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Georges
SARRE |
Monsieur
Laurent Fabius Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie Monsieur le Ministre, Le retour d'une croissance supérieure à 3 % par an, est une bonne nouvelle. Après tant d'années, l'économie française est à nouveau sur le chemin de la création d'emplois. Le Mouvement des Citoyens s'en réjouit évidemment, tout en espérant que cette amélioration des perspectives sera durable. Une bonne politique économique tient compte selon nous de plusieurs impératifs. La fiscalité doit servir un projet de justice sociale et de réduction des inégalités, ainsi que de stimulation de la croissance par une augmentation du pouvoir d'achat et le soutien à la consommation. La politique budgétaire est à nos yeux un instrument au service de la collectivité : or, le budget 2001 tel qu'il se dessine s'inscrit dans la continuité des précédents, et reste marqué par le maintien d'une structure de rigueur (croissance de 0,3 % seulement de la dépense publique de l'Etat alors que la croissance du PNB attendue serait de 3,5 %). |
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En matière
fiscale, l'annonce des propositions d'allègements d'impôts
faites à la fin du mois d'août comporte des éléments
favorables, alors que d'autres mesures nous semblent moins urgentes.
Ainsi l'allègement de charges sur les bas salaires est-il une
bonne façon de rendre du pouvoir d'achat aux couches salariées
modestes. En revanche la baisse de l'impôt sur le revenu s'imposait
avec moins d'évidence qu'une réforme de la taxe intérieure
sur les produits pétroliers, à l'heure où se
dessine un troisième choc pétrolier depuis longtemps
prévisible et dont les conséquences se font sentir pour
une immense majorité de Français au quotidien. La baisse
des impôts n'est pas appelée à devenir la priorité
première pour la gauche. |
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Dans l'immédiat, mieux vaudrait procéder à un rééquilibrage de la fiscalité indirecte vers la fiscalité directe. Il serait souhaitable de continuer dès cette année à réduire la TVA non pas de façon globale, car les baisses ne sont pas toujours répercutées, mais de façon ciblée, ce qui stimulerait l'emploi dans des secteurs à forte densité de main d'oeuvre comme la restauration, ou bien l'accès du plus grand nombre aux oeuvres de l'esprit, comme dans le cas du disque. Dans le cas de la restauration, une décision du gouvernement est nécessaire au sujet du taux de TVA applicable aux cantines scolaires, d'hôpitaux et d'entreprises, depuis la décision du Conseil d'Etat du 27 mars 2000 qui annule le dispositif d'exonération. Nous sommes fermement opposés à l'imposition du taux plein à ces secteurs, qui impliquerait une hausse de 19,6 % des tickets de cantine, répercutée directement sur le pouvoir d'achat des ménages salariés. Nous préconisons en revanche la généralisation du taux réduit, et nous pensons que la présidence française du Conseil de l'Union européenne est l'occasion adéquate pour faire avancer ce point de vue au plan communautaire dans le sens des intérêts français. |
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Le Mouvement des Citoyens, à rebours de la vulgate libérale, fait le constat toujours renouvelé de l'aspiration des Français à la justice sociale, et du besoin de République. Le cap à suivre est plus que jamais celui de l'égalité devant la loi, de la promotion des services publics et d'une plus grande égalité des chances données à chacun d'aller au bout de ses possibilités. C'est pourquoi le Mouvement des Citoyens insiste sur l'importance de certains budgets-clé. Le retour de la croissance, ce doit être aussi l'occasion de relancer une politique ambitieuse d'investissement dans les grands domaines d'intervention des politiques publiques : police, justice, recherche, santé, culture et communication. Au premier plan des priorités des Français se trouve la sécurité. Celle-ci, droit égal pour tous, doit bénéficier de toute l'attention du gouvernement. Dans la mesure où ce sont les couches populaires qui sont les premières concernées, la police nationale est indispensable pour améliorer l'égalité des citoyens devant la sécurité. L'action de Jean-Pierre Chevènement au ministère de l'Intérieur durant plus de trois ans a conduit à l'adoption d'une nouvelle doctrine d'emploi, la police de proximité, tout en rejetant de façon parallèle la dérive vers les polices municipales, instrument de ségrégation entre communes riches et communes pauvres. La police de proximité requiert des moyens. Quand la population et la délinquance ont progressé sensiblement, la France d'aujourd'hui ne compte pas plus de policiers qu'en 1945. C'est pourquoi il est nécessaire de recruter des personnels supplémentaires. |
