucher l'Europe et la France, et compte tenu du fait que les évènements tragiques survenus le 11 septembre dernier, avec leurs suites, risquent d'accélérer cette récession, c'est plutôt autour de 2 % que la croissance française devrait se situer cette année.

une absence d'anticipation

Quant aux prévisions pour l'année prochaine, la plupart des économistes et analystes financiers font état d'une croissance située entre 1 et 1,5 %. Pourtant, le gouvernement maintient dans son projet de loi de finance pour 2002 une prévision de croissance située entre 2,3 et 2,5 %. Il apparaît que M. Fabius, dans son projet de loi, déploie des perspectives tronquées et biaise avec les chiffres.

Par exemple, le recours à l'augmentation des recettes non fiscales doit servir de palliatif pour la baisse d'impôts maintenue à 39 milliards de francs pour ce PLF 2002 : il équilibre ainsi artistiquement les comptes pour cette année ; mais il s'agit d'une ressource ponctuelle, qui ne pourra pas être mobilisée dans les mêmes proportions tous les ans. Cette manœuvre ne sert qu'à masquer l'absence d'une volonté de réduire les déficits publics et la dette du pays, et par conséquent d'une politique rigoureuse de régulation des dépenses budgétaires.

Dans ces conditions, j'estime qu'il n'est pas possible à la représentation nationale de se porter garante de prévisions et de cautionner la stratégie de Monsieur Fabius. Elle dénote une absence d'anticipation toute entière fondée sur la consommation des ménages et la baisse programmée des impôts, elle ne prend pas la mesure des enjeux actuels et doit être urgemment révisée, pour répondre aux défis de la conjoncture.

M. Fabius avait fait un pari osé en programmant une baisse échelonnée des impôts. Un pari sur les recettes.

M. Fabius avait fait un pari osé en programmant une baisse échelonnée des impôts. Un pari sur les recettes : il supposait que le volume de l'activité imposée compenserait la diminution des taux de prélèvement, et qu'ainsi les recettes resteraient constantes, voire augmenteraient.

Cette option ambitieuse se justifiait alors, elle ne se justifie plus maintenant que la récession, et le ralentissement de l'activité, menacent. Nous ne pouvons pas discuter un projet basé sur des expertises vieilles d'au moins six mois, et sur les illusions de la mondialisation heureuse. C'est à partir des réalités de la conjoncture actuelle que nous devons élaborer des solutions.

Ces réalités, les voici. La tendance est au ralentissement de l'économie, depuis que les Etats-Unis ont été touchés par une croissance zéro au début de l'année 2001. Les derniers mois en France ont été marqués par une remontée du chômage, ce qui remet naturellement en cause l'équilibre des comptes de la Sécurité Sociale et de la Nation.

A l'exemple des Etats-Unis, nous avons besoin de réactivité.

Bref les indicateurs économiques et sociaux, du vert, sont passés à l'orange et menacent de passer au rouge si une politique de relance volontaire n'est pas engagée bientôt. Le laisser-faire budgétaire du gouvernement, et son optimisme apathique face aux menaces de récession ne sont pas des réponses satisfaisantes aux problèmes qui se posent.

A l'exemple des Etats-Unis, nous avons besoin de réactivité. Nous ne savons pas encore ce qui sortira exactement du plan Bush de relance, mais il est évident qu'il a pris la mesure des trois risques évoqués par M. Fabius lui-même, et qui pèsent sans exception sur toutes les économies européennes : un risque psychologique de baisse de la consommation ; un risque d'instabilité financière susceptible de déprimer l'investissement et l'activité ; un risque pétrolier de forte inflation qui amplifierait les deux crises de la consommation et de l'activité.

Pour faire face, le gouvernement a admis que la meilleure des stratégies était de " laisser jouer les stabilisateurs automatiques ".

C'est une vue absurde : dans la récession, le gouvernement ne doit pas rester inerte.

la politique de " prime à l'emploi " n'est pas à la hauteur du problème posé

Les stabilisateurs automatiques sont un palliatif, un effet anesthésique : M. Fabius ne semble pas avoir d'états d'âme à laisser la France s'enliser doucement et sans douleur dans la récession. Il ne songe qu'à court terme, et feint de ne pas comprendre pas que ce qui menace la France c'est un ralentissement généralisé de l'activité.

