les rubriques du mdc

INTERVENTION DE GEORGES SARRE
REUNION PUBLIQUE - CRETEIL -

Samedi 23 mars 2002


Chers Amis,

Dans vingt neuf jours, ce sera le premier tour. Loin de se décanter, la situation n'a jamais été aussi confuse ni aussi incertaine. Près d'un électeur sur deux demeure indécis.

Les Françaises et les Français persistent à se désintéresser massivement d'une campagne électorale méthodiquement confisquée au profit des deux candidats sortants, des deux compères de cinq années de cohabitation.

Cette confiscation de la campagne a pour but de détourner l'attention des vrais enjeux et de la focaliser sur de faux débats.

 

 


 

l'affrontement dérisoire de deux hommes et de deux clans

Ce qui est en cause, c'est la survie de la République et de la France ; c'est aussi l'orientation de la construction européenne, qui est à une redoutable croisée des chemins. C'est le sort du monde du travail qu'on est en train de soumettre à la loi de l'argent, toujours plus, et donc à la loi de la jungle, sous prétexte d'ouverture, de concurrence, de déréglementation, de flexibilité.

Or, ce à quoi la classe politique, les médias, les candidats sortants eux-mêmes réduisent systématiquement le débat, c'est à l'affrontement dérisoire de deux hommes et de deux clans celle de l'Etat PS et celle de l'Etat RPR, qui pour l'essentiel, sont d'accord sur tout !

Nous assistons à un étouffement de la République et de la démocratie. Plus besoin de coups d'Etat à grand fracas. C'est le lacet de l'étrangleur. Point de bruit. Une lente asphyxie.

Sur les médias, il n'y en a que pour les deux compères cohabitants et pour leurs lieutenants. Rien ou presque pour les autres. C'est un déni de justice.

 

 

 
un discours insidieux et lancinant tendant à faire croire que le premier tour est joué
Mais, il y a aussi et surtout, de la part de la plupart des médias, un discours insidieux et lancinant tendant à faire croire que le premier tour est joué, que le second opposera nécessairement Chirac et Jospin, que les Françaises et les Français n'ont le choix qu'entre le pareil et le même et que les autres candidats ne sont là que pour leur servir de rabatteurs, ce qui est malheureusement vrai d'un grand nombre d'entre eux, ou bien pour certains, pour apporter un témoignage particulier qui n'a guère sa place dans une élection présidentielle.

A moins qu'ils n'aient une fonction particulière, comme c'est le cas depuis des lustres de Monsieur Le Pen, dont le premier mandat parlementaire remonte à quarante six ans en arrière, ou de Madame Laguiller, qui en est à sa cinquième élection présidentielle. Ils ont la fonction de fixer sur des positions extrémistes les voix de plus en plus nombreuses des mécontents qui souhaitent de profonds changements ; ce faisant, le vieux cheval de retour de l'extrême droite et la madone inoxydable des travailleuses et des travailleurs jouent fondamentalement le même rôle, le même rôle utile au système qu'ils disent combattre : ils stérilisent ces voix, car à supposer que l'un ou l'autre accède au second tour, il y serait inévitablement battu. Ainsi donc, nous n'aurions le choix qu'entre Jospin et Chirac.

Ce bateleur d'estrade, en embuscade depuis cinq ans en son château de l'Elysée, et qui espère qu'aujourd'hui, l'oubli des promesses non tenues va permettre de le ramener à la réalité du pouvoir.

Jospin, l'austère aux lapsus si délicieux, dont le discours professoral théorise la bonne organisation du déclin, ce champion toutes catégories des privatisations, cet homme de gauche prétendue, qui est le cher ami de Monsieur Blair, qui est le cher ami de Monsieur Berlusconi.

Non nous ne l'acceptons pas. L'élection présidentielle doit être l'occasion d'un sursaut. Elle n'est pas jouée d'avance au profit de Chirac ou de Jospin, contrairement à ce qu'on veut nous faire croire.

 
   
L'insécurité sociale frappe trop de salariés.
La société française souffre. Elle est malade. L'insécurité sociale frappe trop de salariés. L'insécurité sociale frappe depuis trop d'années. La précarité de l'emploi devient la règle. Les contrats à durée déterminée se multiplient. Le travail temporaire imposé s'étend. Les licenciements de masse se répandent. Les plans sociaux succèdent aux plans sociaux. Les usines les mieux établies sont à leur tour menacées. Les ouvriers, les employés, les cadres ont l'impression de n'être que des Kleenex. Souvenons-nous Michelin, Moulinex, Danone, les " Lu " et bien d'autres.

Pourquoi tant de sinistres industriels ? Les actionnaires veulent leurs dividendes. Les actionnaires veulent une rentabilité de 15 %. En 1983, la répartition des revenus était aux trois quarts pour le travail et un quart pour le capital. En 1998, cette répartition était de deux tiers pour le travail et d'un tiers pour le capital. Sans commentaires.

