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Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi, Main basse sur l'école, Paris, Démopolis, 2008
« Voilà un livre à lire absolument pour comprendre la situation scolaire et les débats éducatifs d'aujourd'hui. L'ouvrage se présente comme un enquête - presque un "thriller" - centrée sur la dénonciation d'un projet qui, malgré les apparences, n'a rien d'improvisé ni d'incohérent. La libéralisation de l'école y apparaît comme une perspective mûrie de longue date, avec des objectifs précis et des étapes qui sont en train de se dérouler sous nos yeux : appuis au développement de l'enseignement privé, mise en place de la concurrence systématique avec l'enseignement public, mécanismes subtils de privatisation de ce dernier...»
"De la France, Les chemins de terre" de Jluc Pujo
envoyé par jlpujo
La
Faute de M. Monnet
A quelques mois des célébrations du cinquantenaire du Traité de Rome,
Jean-Pierre Chevènement met les points sur les "i" au sujet de Jean Monnet.
Il était temps ! L'ancien ministre de l'Intérieur rappelle que Jean Monnet
écrivait d'Alger, en mai 1943, à Henri Hopkins, conseiller du Président
Roosevelt : « Il faut le détruire », en parlant du général de Gaulle. La
reconstitution des souverainetés nationales en Europe était la hantise de
Jean Monnet. Dès cette époque, il pense l'organisation future de l'Europe
contre l'idée de souveraineté. Prescience géniale de la nécessité de
constituer l'Europe comme un grand marché régi par une autorité
supranationale unique ou complot objectif contre le souveraineté populaire,
qui est au principe de la République, au bénéfice d'un capitalisme
euratlantique dominé par les Etats-Unis ? Plus de soixante ans après, le 29
mai 2005, le peuple français a rejeté le projet de «Constitution
européenne». La «méthode Monnet», celle des engrenages et des faits
accomplis, peut-être utile pendant un temps, a trouvé ses limites. Dans la
«mondialisation», la République entend à nouveau faire entendre sa voix,
celle des peuples. C'est cette voie nouvelle, celle d'une autre Europe, que
Jean-Pierre Chevènement propose d'explorer : comment articuler l'idée
européenne et la souveraineté populaire, le progrès social et l'exigence
démocratique ? Ne serait-il pas temps aussi de penser l'Europe dans sa
grande dimension, jusqu'à la Russie, pour construire avec les peuples qui le
voudront, l'acteur stratégique dont nous avons besoin au XXIe siècle ? Pour
faire marcher ensemble l'Europe et la République, le moment est venu
d'inventer, audacieusement, conclut Chevènement. Encore faut-il un candidat
présidentiel ayant cette vision... Pour sûr, elle n'est pas socialiste et
elle n'est pas l'UMP. Il n'y a donc guère de chance pour qu'elle soit
présente, à travers l'un des porte-parole du "non", au second tour de
l'élection présidentielle de 2007, à moins que...? Chevènement ne connait
peut-être pas cette anecdote : le portrait de Jean Monnet remplace même,
depuis 2002, à l'entrée du Groupe UMP à l'Assemblée nationale celui...du
Général de Gaulle. Le symbole a rejoint les actes. Au moins, c'est plus
clair qu'à l'époque du RPR affichant Croix de Lorraine et processions
hypocrites à Colombey, alors que le parti était en train de
larguer définitivement le gaullisme. La Faute M. Monnet, Paris, éd. Fayard,
coll. «L'idée républicaine», 2006 (148 pages).
Atlas des nouvelles fractures sociales en France (Christophe Guilluy et Christophe Noyé) Autrement, 2004
Rassemblant des données souvent éparses, les deux géographes Christophe Guilly et Christophe Noyé dressent une nouvelle cartographie des relégations sociales. Bien sûr, on savait déjà que les couches populaires étaient expulsées vers la périphérie. Mais cet Atlas en démonte les mécanismes. Il tord le cou à cette notion fourre-tout de « classe moyenne » qui prétend mettre dans le même sac l’employé et le cadre supérieur. Si les « cadres et professions intellectuelles supérieures » se sont emparés des centres-villes et ont quasiment monopolisé le discours politique, les employés – les cols blancs –, qui avaient cru, un temps, pouvoir se rapprocher des cadres, ont subi de plein fouet la précarisation des emplois, et leurs conditions de vie se sont rapprochées de celles des ouvriers. Le phénomène commence d’ailleurs à toucher les professions intermédiaires (instituteurs, infirmiers...).