Dans cette optique, la relance annoncée aujourd'hui de la politique de " prime à l'emploi " n'est pas à la hauteur du problème posé : toutes les incitations du monde ne suffiront pas, dans un contexte d'incertitude financière et d'affaiblissement de l'investissement, à faire embaucher par les employeurs des travailleurs dont ils n'ont pas l'utilité faute de travail, ou dont ils pensent qu'ils devront les licencier bientôt pour la même raison.

Il faut à la France et à l'Europe une politique de relance concertée. Les deux leviers de la relance économique sont la politique budgétaire et la politique monétaire ; les statuts de l'Union Européenne font que la politique monétaire est du ressort de la Banque Centrale Européenne, et la politique budgétaire du ressort des seuls Etats européens, dans le cadre des critères de convergence définis par le traité de Maastricht. C'est la faiblesse de l'UE par rapport aux Etats-Unis dans une situation de crise : le manque de coordination des deux politiques correspond au manque de réactivité que j'ai déjà évoqué.

La combinaison des deux politiques, baptisée policy mix par les économistes anglo-saxons, est indispensable quand sont affaiblis simultanément l'activité et la consommation, l'investissement et l'emploi.

La BCE doit sortir de sa rigidité, renoncer à la priorité quasi dogmatique qu'elle a donnée à la lutte contre l'inflation, et baisser ses taux d'intérêt.

Aujourd'hui, il apparaît que les entrepreneurs sont au moins aussi inquiets de l'avenir que les consommateurs, et réduisent leurs investissements en conséquence. La BCE doit donc sortir de sa rigidité, renoncer à la priorité quasi dogmatique qu'elle a donnée à la lutte contre l'inflation, et baisser ses taux d'intérêt. Le gouvernement français doit solliciter un appui de la part de ses voisins, dont c'est l'intérêt bien compris, afin de faire pression sur la BCE pour qu'elle pratique, à l'instar de la Federal Reserve américaine une politique d'argent bon marché.

Cela seul rendra possible et efficace une relance budgétaire, non seulement au niveau national, mais aussi au niveau européen. La relance conjoncturelle doit prioritairement s'appuyer sur des projets structurels de long terme, privilégiant l'amélioration de l'environnement économique des entreprises et la réduction du chômage.

Il apparaît aujourd'hui indispensable de relancer la politique des grands travaux, en particulier de développer en France un réseau complet de ferroutage connecté sur celui des pays voisins déjà avancés dans ce domaine (Suisse) ; il faut penser également à donner une impulsion forte à des projets partenariaux européens tels que la réalisation de la ligne de fret ferroviaire Lyon - Turin. Il convient également de réinvestir dans notre outil de défense pour l'adapter aux nouvelles exigences stratégiques qui se font jour (menace terroriste) ; réinvestir également dans les équipements urbains et la réhabilitation ou la rénovation de l'habitat social.

La politique économique est affaire de confiance et de volonté.
Pour donner leur plein effet à ces orientations, il serait souhaitable que le gouvernement annonce un plan de relance portant sur les infrastructures. Il y aurait alors grand intérêt à soutenir l'activité d'un certain nombre de secteurs, comme le BTP, afin d'alimenter la reprise.

Le gouvernement a appelé au " patriotisme économique ". Nul n'est plus enclin que moi à relayer cette proposition. La politique économique est affaire de confiance et de volonté. Il nous en faudra dans les mois qui viennent, parce que je crois qu'ils seront décisifs : entre reprise et récession, la marge est toujours assez restreinte. Aujourd'hui que le monde est entré dans une période d'instabilité, elle est infime.

C'est pourquoi j'espère qu'à la lumière des discussions sur le budget 2002, le gouvernement saura prendre toute la mesure de la crise qui s'annonce, en se fondant sur des critères de réalité économique, et qu'il admettra le principe d'un rectificatif à la loi de finance 2002. Dans le cas contraire, les députés du Mouvement des Citoyens ne pourraient voter le texte en l'état.