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L'un des points essentiels du budget prochain est de rendre possible une augmentation des effectifs à hauteur des besoins nécessaires à la généralisation de la police de proximité en 2001 (deuxième et troisième phases, actuellement non financées). Un effort en faveur de la police ne se conçoit pas sans une hausse substantielle du budget de la justice. Le Mouvement des Citoyens fait des questions de sécurité une lecture bien plus large que celle qui conduit à la seule répression. Le droit égal de chacun à la sûreté face à l'augmentation de la délinquance, en particulier celle des mineurs, est un principe républicain directement traduit en actes. La soustraction des délinquants multirécidivistes à leur milieu criminogène requiert un effort en faveur d'un plus grand nombre de places en centres de retenue ou en internats pédagogiques. Refuser cet effort, ou le laisser détourner de son but par une gestion laxiste des moyens octroyés, ce serait laisser accréditer la thèse que l'Etat demeure impuissant face à la délinquance des mineurs. Nous demandons qu'un effort budgétaire particulier soit consenti en ce sens. Il faut donner à la justice les moyens de ne pas être dépassée. Est-il raisonnable que notre pays possède moins de magistrats en l'an 2000 qu'en 1880 ? |
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L'efficacité du service public de la Justice est donc un impératif catégorique, et cela passe par un effort en faveur du désengorgement des tribunaux et du traitement rapide des affaires. Cet effort concerne également l'état général des établissements pénitentiaires, au sujet duquel un récent rapport de l'Assemblée nationale a dressé un constat d'urgence. La compétitivité de notre recherche civile est l'une des missions fondamentales de l'Etat. Celui-ci doit stimuler l'innovation, les découvertes et inventions qui sont à l'origine des emplois futurs, et des avancées pour l'avenir. C'est pourquoi un effort est nécessaire en direction de la politique de la recherche, au travers notamment des très grands équipements. |
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Le troisième choc pétrolier auquel nous assistons rend incompréhensible le report à 2002 des choix concernant le renouvellement du parc des centrales nucléaires. Il faut dès à présent engager avec des partenaires décidés à poursuivre leur production d'électricité d'origine nucléaire, les coopérations nécessaires, et les financer. Il faut opter résolument pour les réacteurs de la nouvelle génération. Le nucléaire joue un rôle-clé dans la diversification de nos ressources énergétiques. Cette filière est donc indispensable à notre indépendance nationale, car elle nous permet de faire face à des situations internationales imprévisibles. Comment sans ces choix serait-il possible de lutter concrètement contre les pollutions et l'effet de serre ? Le budget de la culture est également une source de préoccupation pour le Mouvement des Citoyens. Dans un contexte où l'action en faveur de la culture constitue le moyen de préserver et de développer la diversité de l'expression artistique sous toutes ses formes dans un monde devenu unipolaire, l'augmentation de la part du budget de l'Etat consacrée à la culture jusqu'à 2 % constitue à nos yeux un objectif réaliste et souhaitable. J'espère que ces observations retiendront votre attention ; bien sûr, elles contribueront utilement au débat parlementaire à venir, elles seront portées par les partenaires du Mouvement des Citoyens. Je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de ma haute considération. |
Intervention
de G. SARRE, député MDC |
Débat d'orientation budgétaire, Avec une croissance qui s'est installée au dessus de 3%, il faut constater, et c'est heureux, que l'économie française a retrouvé le bon chemin, celui de la croissance. La réduction du chômage est enfin une réalité significative même s'il reste beaucoup à faire puisque plus de 10% de nos concitoyens ne sont pas encore réintégrés dans le marché du travail. Dans ce contexte redevenu favorable, ce n'est pas la réduction du déficit budgétaire qu'il faut ériger en impératif catégorique. Le zèle dans ce domaine n'est pas de mise. La priorité est ailleurs : elle va à la croissance. L'exemple de l'économie américaine montre actuellement comment une certaine tolérance à l'égard du déficit est parfaitement compatible avec un objectif de croissance. Après sept ans d'une relative passivité à l'égard du déficit budgétaire et dans le contexte d'une forte croissance, les Etats Unis ont connu un excédent. C'est donc la croissance qui est la vraie cause des augmentations de recettes. |
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Le débat d'aujourd'hui permet à la représentation nationale de faire le point sur les perspectives budgétaires de l'an prochain, compte tenu de l'environnement économique. Le problème clé qui se pose pour 2001, c'est l'utilisation des surplus de recettes fiscales, à un moment où le besoin d'Etat se fait très nettement sentir. Ce
débat est l'occasion pour le MDC de réaffirmer
ses priorités. S'agissant des recettes fiscales,
l'orientation actuelle est bonne. D'une manière
générale, depuis 1997, le Gouvernement
a commencé à rééquilibrer
modestement la taxation des revenus par rapport à
celle du travail, au détriment de l'épargne.
