Communiqué de Presse
 

L’éolien a-t-il joué un rôle dans la panne du 4 novembre


Lors de notre communiqué du 8 Novembre « Grande panne, grandes éoliennes, grands et petits profits » (www.sauvonsleclimat.org/lect_communiques.php?id_communique$),
nous laissions entendre que le parc éolien européen aurait pu avoir une influence négative sur le déroulement de la grande panne du 4 Novembre. Nous avions été immédiatement démentis par le SER. Nous pensons donc devoir faire le point sur cette question, maintenant qu’on en sait davantage sur le déroulement des faits.

Le rapport provisoire rendu le 30 novembre 2006 par une commission d'enquête internationale émanant de l'UCTE (coordination des électriciens européens) ne pointe pas explicitement la responsabilité de l’énergie éolienne, d’autres facteurs ayant manifestement concouru à la succession d’événements qui aboutirent à priver d’électricité 15
millions d’Européens dans la soirée du samedi 4 novembre. Néanmoins, il met en cause cette forme d’énergie, le mot « wind » n’étant pas cité moins de 64 fois. Il ressort de cet « Interim Report » que :
* d’une part, 60 % de la production éolienne du moment s'est volatilisée, en quelques secondes, de l'Allemagne (- 6254 MW) au Portugal (- 473 MW), en passant par l'Autriche (-780 MW) et l'Espagne (- 2800 MW), ce qui aggravé la situation de la partie ouest de l'Europe, laquelle s’était retrouvée en sous-production du fait de la défaillance de la liaison Landesbergen-Wehrendorf en Allemagne
* d’autre part, dans la zone Nord-Est de l'Europe, les « re-connexions automatiques [d’éoliennes qui s’étaient détachées du réseau] contribuèrent à la détérioration des conditions du système de cette zone (sur-fréquence de longue durée et grave surcharge des lignes de transport) [ce qui] compliqua le processus de restauration des conditions normales ».

Par ailleurs, bien que l'UCTE ne l'affirme pas explicitement, le constat suivant est plus que probable : la surcharge de la liaison Landesbergen-Wehrendorf provoquée par la coupure volontaire d’une ligne 400 kV enjambant la rivière Ems (pour qu’un bateau quitte son chantier naval) a sans doute été accentuée, dans la demi-heure qui suivit, par une hausse mal prévue de la production éolienne du Nord de l’Allemagne, comme le démontre l'étude circonstanciée en référence [1].

On ne peut donc que s’étonner de la prise de position précipitée (note a) du SER (Syndicat des Energies Renouvelables) qui, dès le 8 novembre, a communiqué sur le thème « les éoliennes n'ont aucune responsabilité dans la panne d'électricité qu'a connue l'Europe de l'Ouest samedi 4 novembre ». Considérant que « la production éolienne est parfaitement prévisible à 24 heures et laisse aux gestionnaires de réseau les capacités de gérer au mieux leur courbe de charge », le SER va jusqu’à affirmer que « loin d’avoir concouru à la panne, la production éolienne a contribué au rétablissement d’une situation normale de production d’électricité ».

Sans doute le SER ne tenait-il pas à ce qu'on sache que l'éolien industriel peut s'avérer nuisible pour la stabilité du réseau électrique, sans, pour autant, présenter d’avantages significatifs, en France, dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Pourtant il y a peut-être moyen d’améliorer le comportement des éoliennes, ne serait-ce que par un élargissement de leurs bandes de fréquence opérationnelles, même si leur faible inertie ne les prédispose guère à être de bons soutiens de la fréquence d'un réseau. Surtout des mesures administratives devraient obliger de telles installations, petites mais très nombreuses, à participer à la sécurité globale, quel que soit le réseau, de transport ou de distribution, auquel elles sont raccordées. C’est d’ailleurs ce que recommande le rapport ERGEG (cf. § 3.3. de [2]) des régulateurs européens déplorant, le 20/12/2006, que l’on ait, jusque là, excessivement « évité de créer trop de barrières à l’entrée de ces installations [de production d’énergie renouvelable] sur le marché ».



« Sauvons le Climat » vous présente ses meilleurs voeux

Dernière nouvelle:
Le manifeste de "Sauvons le Climat" est paru in extenso dans le Figaro du 26 Décembre, sous la signature de trois illustres membres de notre comité de parrainage, Georges Charpak, Pierre Gilles De Gennes et Jean Marie Lehn.



[1] « Samedi 4 novembre 2006 : la faute à Eole ou/et E.ON ? », sur le site de « Sauvons le Climat » www.sauvonsleclimat.org/documents-pdf/panne
[2] « ERGEG’s Interim Report on the Lessons to be learned from 4 november black-out », sur le site de la Commission de Régulation de l’Energie (www.cre.fr).


(note a)« Sortir du Nucléaire » a fait mieux, imputant dès le lendemain l’incident à la sur-consommation et … aux centrales nucléaires, bien sûr.


Le collectif «Sauvons le climat» fondé en mai 2004, association loi 1901 depuis Décembre 2005, a pour ambition d’informer nos concitoyens, de manière indépendante de tout groupe de pression ou parti politique, sur les problèmes relatifs au réchauffement climatique et sur les solutions proposées pour le ralentir. Il est doté d’un comité scientifique, présidé par Michel Petit, ancien responsable du groupe français d’experts au GIEC. Son manifeste a été signé par plusieurs milliers de personnes.

La signature du manifeste et les adhésions sont possibles sur le site www.sauvonsleclimat.org