Communiqué de G. Sarre
27/04/01

La fédération bancaire française vient de qualifier d'"étonnante" et d'un "pue illusionniste" l'adoption par la commission des Finances de l'Assemblée nationale de la proposition de loi que j'ai déposée
La fédération bancaire française vient de qualifier d'"étonnante" et d'un "pue illusionniste" l'adoption par la commission des Finances de l'Assemblée nationale de la proposition de loi que j'ai déposée et défendue au nom des députés du groupe RCV, proposition qui inscrit dans la loi le principe de la gratuité des chèques, confirmant ainsi une situation datant de plus d'un demi-siècle !
Les arguments employés ne sont pas nouveaux puisque le monde bancaire les présente avec constance pour justifier ses tentatives récurrentes de faire payer les chèques.
J'ai déjà eu l'occasion de les réfuter dans le rapport écrit que je présente au nom de la Commission des Finances. N'anmoins, il n'est pas inutile de revenir sur trois d'entre eux.
Pour la FBF, la tarification des chèques serait une mesure de "transparence". Les associations de consommateurs apprécieront certainement cette conversion récente à ce principe et je ne saurais trop inciter les banques à le mettre, en priorité, en oeuvre dans d'autres aspects de leurs relations avec leurs clients. Ce sont, en effet, leurs manquements passés et présents qui justifient leur prochaine soumission au droit commun de la consommation, comme le prévoit un projet de loi prochainement débattu à l'Assemblée nationale.

Ce seraient les clients les plus fortunés qui continueraient à bénéficier de la gratuité des chèques pendant que les autres subiraient de plein fouet leur tarification

La gratuité des chèques serait contraire à la logique et à l'efficacité économiques puisqu'il s'agirait du seul service gratuit offert aux consommateurs. Il est vrai que des mesures ont été prises, au cours des dernières années, en faveur des personnes les plus démunies pour réduire le coût de certains services et qu'elles ne sont pas allées jusqu'à leur gratuité. La FBF néglige cependant le fait que les banques envisagent un système qui relève d'une logique diamétralement opposée : ce seraient les clients les plus fortunés qui continueraient à bénéficier de la gratuité des chèques pendant que les autres subiraient de plein fouet leur tarification.

Enfin, la FBF évoque un coût de traitement du chèque compris entre 3 et 7 france selon les établissements. Ces estimations n'ont pas changées depuis 15 ans et sont vivement contestées par les spécialistes du dossier. Par ailleurs, la mise en place du système d'échange image chèque devrait modifier les conditions économiques du traitement des chèques. Là aussi, une plus grande transparence de la part des banques ne serait pas de trop.


Communiqué du MDC
21/04/01
Inscrire dans la loi le principe de la gratuité des chèques

Les députés du MDC avaient déposé le 17 novembre 2000 une proposition de loi visant à garantir le principe de la gratuité des formules de chèques.

La commission des finances de l'assemblée nationale a adopté le 18 avril cette proposition de loi visant à inscrire dans la loi le principe de la gratuité des chèques. Cette proposition sera examinée en séance publique le 24 avril. Le texte stipule que le banquier met, gratuitement et sans limitation de nombre, des formules de chèques à la disposition de tout titulaire d'un compte et précise que l'émission de chèques et leur traitement par le banquier sont également gratuits pour le titulaire du compte.


Intervention de Georges SARRE
Assemblée nationale
07/02/01

un contexte marqué par un recul très important de la souveraineté de la République française

Proposition de loi organique relative aux lois de finances

Monsieur le Président,
Mes Chers collègues,

A la différence des précédentes, et nombreuses tentatives de réforme de l'ordonnance du 2 janvier 1959 celle-ci s'inscrit dans un contexte marqué par un recul très important de la souveraineté de la République française. Non seulement le Parlement et le pouvoir exécutif ne sont plus maîtres depuis longtemps de la partie des charges de l'Etat constituée par la participation communautaire (100 MdF) mais le budget de la France est contraint par les critères de convergence et le Traité d'Amsterdam depuis quelques années.

D'autre part ce projet s'inspire d'une éthique de transparence. Il conduit à renforcer l'information du Parlement sans remettre en cause la prééminence de l'exécutif dans l'élaboration des projets de lois de finances. Il introduit des réformes techniques sur lesquelles des réflexions semblent devoir être encore menées.
L'initiative des lois de finances restera une prérogative exclusive du pouvoir exécutif comme c'est le cas jusqu'à présent. Dans une République moderne il paraît difficile qu'il en soit autrement, mais cette situation appelle une contrepartie : un pouvoir réel d'amendement du parlement comme émanation du peuple souverain. Dans le projet, les compétences sont simplement plus étendues. Ainsi les garanties financières accordées par l'Etat seront votées par le Parlement.

