Pour l'association « Sauvons le Climat » le réchauffement climatique est le danger environnemental majeur menaçant l’humanité. Le récent livre de James Lovelock, un des pères de l’écologie globale, « The Revenge of Gaia » le souligne excellemment. Y faire face implique un effort tout particulier dans le domaine de l'énergie : côté usage, il faut en réduire la consommation, côté production il faut utiliser au maximum les filières énergétiques non émettrices de gaz à effet de serre. Parmi celles-ci, le nucléaire a un rôle essentiel à jouer.
Bien entendu, cette forme d'énergie doit être développée avec toutes les précautions qu'elle requiert. Mais elle ne pourra pas l’être dans un climat généralisé de peur et d'anxiété. Or les campagnes alarmistes auxquelles nous assistons périodiquement ont précisément pour but de répandre cette peur et d'aboutir ainsi au rejet du nucléaire, ce qui rendra extrêmement difficile sinon impossible la division par deux des rejets de gaz carbonique nécessaire à la stabilisation de la température globale. L’amplification systématique des conséquences radiologiques de la catastrophe de Tchernobyl tient une place importante dans ces campagnes idéologiques. Elle risque de prendre une ampleur toute particulière à l'occasion du vingtième anniversaire de ce tragique événement. C’est pourquoi « Sauvons le Climat » lance un appel aux médias pour que soit donnée à cette occasion une information aussi complète que possible, ayant le souci de refléter, en toute transparence, la réalité des faits.
Va-t-on, une nouvelle fois, assister au dialogue de sourds habituel entre, d’une part, ceux qui voient dans la catastrophe la justification de leur exigence de sortie du nucléaire, et, par là, tiennent à en gonfler le plus possible les conséquences et, d’autre part, ceux qui se réfèrent aux estimations des organismes officiels internationaux et des médecins spécialistes et épidémiologistes français ? Il est difficile de nier que, jusqu’à présent, les médias ont ouvert davantage leurs colonnes et leurs antennes aux premiers. Saura-t-on saisir l’occasion de présenter objectivement les arguments présentés de part et d’autre ?
Quelle est l’amplitude de la catastrophe en termes de décès constatés ? En termes de cancers ? En août 2005 le Forum Tchernobyl (réunissant l’OMS, l’IAEA, le PNUD, l’OCHA, le PNUD, la FAO, l’UNSCEAR, la Banque Mondiale, et les gouvernements de la Biélorussie, de la Russie et de l’Ukraine) publiait un rapport sur les conséquences sanitaires de la catastrophe. Ce rapport évalue le nombre de décès déjà constatés causés par l’irradiation à une cinquantaine parmi lesquels ceux associés aux 4000 cancers de la thyroïde apparus chez des enfants contaminés par les retombées d’Iode radioactif et heureusement, en grande majorité, soignables. On s’attend à ce que quelques milliers de cancers supplémentaires de ce type apparaissent dans les années à venir. Un modeste excès de leucémies semble aussi être observé chez les « liquidateurs (ceux qui sont intervenus sur le site après la catastrophe) », mais pas dans la population.
Par ailleurs, toujours selon le Forum Tchernobyl, des calculs statistiques prévoient que, dans les cinquante prochaines années, il pourrait apparaître un maximum de quatre mille cancers mortels en excès des cent cinquante mille « normalement » attendus chez les « liquidateurs » et les populations significativement irradiées .
D’autres estimations comme celle citée dans le livre « De Tchernobyl en Tchernobyls » sont plus importantes, atteignant 20000 cancers pour une population européenne irradiée par le nuage de l’ordre de cent millions d’habitants. Le nombre de cancers de toutes sortes attendus pour une telle population non irradiée est de l’ordre de vingt millions. Et, parmi ceux-ci, ceux provoqués par la radioactivité naturelle seraient de l’ordre d’un demi-million. On voit que l’excès de cancers éventuellement dû à Tchernobyl serait trop faible pour qu’on puisse un jour le mettre en évidence. Ceci est d’autant plus vrai que l’on a été incapable, jusqu’à présent, de démontrer clairement l’existence d’un effet de la radioactivité naturelle elle-même qui, pourtant, sur une vie, aura délivré aux européens un dose d’irradiation plusieurs dizaines de fois plus grande que celle due à Tchernobyl.
Toutes ces estimations sont basées sur une extrapolation linéaire au domaine des faibles doses étalées dans le temps (de l’ordre de la radioactivité naturelle) des observations faites sur les survivants des explosions d’Hiroshima et Nagasaki qui avaient été exposés à des doses élevées et instantanées, Quelle est la justification de ces extrapolations, alors que de très nombreux experts, médecins et épidémiologistes, les mettent en cause et les considèrent comme très pessimistes ? On doit noter aussi que, pour pratiquement tous les facteurs cancérigènes autres que les radiations (tabac, alcool, dioxines, polluants atmosphériques) la relation linéaire entre doses et effets n’est pas appliquée, les faibles doses étant moins efficaces que les fortes.
Certains ont cru devoir montrer des images d’enfants atteints de malformations (hydrocéphalies par exemple) et en attribuer la cause aux retombées radioactives de Tchernobyl. Sur quels arguments reposent ces attributions ? Il y a malheureusement dans toute population une certaine proportion de malformations et le rapport du Forum déjà cité conclut a l'inexistence de tout excès de malformations dans la région de Tchernobyl. N’en trouve-t-on pas tout autant dans des régions de l’ancienne URSS qui n’ont jamais connu le nuage de Tchernobyl ? De plus, comment distinguer les effets tératogènes des radiations de ceux de l’alcool et de la drogue qui ont fait des ravages dans la plupart des pays de l’ex URSS ?