En 1983, Lionel Jospin déclarait ouverte une parenthèse libérale. Il ne l'a toujours pas fermée. Et, il ne compte toujours pas la fermer, bien au contraire. En 1983, Jean-Pierre Chevènement quittait le gouvernement. Il refusait cette soumission au marché. Il savait où nous conduirait cette dérive libérale. Il voulait une politique industrielle.

 

 
Plus de mille entreprises privatisées en cinq ans. Qui dit mieux ?
Oui, je l'avoue, parfois je me demande si je ne me suis pas trompé. Quand Lionel Jospin a parlé de droit d'inventaire, j'ai cru qu'il parlait des deux septennats de François Mitterrand. Aujourd'hui, je pense qu'il visait seulement les deux premières années. Le droit d'inventaire de Lionel Jospin, c'est la remise en cause de la retraite à soixante ans. Le droit d'inventaire, c'est la liquidation des nationalisations, même les plus anciennes, plus de mille entreprises privatisées en cinq ans. Qui dit mieux ? Le droit d'inventaire, c'est l'abandon de toute politique industrielle. Le droit d'inventaire se résume par cet aveu terrible de Lionel Jospin devant les licenciements par Michelin pour convenance boursière : " L'Etat ne peut pas tout ". Traduisez le gouvernement ne veut rien faire.

Comme Jacques Chirac, Lionel Jospin, partage avec Tony Blair, José Maria Aznar et Silvio Berlusconi la même conception d'une Europe libérale. Les socialistes français parlent d'une Europe sociale depuis des décennies alors que nous vivons d'année en année une régression sociale sans précédent. Le droit du travail est démantelé pour que le chômage demeure la meilleure variable d'ajustement. La flexibilité se transforme bien vite en marche inflexible vers l'exclusion. Sauf les détenteurs d'un patrimoine conséquent, nul n'est aujourd'hui à l'abri de perdre son emploi et de sombrer en quelques mois dans l'exclusion, qui s'avérera bientôt sans retour. Alors, pour éviter la misère de masse, pour contenir la rue, ils ont généralisé et veulent généraliser l'assistanat qui ira bientôt du berceau au tombeau. Ainsi, tant d'aides à l'emploi se révèlent des trappes à pauvreté pour les femmes et pour les jeunes. Ainsi, tous les CES ou autres petits boulots qui sont laissés sans perspective. Ainsi, le SMIC-jeunes d'Edouard Balladur que Lionel Jospin reprend sous le nom d'allocation d'autonomie. Ainsi, les préretraites imposées qui excluent des salariés d'expérience.

 
   
Avec la disparition du rôle de la loi au profit du contrat, l'insécurité s'établit dans les relations du travail.
Avec la disparition du rôle de la loi au profit du contrat, l'insécurité s'établit dans les relations du travail. Issue du débat public et démocratique entre les citoyens, la loi protège les plus faibles, parce qu'elle est égale pour tous. La loi, expression de l'intérêt général, est garantie par la puissance de l'Etat. Le contrat est le fruit d'un rapport de forces entre des parties privées, donc rarement entre des parties égales. Le contrat consacre l'infériorité du faible. Le contrat laisse seul l'employé devant l'employeur. Certes, il y a le syndicat. La vocation du syndicalisme est même d'essayer de rééquilibrer le rapport de forces. Mais, chacun sait combien ce rééquilibrage est difficile, combien l'employeur possède de moyens pour l'entraver. La force du syndicalisme dépend d'abord de l'adhésion des salariés. Mais, elle doit aussi être confortée par le rempart de la loi. Le monde du travail a donc besoin d'une République sociale vigoureuse, qui sache s'affirmer et se faire respecter. Sous couvert de dialogue social, Jacques Chirac et Lionel Jospin veulent favoriser le contrat. Ils ne manquent pas une occasion pour faire l'éloge du contrat. Quand ils ont recours à la loi, ils n'hésitent pas à la rendre bavarde et imprécise. La prolifération réglementaire qui en résulte n'est en réalité qu'une illusion fragile de protection bureaucratique.

Le programme commun de renoncement présenté respectivement par Jacques Chirac et par Lionel Jospin n'apporte aucune solution en profondeur. Au mieux, ils proposent quelques mesures cosmétiques supplémentaires et ajoutent des vœux pieux à une liste déjà longue. Pour le reste, malgré leurs dénégations, ils n'envisagent que d'ajouter du libéralisme au marché. Ils ne tirent aucun enseignement de l'expérience. Car, au-delà des promesses, il y a les faits. De Barcelone, nos deux compères de la cohabitation sont revenus tout heureux en criant victoire. Ils ont capitulé sur tout, mais ils ont obtenu de leurs complices la possibilité de sauver la face. A quelques semaines de l'élection présidentielle, c'était la seule chose qui comptait pour eux.