Pour positives qu'elles soient, ces évolutions ne constituent pas un renforcement des pouvoirs du Parlement en matière de fixation des moyens des services publics. Comme en écho à l'article 40 de la Constitution du 4 octobre 1958, la capacité de présenter des amendements pouvant conduire " soit [à] une diminution des ressources publiques, soit [à] la création ou l'aggravation d'une charge publique " demeure interdite à ses représentants. Le parlement reste néanmoins dans un état de minorité relative.

amélioration de l'information des deux assemblées qui pourront ainsi mieux exercer leur contrôle de l'exécutif

En réalité, le projet de loi organique se borne à prévoir diverses mesures d'amélioration de l'information des deux assemblées qui pourront ainsi mieux exercer leur contrôle de l'exécutif. Le principe de la sincérité des prévisions de dépenses et de recettes est inscrit dans le texte en discussion. Un rapport sur l'évolution de l'économie nationale et le " programme de stabilité " seront présentés au parlement et aux commissions de finances des deux assemblées sans faire malheureusement l'objet d'un débat, ce qui est un comble.

En outre les parlementaires seront saisis d'un document qui sera plus lisible. Les missions de l'Etat seront déclinées en programmes assortis d'objectifs à atteindre et d'indicateurs d'évaluation. Une perspective pluriannuelle conforme aux pratiques ayant cours dans certains pays développés, de la sphère anglo-saxonne essentiellement, sera dessinée. Une manière de se caler sur l'horizon que s'est fixée l'Union européenne et qui se traduira par le vote d'autorisations pluriannuelles remplaçant les anciennes autorisations de programme.
Les mesures d'améliorations techniques des dispositions de l'ordonnance de janvier 1959 sont prévues. Beaucoup sont positives : vision plus claire de la situation patrimoniale de l'Etat ; distinction du moyen et long terme de ce qui est de l'ordre de la gestion courante. Par la création de deux sections, l'une d'investissement l'autre de fonctionnement.

L'assouplissement des règles de gestion qui est envisagé paraît également à encourager, qu'il s'agisse du développement des procédures de report de crédits, de la fongibilité intégrale des crédits autres que ceux du personnel à l'intérieur des programmes ou de la globalisation des crédits de personnel. Toutefois, il faut prendre garde de fixer les limites de ces nouveaux mécanismes. En effet, les services publics doivent être les mêmes pour tous sur tout le territoire de la République. Il ne faudrait pas que la fongibilité introduise des différences dans la gestion des crédits, je pense notamment à ceux d'intervention. Deux questions restent en suspens. Le projet tire un trait sur la notion de services votés. Il me semble qu'ils sont tout de même une garantie de continuité de l'Etat. Il faut que le Parlement sache à quoi il s'engage s'il remet en cause des moyens de certaines administrations.

Dans un Etat démocratique moderne, dans une République une et indivisible fondée sur l'égalité des citoyens, le parlement doit avoir des pouvoirs étendus.

La seconde question que je souhaiterais soulever est celle des recettes. Certes, ce projet pose le principe d'une comptabilisation des charges et des recettes de l'Etat selon la méthode dite des droits constatés. Néanmoins, le fait générateur de l'inscription des produits du budget de l'Etat est leur encaissement (article 20). Or il est nécessaire lors du vote de la loi du règlement et aussi à l'appui du projet de lois de finances d'informer le parlement et plus largement l'opinion sur le montant des recettes mises en recouvrement durant un exercice restant à encaisser en cours de l'exercice suivant. Le débat sur le montant de la " cagnotte " a été suffisamment éloquent pour que l'effort de modernisation de la gestion financière de l'Etat s'étende à cette question essentielle.
Il s'agit de réformer la " Constitution financière " de l'Etat dont la multiplicité des tentatives de refonte a montré l'insuffisance. Il faut donc aborder ce débat de façon constructive. De nombreuses améliorations résulteront de l'adoption de ce texte. Il serait stupide de l'ignorer et de les repousser. Mais le projet qui nous est soumis entérine l'abaissement de la souveraineté nationale procédant de la ratification des traités européens. Le débat que nous avons aujourd'hui en cache un autre, infiniment plus essentiel, celui de nos institutions. Dans un Etat démocratique moderne, dans une République une et indivisible fondée sur l'égalité des citoyens, le parlement doit avoir des pouvoirs étendus. Il ne peut être maintenu à l'état de mineur dans un domaine qui fut la cause de l'introduction du parlementarisme : le vote du budget de la nation. Il faut réfléchir à un rééquilibrage des pouvoirs de manière à renforcer à la fois l'exécutif et le législatif, le judiciaire devant rester une autorité conformément à la tradition républicaine.


Lettre de G. Sarre à Lionel Jospin
La méthode retenue par le Gouvernement pour atteindre cet objectif n'était cependant pas exempte de risques.
Monsieur le Premier Ministre,

Dans le cadre de la loi de finances pour 2001, le Gouvernement s'est fixé, entre autres objectifs, celui de favoriser la hausse du pouvoir d'achat en direction des catégories de salariés les plus modestes. S'agissant de cet objectif général, le Mouvement des Citoyens ne peut que renouveler son accord.