Que des mesures précises soient prises est normal.
Mais cela ne signifie pas qu'une réforme fiscale
de fond ne soit pas nécessaire. |
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Une mesure technique, comme le prélèvement à la source, pourrait être mise à l'étude dans la mesure où elle rendrait plus efficace la perception de l'impôt, notamment en ce qui concerne les hauts revenus. D'autres pistes de réforme de l'impôt sur le revenu devraient être avancées, comme la suppression du décalage existant aujourd'hui entre l'année de perception des revenus et celle du paiement de l'impôt les concernant. Une telle réforme irait dans le sens des intérêts du contribuable. Nous nous sommes plusieurs fois prononcés en faveur d'une baisse du taux normal de TVA car les prélèvements indirects frappent davantage les revenus modestes en termes relatifs. L'effort entrepris dès le collectif budgétaire qui sera débattu demain va dans la bonne direction. Mais l'annulation des hausses du taux plein de TVA décidées opar la précédente majorité devrait être un objectif. |
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Cette réforme n'est pas une raison pour abandonner la piste d'allègements ciblés de TVA dans des secteurs liés à la consommation de masse et riches en emplois potentiels : la restauration en est le meilleur exemple. Il nous semble également que les disques devraient être soumis au taux réduit de TVA afin d'élargir l'accès de biens culturels au plus grand nombre. Le terrain de la politique familiale ne doit pas être délaissé. C'est pourquoi nous proposons que l'Etat y réinvestisse l'argent économisé par le plafonnement de l'AGED et celui des effets du quotient familial. Il serait souhaitable d'y substituer un abattement fixe par enfant. Le Gouvernement de la République a le devoir de soutenir la natalité et de favoriser les familles. Au chapitre des dépenses, il faut prendre en compte les besoins et y consacrer l'effort financier suffisant. |
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Il est nécessaire de bien comprendre ce que signifient les difficultés récentes de certains services publics. Loin de traduire un divorce entre les Français et leurs services publics, les conflits de l'Education nationale et de l'hôpital public montrent à quel point les attentes sont importantes. La sécurité et la justice figurent également au premeir plan des préoccupations des Français. Les classes surchargées, la violence dans les établissements scolaires suscitent inquiétudes et besoins.Les différences de niveau entre les établissements deviennent un phénomène inquiétant. L'objectif de 25 élèves par classe ne sera pas atteint sans un effort budgétaire conséquent. S'il
est nécessaire de créer des postes, il
faudra recruter des fonctionnaires supplémentaires. |
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La vraie modernité, c'est garantir l'égalité effective du citoyen devant les services publics. |
Quant à la justice et à la police, dans un pays qui possède aujourd'hui moins de juges qu'à la fin du 19ème siècle et autant de policiers qu'en 1945, il est urgent de consentir des efforts substantiels. La sécurité dans les agglomérations, grâce à la police urbaine de proximité et l'accélération des procédures judiciaires par le décongestionnement de nombreuses cours constituent des objectifs primordiaux et c'est à l'Etat, et à nul autre, de faire face. Etre moderne, ce n'est pas par principe vouer la dépense publique aux gémonies. La vraie modernité, c'est garantir l'égalité effective du citoyen devant les services publics. C'est la restaurer là où les rouages sont grippés. Cela signifie qu'il faut s'en donner les moyens. Aller dans le sens voulu par les libéraux pour se donner une apparence de modernité, c'est se tromper lourdement. C'est surtout ne pas répondre à l'aspiration des français. La vocation du gouvernement actuel, c'est de gouverner pour le plus grand nombre et pas pour quelques-uns. Voilà le défi de la prochaine loi de finances. |