Il est parfaitement reconnu que l’état de santé d’une fraction importante des populations ukrainienne et biélorusse s’est détérioré depuis la catastrophe. Pour les uns, cette détérioration est, évidemment, due aux radiations. Pour les autres, en particulier pour le Forum Tchernobyl, elle est essentiellement due au stress post-traumatique, lui-même en partie conséquence d’erreurs dans la gestion post-catastrophe. Il faut, de plus, rappeler que les effets sanitaires de la catastrophe se superposent à une dégradation générale de la santé publique dans tous les pays de l’ex URSS par suite de l’effondrement du système de santé et du niveau de vie d’une partie de la population. Ne serait-il pas utile d’éclairer ce débat en donnant équitablement la parole aux tenants des deux thèses ?
La CRIIRAD, Greenpeace et « Sortir du Nucléaire », entre autres, accusent l’ONU et ses agences de dissimulation et de mensonge. Ils portent les mêmes accusations contre les autorités de sûreté françaises, les Académies des Sciences et de Médecine et les médecins français qui ont soigné les enfants ukrainiens et biélorusses malades de cancers de la thyroïde. L’existence d’un complot mondial réunissant toutes ces institutions et sommités médicales dans le but de cacher la vérité concernant Tchernobyl est-elle crédible alors que les Etats engagés dans le développement du nucléaire civil sont minoritaires au sein de l’ONU ?
Concernant notre pays, le grand jeu consiste à démontrer que le gouvernement ou les experts ont menti pour « sauver » le nucléaire français. Certes on n’ose plus accuser le Professeur Pellerin d’avoir prétendu que le « nuage s’était arrêté aux frontières », puisqu’il a gagné régulièrement tous les procès en diffamation qu’il a intentés. Mais on laisse entendre que ses services auraient « trafiqué » les cartes de dépôts de radioactivité (reconnaissant d’ailleurs par-là que, pour eux, la frontière n’avait pas été infranchissable). Il est clair que les autorités politiques de l’époque, convaincues que l'éloignement de la France l'avait préservée du danger, ont cherché à éviter de paniquer inutilement la population. Au bout du compte la vraie question n’est-elle pas de savoir si la politique choisie par le gouvernement de l’époque a eu des conséquences néfastes ? Rien ne permet de le penser à ce jour. Les procédures en cours répondront peut-être plus précisément à la question. En attendant ne pourrait-on comparer les situations des pays ayant eu des politiques différentes ? Depuis 1975, soit 11 ans avant la catastrophe de Tchernobyl, le nombre de cancers de la thyroïde croît dans tous les pays industrialisés. En dehors de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie, la catastrophe de Tchernobyl a-t-elle accéléré cette croissance ? Est-elle plus rapide dans les pays et les régions où les retombées ont été les plus importantes ?
L'association « Sauvons le Climat », moins compétente que d’autres sur le nucléaire, ne cherche pas, par ce communiqué, à minimiser la catastrophe de Tchernobyl et ses conséquences. Elle souhaite voir se développer une véritable et exigeante recherche de la vérité sur les conséquences de cette catastrophe, au prix, éventuellement, de difficiles remises en question, ainsi qu’un effort de diffusion objective de cette vérité par les médias.
Le collectif "La vérité sur Tchernobyl", créé par notre ami André Pellen, diffuse une pétition qui a notre soutien. Nous vous appelons donc à la soutenir et à la signer. L'adresse pour obtenir le texte de la pétition et la soutenir est apellen@tele2.fr
Manifeste de Sauvons le Climat
http://gasnnt.free.fr/sauvonsleclimat/f-manifeste.php
http://gasnnt.free.fr/sauvonsleclimat/f-tchernobyl.php
Les thèses des organisations anti-nucléaires se trouvent sur leur sites, généralement bien connus.
Rapport complet du Forum Tchernobyl (en anglais)
(AIEA), OMS), (PNUD), (FAO), (PNUE), (OCHA) de l’ONU, (UNSCEAR) et la Banque mondiale, ainsi que des gouvernements du Bélarus, de la Russie et de l'Ukraine.
http://www.who.int/ionizing_radiation/a_e/chernobyl/-EGH%20Master%20file%202005.08.24.pdf
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2005/pr38/fr/
Questions-Réponses OMS
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2005/pr38/fr/index1.html
Description de la catastrophe et de ses conséquences (Rapport SFEN)
http://www.sfen.org/fr/societe/accidents/sommaire.htm
Pr.A.Aurengo
http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/AurengoTchernConseqSanitair.doc
Conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl en France
P.Galle, R.Paulin et J.Coursaget
http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/Thernobyl-France-03.pdf
Compte rendu détaillé de la communication sur la catastrophe en France au mois de Mai 1986
Par Pierre Schmitt
http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/Tchernobyl-Schmitt-04.htm
À propos des effets des radiations sur la santé.
Par Roland Masse
http://sfp.in2p3.fr/Debat/debat_energie/websfp/masse.htm
http://www.academie-medecine.fr/upload/base/rapports_228_fichier_lie.rtf