La méthode retenue par le Gouvernement pour atteindre cet objectif n'était cependant pas exempte de risques. La décision du Conseil Constitutionnel censurant le dispositif de réduction de la Contribution sociale généralisée sur les salaires les moins élevés illustre bien cette difficulté au plan des principes. Cette décision des juges constitutionnels a pu être interprétée comme une censure de nature politique. Je ne partage pas cette analyse.

Le problème qui se pose aujourd'hui est celui des moyens à mettre en oeuvre pour compenser de façon efficace pour les salariés et les retraités les conséquences de cette décision.

Notre système fiscal repose sur la complémentarité entre deux types de prélèvements : le premier, l'impôt sur le revenu, est progressif, en ce qu'il tient compte des facultés contributives des citoyens. De ce fait il ne touche qu'un foyer fiscal sur deux. Le second, la Contribution sociale généralisée, est proportionnel et universel, et à ce titre concerne tous les revenus et toutes les personnes. Réduire la Contribution sociale généralisée sur les salaires les moins élevés, quelle que soit la justesse de l'objectif poursuivi, en revenait à toucher aux principes fondateurs de ce prélèvement, et par-là même à affaiblir son principe. C'est cette rupture d'égalité devant l'impôt qui a fourni la base de son argumentation au Conseil Constitutionnel.

Le problème qui se pose aujourd'hui est celui des moyens à mettre en oeuvre pour compenser de façon efficace pour les salariés et les retraités les conséquences de cette décision.

Face à cette situation, et sauf à donner implicitement raison à l'opposition qui est à l'origine de la saisine du Conseil Constitutionnel, la gauche ne doit pas rester à court d'idées. Le Mouvement des Citoyens considère que le défi du pouvoir d'achat reste à relever, conformément aux objectifs définis par le Gouvernement.

La hausse significative des différents minima sociaux, mais aussi des petites retraites, du salaire minimum, et des bas salaires en général est la solution la plus sûr pour sortir de l'ornière.
Une première solution se limiterait à un remboursement des prélèvements sociaux sous la forme d'un crédit d'impôt en fonction des revenus des ménages. Aux yeux du Mouvement des Citoyens, cette voie, longue à mettre en œuvre, n'est pas la plus heureuse. Une seconde favoriserait directement l'amélioration du pouvoir d'achat par la hausse significative des différents minima sociaux, mais aussi des petites retraites, du salaire minimum, et des bas salaires en général. Cette solution est le moyen le plus sûr pour sortir de l'ornière dans laquelle nous nous trouvons.

Cette orientation est le seul moyen véritable de concilier justice sociale et respect des principes fondamentaux d'un prélèvement comme la Contribution sociale généralisée. Celle-ci demeurerait un impôt proportionnel et universel, et dans le même temps, les catégories sociales aux revenus les plus modestes seraient aidées. Une telle revalorisation est politiquement claire et juridiquement incontestable.

Je vous prie de croire, Monsieur le Premier Ministre, en l'expression de ma haute considération.

Georges SARRE



La réforme des caisses d'épargne Intervention de paul loridant
Ce projet de loi relatif à l'épargne et à la sécurité financière vise à réformer profondément le cadre juridique des caisses d'épargne et de prévoyance, à assurer une meilleure protection des épargnants et à développer les produits hypothécaires en France.
Nous comprenons les objectifs du Gouvernement, qui cherche un point d'équilibre entre la nécessité de faire évoluer les caisses d'épargne pour les aider à affronter la concurrence sévère dans le domaine bancaire et l'exigence du maintien de ses spécificités.
Le statut coopératif ne nous paraît pas en soi une évolution dangereuse pour l'avenir des caisses d'épargne.

Au contraire, sur certains aspects, il comporterait même des avantages. Je pense notamment à la possibilité, grâce à la direction unifiée, de définir et de mettre en oeuvre une véritable stratégie de groupe pour assurer le développement à moyen et à long terme.