Enfin – et ce n’est pas le moindre de leurs mérites –, les auteurs s’inscrivent en faux contre l’« ethnicisation » des problèmes sociaux, en montrant que certaines banlieues qui avaient été des lieux de socialisation sont devenues des zones de désintégration sociale.
Martine Bulard LE MONDE DIPLOMATIQUE | décembre 2004 |
"Pour l'Europe, votez non !”
le dernier
livre de Jean-Pierre Chevènement
Dans un monde qui a
radicalement changé depuis le traité de Rome (1957), la construction
européenne reste sur les rails d'un choix libéral qui en fait un marché
ouvert à tous les vents et offert à tous les coups.
Le projet de constitution européenne n'a pris la mesure d'aucun des défis du monde d'aujourd'hui : globalisation financière, hégémonie désormais sans rivale des États-Unis appuyés sur le dollar et sur le pétrole, irruption de l'Asie, mise en concurrence des territoires et des mains-d'œuvre par les multinationales, guerres des civilisations présentes et à venir.
Nos concitoyens, depuis l'adoption du traité de Maastricht en 1992, n'ont eu qu'un avant-goût de ce qui les attend : désindustrialisation, enfoncement dans la stagnation de longue durée et dans un chômage de masse, inféodation extérieure, déchirements intérieurs.
Le projet de constitution européenne, s'il était adopté, nous désarmerait et nous marginaliserait pour longtemps.
Il y a une autre voie : celle qui consiste, à partir de la France, justement parce qu'elle est la France, le pays fondateur de l'entreprise européenne par excellence, à dire non à cette dérive mortifère et à inventer un autre chemin. Ce "non républicain" pourra permettre de construire un acteur stratégique européen indépendant à partir des nations qui le voudront. Il n'y aura pas d'Europe qui vaille hors de cette volonté d'indépendance. Faisons la surgir et d'abord dans notre peuple.
C'est à ce recommencement qu'invite Jean-Pierre Chevènement en nous incitant à saisir la chance d'un "non républicain".
La gauche est en crise. Elle
croit s'en sortir en se jetant à corps perdu dans la construction
européenne. Elle y cherche un substitut au socialisme. Mais l'Europe
elle-même est en crise. Le référendum sur la « constitution européenne »
est l'occasion de dresser un bilan de la construction européenne.
Dans son livre, Georges Sarre retrace à la fois les étapes de cette
construction et les combats de la gauche. C'est la condition pour y voir
clair dans le débat d'aujourd'hui. La conclusion est sans appel : la
construction européenne est profondément libérale et oligarchique.
L'Europe est un programme politique : celui des libéraux ! Pas celui de
la gauche.
Après vingt ans de dérive libérale, Georges Sarre invite les
républicains de gauche à fermer cette parenthèse. Il appelle à se
mobiliser contre cette Europe, dédiée au marché, qui serait entérinée
avec le projet de constitution.
GEORGES SARRE, ancien Ministre, est Premier Secrétaire du Mouvement
Républicain et Citoyen. Ami fidèle de Jean-Pierre Chevènement, il a
partagé avec lui tous les combats, de la fondation du Parti Socialiste
lors du congrès d'Épinay en 1971, à la campagne présidentielle de 2002.
Il a fait sienne la devise de Jaurès : « Le courage, c'est de chercher
la vérité et de la dire. » Il a été député à l'Assemire du XIe
arrondissement de Paris et Président du groupe MRC au Conseil de Paris.
Les droits d'auteur seront reversés au M.R.C..