trois priorités une
baisse forfaitaire de la taxe d'habitation, |
Le
Secrétariat national du Mouvement des Citoyens
a pris acte des recettes fiscales supplémentaires
dont bénéficie le budget de la Nation. L'annonce
d'un collectif budgétaire est une bonne nouvelle. Pour sa part le Mouvement des Citoyens définit trois priorités une
baisse forfaitaire de la taxe d'habitation, |
Le MDC favorable à la baisse des prélèvements indirects, réclame d'autres baisses ciblées de TVA concernant, par exemple, la restauration ou les biens culturels actuellement taxés à 20,6% |
Le MDC souhaite que la baisse ciblée de TVA dans les travaux du bâtiment, qui va dans le bon sens, concerne également les gros équipements (chaudière, baignoire, etc...) Cette demande à laquelle Bruxelles s'oppose figure dans les propositions pour le budget 2000 du MDC présentées par une délégation au secrétaire d'Etat au budget, Christian SAUTTER. Le MDC favorable à la baisse des prélèvements indirects, réclame d'autres baisses ciblées de TVA concernant, par exemple, la restauration ou les biens culturels actuellement taxés à 20,6%. |
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le MDC préconise une hausse des minimas sociaux ainsi qu'un coup de pouce au SMIC et aux bas salaires |
Il
demande également que les oeuvres d'art fassent partie
de l'assiette de l'impôt de solidarité sur la
fortune (ISF) dans la mesure où celles-ci ne sont pas
accessibles au public et au dessus d'un seuil de I million
de francs.
Enfin, le MDC est contre la suppression annoncée de la surtaxe d'impôt sur les sociétés de 10% qui n'est pas une nécessité. S'agissant des
dépenses du budget 2000, le MDC préconise
une hausse des minimas sociaux ainsi qu'un coup de pouce
au SMIC et aux bas salaires. Le MDC se dit aussi particulièrement
attentif aux moyens mis à la disposition des colectivités
locales. S'agissant de la CSG, il est favorable à
une baisse de celle-ci pour les revenus les plus modestes.
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Budget 1999 : fait-on le maximum pour l'emploi ? | |
La
question est de savoir si le gouvernement de la gauche plurielle
se sert pleinement de l'arme budgétaire en faveur de
l'emploi car son principal engagement devant les citoyens,
c'est de donner la priorité absolue à l'emploi.
- qu'en est-il des baisses d'impôts ? un véritable déséquilibre s'installe entre le geste fort pour les entreprises (8,4 milliards en 1998 pour la baisse de la taxe professionnelle dès 1999) et la faiblesse de ceux en faveur des ménages. On sait pourtant que ces cadeaux n'ont aucun effet sur l'emploi. |
Le MDC avait proposé que la part de taxe professionnelle assise sur les salaires le soit sur la valeur ajoutée de l'entreprise. S'il avait été suivi par le Gouvernement, les 60 milliards de francs ainsi dégagés sur 5 ans auraient pu servir à soutenir la demande, notamment par des baisses de TVA. Chacun sait bien aujourd'hui qu'une demande soutenue peut seule développer l'emploi et rendre crédible l'ambition de croissance du Gouvernement. |
-
qu'en est-il des baisses de TVA, générales ou
sectorielles ? il apparaît dès à présent
que le gouvernement est bien timide dans sa négociation
avec Bruxelles concernant la mise sur pied d'un taux intermédiaire
de TVA. Le Parlement a pourtant montré récemment,
sur un autre sujet, comment faire fortement pression dans
le but d'obtenir la modification d'une directive. - pour ce qui est du remboursement de la dette, est-il opportun d'y consacrer 20 milliards de francs dès cette année? Face à la crise en Asie et en Russie, face à la crise boursière, il apparaît que notre reprise est beaucoup trop fragile, beaucoup trop récente, pour que l'on y consacre une somme si importante au désendettement dès cette année. |
-
les dépenses de l'Etat ne croissent que de 1%, c'est
la stagnation.