Néanmoins, il nous semble indispensable que ces évolutions ne se réalisent pas au détriment des missions d'intérêt général que remplissent les caisses d'épargne. Cela implique, selon nous, que les épargnants, les salariés et les partenaires, au premier rang desquels figurent les collectivités territoriales, soient pleinement associés au fonctionnement des caisses d'épargne et à la définition des missions d'intérêt général. Certes, pour la première fois de leur histoire, ces missions sont reconnues et définies par la loi cependant, à nos yeux, le projet de loi ne donne pas suffisamment aux caisses d'épargne les moyens financiers ou politiques d'appliquer ces principes.
Or, s'il est exact de dire qu'en termes de rendement les caisses d'épargne ne figurent pas parmi les premières entreprises agissant dans ce secteur, elles occupent dans le champ social, notamment avec La Poste et les comptes courants postaux, une place de premier ordre.
Je pense en particulier aux ménages en situation de surendettement et aux 2,5 millions de personnes privées de chèques, mais aussi à tous les RMIstes et aux personnes au revenu modeste victimes de fait de l'exclusion bancaire, au nom des impératifs de rentabilité. Ces personnes ont néanmoins besoin d'un compte bancaire ne serait-ce que pour percevoir les allocations.
J'ajoute qu'il faut veiller à ce que la réforme ne s'accompagne pas d'un recul social pour les salariés des caisses d'épargne.
J'en viens à la seconde partie du projet de loi, qui mérite, à mon sens, une attention au moins aussi importante, si ce n'est plus, que la réforme des caisses d'épargne. Les dispositions, vous l'avez dit, monsieur le ministre, sont certes techniques et un peu austères mais elles visent un objectif important : assurer la protection des épargnants et lutter contre l'insécurité financière, dans le cadre d'une harmonisation européenne toujours prégnante.
Il est vrai que l'exacerbation de la logique libérale, la recherche du profit immédiat ou la primauté exclusive donnée au rendement sur fonds propres ont largement contribué à l'insécurité financière, jusqu'à faire plonger, en 1998, 40 % de la planète dans la récession. Parmi ces pays en crise se trouvent ceux qui, hier encore, étaient cités en exemple par les thuriféraires du libéralisme pour la performance de leur système financier et la flexibilité de leur main-d'oeuvre. L'intervention de l'Etat, hier vouée aux gémonies, est saluée partout, notamment au Japon, où le Gouvernement va consacrer plus de 3 000 milliards de francs pour nationaliser ou renflouer les banques menacées par les revers de fortunes considérables de certains fonds spéculatifs auxquels elles avaient imprudemment consenti des prêts.
Pour critiquer depuis longtemps la déstabilisation de l'économie " réelle " par la logique financière, je ne peux que me réjouir de l'instauration de moyens d'action pour les autorités de contrôle du secteur financier, de la mise en place de dispositifs innovants de garantie des épargnants et des assurés, enfin de la clarification et de l'amélioration des procédures de redressement des entreprises financières.
En ce qui concerne la mise en place d'un véritable marché des obligations foncières, j'aimerais faire quelques remarques.
 C'est un volet important de ce projet de loi car il crée un produit nouveau touchant au financement de l'immobilier et des collectivités territoriales. Si je comprends la démarche du Gouvernement, qui répond à des impératifs d'harmonisation en vue de garantir et de développer la compétitivité de la place financière de Paris, encore faut-il que cette harmonisation européenne se traduise, pour les consommateurs et pour les salariés exerçant dans le secteur, par des avantages ou une amélioration de leur statut.
Pour être compétitives par rapport aux Phandbriefe allemands, les obligations foncières françaises, gérées par des filiales spécialisées d'établissements exerçant des activités dans le secteur immobilier ou par des collectivités locales, seront assorties d'un super privilège dérogatoire à la législation sur les procédures collectives et sur le privilège du Trésor public. En clair, cela signifie qu'en cas de défaillance ou de faillite, les créanciers de ces sociétés de crédit foncier seront remboursés avant le fisc et, plus grave encore, avant les salariés. Il s'agit là d'une brèche importante et dangereuse ouverte dans notre législation. A quel niveau et au profit de qui doit s'effectuer l'harmonisation européenne ? Quel est le pays de référence ? Quelles sont les dispositions de référence ? Ces questions méritent d'être posées. 


Jean-Yves AUTEXIER, sénateur de Paris MDC
article paru dans Horizons politiques n° 69 - 28 avril 2000
L'absence de régulation dans un système d'échanges mondialisés est une épée de Damoclès.

LA NET ECONOMIE ET SES EFFETS

Notre barque est arrimée à une bouée ondulante et indécise. L'alerte qu'ont connu les marchés financiers touchait le centre du système; les Etats-Unis et non plus les zones périphériques d'Asie, du Mexique ou d'Europe. La surévaluation sans borne des profits futurs estimés des entreprises émergentes a trouvé ses limites.

