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Communiqué de  presse - 22 mars 2005

 

L’épisode de grand froid que vient de connaître la France à une période tardive de l’hiver a mis en évidence diverses faiblesses de notre système électrique, tant dans l’hexagone qu’en Corse.

Constatons d’abord que la demande d’électricité continue d’augmenter, année après année, à un rythme qui n’est guère inférieur à celui du PIB. « L’efficacité énergétique » n’augmente donc que très faiblement, du moins pour ce vecteur.

Du fait de l’arrêt programmé de plusieurs tranches nucléaires, qui étaient toutes en fonctionnement lors de la période critique habituelle de décembre, il a fallu mobiliser les installations hydroélectriques et thermiques à flamme et faire appel à une importation modérée (3%) d’électricité en provenance d’Espagne et d’Allemagne. On constate donc que les capacités de production françaises sont loin d’être surdimensionnées.

Lorsque les barrages réservoirs (en France ou en Suisse) ne suffisent pas à fournir l’électricité de pointe, celle-ci ne peut être pratiquement obtenue qu’à l’aide de combustibles fossiles qui ont l’avantage de pouvoir être stockés et d’être mis en œuvre dans des installations n’exigeant que des investissements relativement modérés. C’est dans cette perspective que EDF s’est vu récemment octroyer, à sa demande, une augmentation importante de ses quotas d’émissions de CO2.

 

« Sauvons le climat » s’interroge  sur cette politique qui ne va pas dans le sens général recherché et fait part de ses réflexions pour animer un débat :

·         les énergies renouvelables sont souvent présentées comme une panacée, notamment l’énergie éolienne, bien développée dans certains pays d’Europe (Allemagne, Danemark, Espagne…). Mais les éoliennes ne fonctionnent pas à la demande et sont justement peu actives en périodes anticycloniques, qui sont celles des grands froids ou des canicules. Rien ne justifie, en France continentale, un développement semblable, extrêmement onéreux (dont le coût pourrait atteindre 25 milliards d’Euros, selon l’OPECST), qui ferait très peu diminuer, chez nous, les émissions de gaz à effet de serre, et qui présenterait en outre des dangers pour la stabilité du réseau électrique.

·         Si les périodes anticycloniques sont ensoleillées, le soleil est faible en hiver, surtout au nord. Le chauffage  solaire est, néanmoins, à encourager. La prochaine loi sur l’énergie prévoit l’installation de 50000 toits hybrides thermique + photovoltaïque par an dès 2010. L’addition des fonctions toit + chauffage + production d’électricité dans cette conception du bâtiment très innovante devrait  la rendre rentable, peut-être même sans subvention. Mais l’incidence restera marginale (0,2% du parc immobilier/an)

·         Le bois, que l’on peut stocker pourrait contribuer à la production, à la demande, d’électricité de pointe, surtout s’il est employé pour des besoins locaux, sans frais excessifs de transport.. Des efforts supplémentaires doivent être faits dans la recherche d’une production combinée de chaleur et d’électricité, particulièrement lorsque les demandes de pointe existent simultanément pour l’une et l’autre. Dans les pays nordiques, des régies municipales exploitent de vastes réseaux de chauffage urbain tout en produisant des énergies électriques importantes. Ces réalisations pourraient inspirer la création de nouveaux réseaux dans nos grandes villes, ou conforter celles qui existent déjà.

·         Au delà de l’EPR de Flamanville, EDF ne semble pas désireux d’investir dans les années à venir d’autres capacités de production nucléaire. Cette politique étonne, car, d’une part, sa mise en œuvre conduirait nécessairement à une augmentation des rejets de CO2, en contradiction avec les engagements que le gouvernement vient de prendre pour 2050, d’autre part. le renchérissement des énergies fossiles doit conduire l’électricité  nucléaire à une compétitivité accrue, même pour un fonctionnement en semi base.

·         Notre pays doit accélérer la mise en œuvre, à grande échelle, d’autres énergies telles que l’énergie solaire thermique (chauffe eau et planchers solaires), la géothermie de surface (avec des pompes à chaleur) et surtout, de la politique d’économies d’énergie dans tous les secteurs (meilleure isolation thermique des bâtiments existants et à venir, appareils électriques plus économes), etc. Les avantages fiscaux prévus dans la loi de finances ne suffiront probablement pas à faire décoller le programme avec l’ampleur désirée. Pour aller plus loin, on pourrait, par exemple,  instituer pour les investisseurs (particulièrement pour les particuliers) des garanties de résultats leur assurant que les remboursements des sommes investies et des intérêts seraient inférieurs  aux économies de combustibles réalisées. Le coût de ces mesures pourrait être financé par une taxe parafiscale sur l’énergie venant éventuellement en déduction des sommes envisagées actuellement pour le développement du programme éolien. « Sauvons le Climat » soutient  l’initiative prise par un collectif d’industriels de l’isolation, la fondation Nicolas Hulot, Jean Marc Jancovici et d’autres associations dans une lettre au Président de la République en faveur d’un programme  d’amélioration de  l’isolation des logements anciens.

 

La Corse est un lieu de prédilection pour le développement des énergies renouvelables. Le coût élevé du kWh fossile permet à l’éolien d’être compétitif. Mais son caractère intermittent déjà souligné (les éoliennes du Cap Corse n’ont guère aidé à surmonter la crise de cet hiver), implique l’existence de moyens de stockage qui pourraient être fournis par un meilleur équipement hydroélectrique. De même les installations photovoltaïques devraient-elles s’adosser à des moyens de stockage électrochimiques permettant d’assurer un service minimum en cas de coupure de courant. Enfin l’utilisation performante de la biomasse devrait être fortement encouragée, à la fois pour le chauffage individuel ou collectif et pour la fourniture d’électricité.

 

 

 

Le collectif »Sauvons le climat », fondé en mai 2004, a pour ambition d’informer nos concitoyens, de manière indépendante de tout groupe de pression ou parti politique, sur les problèmes relatifs au réchauffement climatique et sur les solutions proposées pour le ralentir. Il est doté d’un comité scientifique, présidé par Michel Petit, ancien responsable du groupe français d’experts au GIEC. Il est parrainé par d’éminentes personnalités scientifiques dont deux prix Nobel. Son manifeste a déjà été signé par plus de 1800 personnes.

 

 

H.Nifenecker

Secrétaire général du collectif « Sauvons le Climat »