Les Parlementaires
du MDC souhaitent que le Parlement puisse encore modifier
substantiellement le projet de budget car l'engagement de
la Gauche plurielle c'est en effet d'utiliser pleinement
le levier budgétaire en faveur de l'emploi.
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Projet de loi de finances 1999 - débat sur la fiscalité Roland Carraz, député MDC (14/10/98) | |
Le
Gouvernement aborde la discussion budgétaire dans des
conditions économiques internationales plus difficiles
que l'an dernier : la croissance française qui reste
forte, pourrait être ébranlée par un effondrement
du dollar ou des marchés financiers. Les parlementaires du MDC ne partagent pas pour autant les arguments de l'opposition et se réjouissent de la volonté maintenue du Gouvernement, au service d'une ambition de croissance de 2,7% à laquelle il faut se tenir. Nous pourrions nous inquiéter davantage de la baisse du dollar et des mouvements erratiques des monnaies. |
Mais
ce qui nous inquiète le plus est "la dictature des
bigoudis" : je fais référence à ces vieilles
dames américaines qui symbolisent l'emprise excessive
des fonds de pension sur le système financier international.
Nous ne pouvons que vous encourager, Monsieur le Ministre, à mener une lutte réputée contre ce système absurde qui pénalise les salariés eux-mêmes. Il faut agir pour réformer le système financier et le système monétaire international. |
Vous tirez les leçons de cet environnement : le Gouvernement choisit la prudence, il a raison de ne pas s'engager dans l'hypothèse d'un accident conjoncturel mais de conserver toutefois des marges pour adapter son action en fonction de la situation. Ses choix sont donc équilibrés : baisse modérée du déficit et de la dette, hausse modérée des dépenses de l'Etat. Nous ne contestons pas ce choix mais nous nous interrogeons. Le Gouvernement n'aurait-il pas pu se servir mieux de l'outil budgétaire comme arme au service de l'emploi ? Se donne-t-il tous les moyens pour stimuler la croissance intérieure et bâtir une plus grande justice sociale? | J'examinerai
à cet égard la fiscalité, la dépense
publique enfin la politique européenne. En matière fiscale tout d'abord, nous sommes favorables à des évolutions sur la TVA. Nous avons déposé des amendements pour la réduire sur certains produits et nous soutiendrons tous les amendements dans ce sens. Vous avez fait des ouvertures sur les travaux à domicile : nous souhaitons ouvrir le débat sur certains produits culturels, livres ou CD et sur des produits alimentaires ou domestiques de première nécessité. Sans oublier la restauration, secteur où règne une inégalité criante. |
La
baisse de la TVA est un engagement électoral de la
majorité. Tout milite pour une telle mesure et nous
déplorons de voir sur ce sujet s'exercer, là
encore, la souveraineté de Bruxelles. Nous sommes également favorables à un durcissement de l'impôt de solidarité sur les grosses fortunes en faisant évoluer son taux. Quant à l'impôt sur le revenu, le plus juste qui soit dans son principe puisque sa progressivité permet une réelle redistribution, nous réclamons au Gouvernement plus d'audace dans cette direction : il ne s'agit pas de diminuer la part de cet impôt dans les recettes de l'Etat mais de le rendre plus juste et de rétablir le lien entre le citoyen et l'Etat par le biais de la contribution. Il faut dont à la fois mieux redistribuer et mieux responsabiliser. |
Dans
cet esprit, nous approuvons le plafonnement des avantages
liés au quotient familial, en regrettant que ce système
continue à défavoriser les familles modestes.