Mais au delà de ce constat, tout citoyen qui cherche loyalement à comprendre le monde où il vit, mesure la fragilité relative de celui dont on a fait l'arbitre suprême et le vainqueur des nations : le marché financier ! L'absence de régulation dans un système d'échanges mondialisés est une épée de Damoclès. Nous en payons le prix fort : le principe de non-ingérence est un credo dès lors qu'il s'agit des entreprises transnationales. Des pans entiers de notre industrie, dans des secteurs stratégiques, sont passés sous contrôle étranger (le plus souvent extra-européen). Il est vrai que le critère d'intérêt national et le critère d'intérêt industriel ont été décrétés caduques.

Le démantèlement progressif de la PAC (politique agricole commune) se traduit par l'alignement sur la politique agricole américaine.

La mondialisation étant d'abord la logique du capital financier, on voit les meilleures entreprises, obtenant de bons résultats, devoir cependant licencier, fermer des sites et réduire les coûts pour améliorer la valorisation boursière. Le démantèlement progressif de la PAC (politique agricole commune) se traduit par l'alignement sur la politique agricole américaine : production de masse à prix très bas, avec tous les risques en matière de qualité et de sécurité alimentaire.

Lorsque le traité de Maastricht affirma (article 1°4) que sa philosophie "était celle d'un marché ouvert où la concurrence est libre", il poussait l'Union européenne dans cette fuite en avant. En confiant la direction de la Banque centrale européenne à une instance à laquelle les autorités politiques (Conseil, Commission, gouvernements, parlements) ont interdiction de donner orientation ou conseil, il faisait aussi des marchés financiers le seul arbitre de la politique monétaire dans l'Euroland.

Beaucoup soulignent le besoin d'instances de régulation, en croyant les trouver dans l'OMC, le FMI ou l'OCDE C'est oublier que l'OMC , par exemple, ne régule que le libre-échange comme ses statuts le précisent.

La croissance nous masque aujourd'hui cette réalité. Un retournement nous révélerait vite son amertume. Notre barque est arrimée à une bouée ondulante et indécise. Il serait temps qu'on s'en avise. Beaucoup soulignent le besoin d'instances de régulation, en croyant les trouver dans l'OMC, le FMI ou l'OCDE C'est oublier que l'OMC , par exemple, ne régule que le libre-échange comme ses statuts le précisent. C'est surtout méconnaître le rôle que peuvent jouer les Etats si, du moins, ils en manifestent la volonté. Il n'y avait aucune fatalité à ce que la libre circulation des capitaux précédât une fiscalité harmonisée en Europe. Cet arbitrage funeste fut celui des Etats. Autre exemple : depuis que l'euro a pris une valeur raisonnable, on mesure a contrario, le coût meurtrier pour l'emploi des politiques de monnaie forte menées durant des années. Ce fut pourtant un choix délibéré. Demain l'élargissement de l'Europe aboutira-t-il à un espace de libre échange à 30, dépourvu de politiques communes ? Il serait plus sage de réorienter l'Union vers des politiques de coopération renforcée, respectueuses des nations. Ces choix distingueront ceux qui s'abandonnent à une mondialisation sans règle et ceux qui veulent garder les moyens d'agir.

Avec les marchés financiers, les Etats-nations ont affaire à un adversaire redoutable mais non pas infaillible, s'ils mobilisent la légitimité politique issue de la volonté des citoyens.


 

 


Intervention de Paul Loridant, sur le statut de la Banque de France
Le projet de loi relatif à la réforme du statut de la Banque de France vise à préparer notre pays au basculement dans la troisième phase de l'UEM, qui reléguera notre Banque de France au simple rang de succursale de la Banque Centrale Européenne. Ainsi, la mise en place du système européen de Banques Centrales, chargé de définir la politique monétaire interne et la politique de change, aboutirait au transfert d'un des attributs essentiels de la souveraineté : le pouvoir monétaire. Ce projet, conforme à la lettre au Traité de Maastricht (article 105), repose sur une démonstration discutable et jamais prouvée en économie : - Une indépendance du système monétaire garantit la stabilité des prix ;
-  La stabilité des prix stimule la croissance et l'emploi.

Or, cette indépendance renforcée va à rebours de notre histoire où les gouvernants depuis Napoléon Bonaparte jusqu'au général De Gaulle ont affirmé progressivement leur contrôle sur le pouvoir monétaire et le primat du politique sur l'économie et la monnaie. Je m'étais déjà opposé en 1993 au projet de réforme du statut de la Banque de France consistant à transférer à des technocrates irresponsables, inamovibles et sans légitimité le soin de déterminer et de mettre en œuvre la politique monétaire de la France. 

