Le bureau national du parti socialiste vient de faire connaître son « Projet
pour la France ». Se voulant politiquement neutre « Sauvons le Climat » ne
saurait se prononcer sur l’ensemble de ce programme. C'est cependant son rôle de
porter une appréciation sur les propositions de ce programme qui concernent la
lutte contre le réchauffement climatique, ou qui ont des incidences évidentes
sur les émissions de gaz à effet de serre. Nous avons été très surpris de voir
que la lutte contre le réchauffement climatique n’y est pas mentionnée.
Nous n’avons trouvé nulle part le terme « effet de serre ». Pourtant, le
récent rapport de la Mission d’Information sur l’Effet de Serre, présidée par un
député PS (Jean-Yves Le Déaut), comporte dès le premier paragraphe la phrase
suivante: « tous les députés, membres de la mission parlementaire, partagent une
même conviction, le changement climatique constitue la plus grande menace du
XXIème siècle. »
Le parti Socialiste peut-il ignorer un défi présenté comme majeur par tous ceux
de ses députés qui ont participé à la mission ? Les militants sont invités à
enrichir le projet. Espérons qu’ils sauront le faire, en particulier, sur ce
point.
Le Parti Socialiste retient-t-il l’objectif de division par 4 des rejets de gaz
à effet de serre à l’horizon 2050 ? Si oui, que propose-t-il de faire pour
l’atteindre ? Si non, se fixe-t-il un autre objectif ? Lequel ?
Le projet du PS mentionne des objectifs qui sont incontestablement pertinents :
économiser l’énergie, développer les transports en commun, encourager les
transports collectifs « propres », développer les énergies renouvelables,
appliquer une fiscalité écologique au volet énergie. Il est vraisemblable que
tous les partis aspirant à nos suffrages proposeront de tels objectifs, et c’est
heureux. Il lui faut donc les préciser de façon plus quantitative pour les
rendre véritablement crédibles.
Quelle logique justifie la proposition de réduire la part du nucléaire ? La
production d'énergies renouvelables est limitée pour des raisons physiques et
économiques. Par la force des choses, la proportion de ces énergies qui serait
affectée à la diminution du nucléaire ne serait pas disponible pour réduire la
consommation d’énergie fossile. Il ne saurait, en effet, y avoir compétition
entre énergie nucléaire et énergies renouvelables: elles sont complémentaires
pour recourir de moins en moins aux énergies fossiles.
L’électricité sera probablement appelée à jouer un rôle de plus en plus
important (par exemple pour alimenter nos véhicules en énergie) mais devra
impérativement être produite sans émission de gaz à effet de serre. A cet égard,
il convient de mentionner qu’en Allemagne les électriciens s’apprêtent à
relancer le charbon si le gouvernement persévère dans son souhait de « sortie du
nucléaire ». Même si des slogans nous invitent à ne pas choisir entre la « peste
fossile et le choléra nucléaire », les ordres de grandeur nous obligent, que
nous le voulions ou pas, à alimenter nos centrales soit en matériaux
fissiles, soit en combustibles fossiles générateurs de gaz à effet de serre.
Rappelons que 38 réacteurs sur 58 ont été mis en service sous la présidence de
François Mitterrand. La politique poursuivie par le parti socialiste quand il
était au pouvoir a permis à notre pays d’alléger considérablement sa dépendance
aux combustibles fossiles et de prendre de l’avance en mati ère de baisse des
émissions de gaz à effet de serre. Les socialistes vont-ils renoncer à une
telle politique, alors que le risque d’un changement climatique grave ne cesse
de se préciser ?
Pour « Sauvons le Climat » une politique ambitieuse de réduction des émissions
de gaz à effet de serre doit s’engager en urgence dans les directions suivantes:
1. Abandonner aussi rapidement que possible l’usage du fioul, du gaz et du
charbon pour le chauffage des bâtiments. Ceci pourrait être largement engagé
dans la prochaine législature en mettant hors la loi les chaudières à fioul, à
gaz et à charbon. En fin de vie, celles-ci devraient donc être obligatoirement
remplacées par des systèmes non émetteurs de gaz carbonique(bois-énergie,
chauffage solaire, pompes à chaleur, puits canadiens, chauffage électrique).
2. Poursuivre et amplifier les actions déjà engagées visant à améliorer les
performances thermiques des habitations avec un effort tout particulier à
l’égard du bâti ancien.
3. Ne pas accepter l’augmentation (en réalité, déjà en cours) des émissions dans
le secteur de la production électrique. Toutes les nouvelles installations
devraient remplir une condition de très faible émission nette de gaz carbonique,
c’est à dire qu’elles devraient mettre en oeuvre des énergies renouvelables ou
nucléaires, ou encore des énergies fossiles sous condition de capture et
séquestration du gaz carbonique.
4. Diminuer la dépendance des transports à l’égard du pétrole en développant,
indépendamment des transports en commun, l’utilisation de véhicules électriques
ou hybrides rechargeables (généralisation de places de parking dédiées avec
borne de recharge, mise en place d’un système d’échange standard de batteries
etc.). Taxer les véhicules neufs en fonction de leurs rejets de gaz carbonique
comme cela avait été envisagé mais non mis en oeuvre. Sécuriser les déplacements
doux comme le vélo.
5. Utiliser les déchets organiques, en particulier agricoles, pour produire
directement de l’énergie ou des bio-carburants.
6. Limiter l’emploi des engrais azotés en agriculture au strict nécessaire, les
oxydes d’azote étant de puissants gaz à effet de serre.
7. Relever progressivement la fiscalité sur tous les combustibles fossiles,
faute de quoi les mesures « techniques » engendreraient facilement un effet de
vases communicants.
Sauvons le Climat adjure tous les partis politiques de mettre enfin sur pied un
programme sérieux de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Ceci
aura, de plus, comme conséquence heureuse de diminuer notablement la dépendance
de notre pays à l’égard du pétrole et du gaz. Nous pourrons ainsi nous
positionner, sur le plan mondial, comme un pays leader dans la lutte contre le
dérèglement climatique dont l’importance dominera de plus en plus les relations
politiques et économiques internationales.
Le collectif «Sauvons le climat», fondé en mai 2004, association loi 1901
depuis Décembre 2005, a pour ambition d’informer nos concitoyens, de manière
indépendante de tout groupe de pression ou parti politique, sur les problèmes
relatifs au réchauffement climatique et sur les solutions proposées pour le
ralentir. Il est doté d’un comité scientifique, présidé par Michel Petit, ancien
responsable du groupe français d’experts au GIEC. Son manifeste a été signé par
plusieurs milliers de personnes.
La signature du manifeste et les adhésions sont possibles sur le site
www.sauvonsleclimat.org