C'est pourquoi le MDC soutient l'idée d'un abattement
d'impôt forfaitaire par enfant fixé à
11.000F. Quelques observations sur la taxe professionnelle. Le geste spectaculaire en faveur des entreprises qui contraste avec le faible effort consenti aux ménages, aura-t-il un effet réel sur l'emploi ? Nous aurions préféré que la part de la taxe professionnelle assise sur les salaires le soit sur la valeur ajoutée de l'entreprise. Les soixante milliards ainsi dégagés auraient pu servir à soutenir la demande intérieure, priorité des priorités. |
Pour soutenir la croissance vous avez l'arme de la dépense publique ; vous avez choisi de limiter la croissance à 1%, nous aurions aimé un peu plus et nous ne considérons pas la réduction du déficit que vous avez décidée comme un impératif absolu. Nous sommes satisfaits bien sûr de voir augmenter des budgets comme ceux de la ville, de la justice, de l'emploie et de la solidarité. Nous reviendrons au cours du débat sur les mesures concernant l'éducation et la sécurité. Je conclurai sur l'Europe. Les parlementaires du MDC partagent la volonté du Premier Ministre de soutenir fortement la croissance en Europe. L'arrivée au pouvoir des sociaux-démocrates allemands devrait faciliter la mise en oeuvre d'une nouvelle politique économique et monétaire européenne. |
Nous
demandons au Gouvernement d'agir pour une meilleure coordination
des politiques budgétaires nationales en faveur de
la croissance et de l'emploi. Nous insistons à nouveau
pour une sortie du pacte de stabilité et pour un gouvernement
économique européen qui permettrait un retour
en force du politique et l'affirmation de son primat sur les
autorités monétaires. Bien entendu, les déclarations
de Mr O. Lafontaine en faveur d'une baisse des taux et son
rappel à l'ordre adressé à la Banque
centrale européenne ne peuvent que nous réjouir.
Nous approuvons la proposition française d'un grand emprunt européen au service de grands travaux. Plus que jamais la France doit trouver, hors des sentiers battus du libéralisme et des contraintes monétaires, les voies d'une croissance forte créatrice de richesses et d'emplois. Nous souhaitons que le Parlement puisse modifier substantiellement ce projet pour en faire un levier puissant au service de la croissance, de la consommation des ménages et de l'emploi. |
Economie finances, communiqué de G. SARRE, Président délégué (9 septembre 1998) | |
L'adoption
aujourd'hui par le Conseil des Ministres du projet de loi
de finance est conforme dans ses grandes lignes à la
présentation qui en a été faite le 22
juillet dernier. A tort peut-être, car depuis le début
de l'été la crise financière s'est encore
approfondie. Certes, pour 1999, la prévision de croissance a été revue d'un dixième de point à 2,7%. Mais pour tenir cet objectif, encore faudra-t-il que la demande intérieure, consommation et investissement, reste résolument orientée à la hausse. Dans un contexte international de plus en plus incertain, le budget de l'Etat devrait anticiper sur l'évolution de la crise financière, monétaire et boursière et soutenir encore plus activement la demande intérieure, seul gros moteur de la croissance aujourd'hui et demain. Il est donc essentiel de favoriser davantage la progression du pouvoir d'achat. |
Si
on peut se féliciter de la réduction du coût
du travail par la suppression de la masse salariale dans la
base de la taxe professionnelle, l'engagement de cette réforme
aujourd'hui dans un contexte international incertain pourrait
ne pas être opportun. Son coût extrêmement
lourd, 63 milliards de francs, pèsera sur les choix
budgétaires et les possibilités d'autres réformes
fiscales pendant cinq ans, cinq années pour lesquelles
l'horizon financier, monétaire et boursier n'est rien
moins que sombre.
Le pire n'étant heureusement jamais sûr, le Mouvement des Citoyens espère que, rapidement pourront être engagées les réformes fiscales qu'appellent la justice sociale et l'efficacité économique (baisse de la TVA et financement de la Sécurité sociale assis sur la création de richesses). |