Conformément à l'article 20 de notre Constitution, j'ai toujours considéré que seul le gouvernement devait assumer la responsabilité de la politique économique et donc monétaire, puisqu'il dispose de la légitimité que lui confèrent les élections et est responsable devant les citoyens.

Mais depuis quelques années, une dérive impose sur tous les sujets des magistratures morales, des autorités indépendantes vis à vis des autorités politiques. Le présent projet de loi introduit une innovation supplémentaire en consacrant l'indépendance du Gouverneur de la Banque de France à l'égard du Conseil de la politique monétaire, lui-même déjà indépendant à l'égard des autorités démocratiques.

Plus grave encore, l'article 7 vient « limiter » le droit à l'information du parlement au strict respect du principe d'indépendance et des règle de confidentialité édictées par la BCE. Veut on ajouter au secret-défense la notion de secret-monétaire, avec les mêmes dérives et abus ? Le gouverneur de la Banque de France pourra en s'appuyant sur cet article ignorer la représentation nationale.

Alors que les ministres et les élus locaux deviennent de plus en plus responsables pénalement, les banquiers centraux bénéficient eux d'une irresponsabilité politique.

J'ai à chaque occasion dénoncé le monétarisme rampant dans lequel on tentait de nous enfermer. Une politique ultra libérale et monétariste de stabilité des prix a alimenté une grave dépression et un chômage de masse, favorisant ainsi une économie rentière qui a pénalisé la production et la croissance. Cette politique a clairement été rejetée par les Français  lors des dernières législatives. C'est bien sur le terrain de la question sociale que la gauche plurielle a été élue. D'ailleurs, la création de 350 000 emplois jeunes, la lutte contre l'exclusion, la relance de l'investissement public attestent de la volonté du gouvernement de Lionel Jospin de répondre à la question sociale. Comment concilier dès lors cette détermination avec le carcan monétaire dans lequel l'article premier nous enferme ?   Celui ci permettra au gouverneur de la Banque de France de subordonner son soutien au gouvernement français au fait que la politique de ce dernier ne remette pas en cause la sacro-sainte stabilité des prix, comme si l'hyper-inflation menaçait à chaque instant notre économie ! Même aux Etats Unis, temple du capitalisme, la Federal Reserve Bank a entre autre pour mission d'assurer le plein emploi et la modération des taux d'investissement à long terme.
Cette priorité donnée à la monnaie a conduit le gouvernement de la gauche plurielle à négocier une réorientation de la construction européenne à partir des quatre conditions que Lionel Jospin avait posé au passage à l'Euro, avec le soutien du Mouvement Des Citoyens et du Parti Communiste français. 

Ainsi, la création d'un gouvernement économique, devenu Conseil de l'Euro devait faire contre poids aux banquiers centraux et permettre le rééquilibrage du système. Mais certains responsables d'Outre-Rhin affirment déjà que ce Conseil ne dispose d'aucune légitimité. Surtout, il a été vidé de sa substance par les responsables des Banques Centrales Européennes, fortement représentés en son sein. Ceux ci ont également mis al main sur le CEF (Comité Economique et Financier), lors du Conseil européen de Luxembourg des 12 et 13 décembre en apparaissant comme l'élément central de ce comité.

Ne soyons pas victime de l'illusion technocratique. La monnaie n'est pas un sujet neutre qu'il conviendrait de laisser à des techniciens. C'est un sujet politique par excellence.

Quel avenir pour la Banque de France ?
La modification de ses statuts compromet également l'avenir de la Banque de France en tant que Service Public et outil de l'aménagement du territoire et du développement économique. En effet, la Banque de France assume une série de missions, telles que la confection des statistiques, des études de conjoncture, la surveillance et le contrôle des banques, la gestion des incidents de paiement des particuliers, les secrétariats des commissions de surendettement… La réforme de ses statuts en 1993 posant l'objectif essentiel de stabilité des prix avait engagé la Banque de France dans une dérive contraire à ses missions de Service Public. D'ailleurs, les attaques de monsieur Trichet, gouverneur de la Banque de France, contre le réseau des caisses, pilier des missions de Service Public de notre Banque Centrale répond à l'objectif de garantir la rentabilité. Comment cet objectif de « rationalisation »  du réseau pourra t-il être compatible avec par exemple la volonté de renforcer la lutte contre le surendettement des ménages ?