 

 

 
La liquidation des services publics, d'abord par l'ouverture de leur capital, puis par leur complète privatisation
Car en réalité, il y a exactement deux ans, un autre sommet européen, auquel ils participaient aussi, décidait l'accélération de la libéralisation de secteurs tels que le gaz, l'électricité, l'eau, les services postaux, les transports. Cette liste n'est pas exhaustive. On sait qu'elle s'étend à la santé, à l'Ecole, aux transports urbains et encore à d'autres fonctions de l'Etat. A Barcelone, ils n'ont pas remis en cause les intentions de Lisbonne, qui ont pourtant montré en deux ans leur perversité et leur nocivité.

Regardons certains bilans. France Télécom connaît un endettement spectaculaire. Or, avant l'ouverture de son capital, France Télécom était une grande entreprise publique moderne qui marchait bien et gagnait de l'argent. Mais, les bien pensants demandaient avec force le changement de statut pour faire place à la mondialisation libérale. Ils prophétisaient son déclin si la privatisation n'intervenait pas au plus tôt.

Quelques années se sont écoulées et les résultats sont là. Plus de 60 milliards d'Euros de dettes. Le Président Directeur Général se déclare responsable et demande la privatisation de la filiale TDF. Que va faire l'Etat ? Suivre et garder le Président actuel ou ne pas privatiser et se séparer du Président ?

La liquidation des services publics, d'abord par l'ouverture de leur capital, puis par leur complète privatisation, est un mauvais coup porté à la France et à la République. Comment ne pas s'interroger sur la cohérence de Jean-Claude Gayssot, ce ministre communiste des Transports, qui met en vente la société des Autoroutes du Sud de la France ? A quoi sert donc le Parti communiste si, lui aussi, privatise ?

 
   
Le service public est le fer de lance d'une politique industrielle. Oui, il faut à la France des industries !
Le service public n'est pas seulement un élément facilitant la solidarité nationale. Le service public est aussi un instrument pour l'aménagement du territoire par la péréquation tarifaire et par l'égalité de traitement de tous les usagers. Le service public est surtout un outil pour entraîner et impulser l'économie. Le service public est le fer de lance d'une politique industrielle. Oui, il faut à la France des industries ! Oui, il faut produire avant de consommer. Oui, il faut à la France une vraie politique industrielle.

Les usines ne sont pas un fardeau ; elles sont l'avenir ! Oui, la condition ouvrière est honorable, elle mérite considération ; elle est le quotidien d'un tiers des salariés de ce pays. Elle mérite d'être défendue, améliorée, revalorisée, par le salaire, bien sûr, mais par la considération aussi que lui porte la société, une société aujourd'hui où on exalte trop d'argent facile, où on déprécie trop l'effort ! Seul le travail donne du sens à la vie des femmes et des hommes.

L'usine ne représente pas en soi un danger, comme le suggère Noël Mamère. Il voudrait fermer tous les pôles industriels, chimiques, nucléaires et autres. Il ne dit pas comment il les remplacerait. Peut-être voudrait-il les délocaliser dans les pays pauvres ? Noël Mamère au nom de l'environnement et Ernest Antoine Seillière au nom du profit se retrouveraient alors. Ce n'est pas la solution. Les installations d'usines doivent respecter les plans d'urbanisme. L'inspection du travail doit être dotées des effectifs et moyens nécessaire. Alors, les usines seront sûres. Il n'y aura pas un million trois cent milles accidents du travail chaque année !

 

 

 
Jacques Chirac et Lionel Jospin ont ainsi remis en cause la retraite à soixante ans
Pour les retraites, nos deux sortants ont la même stratégie du faux-semblant. Ils affirment le maintien de la retraite par répartition. Mais l'un et l'autre veulent instiller la retraite par capitalisation. Jacques Chirac le dit sans ambages, il veut créer des fonds de pension que, par souci cosmétique, il appelle " à la française ". Lionel Jospin, plus tortueux, parle de fonds d'épargne salariale. Le résultat est le même : ils veulent jouer les retraites au casino de la bourse.

Nos deux sortants n'ont pas trop insisté sur une recommandation du sommet de Barcelone qu'ils ont acceptée. D'ici 2010, l'âge légal de la retraite sera porté à soixante trois ans. Jacques Chirac et Lionel Jospin ont ainsi remis en cause la retraite à soixante ans dans la plus grande discrétion. Là aussi, ils espèrent passer, ni vus, ni connus, le cap des élections. Ensuite, si l'un d'eux devait encore exercer des responsabilités, il nous expliquerait docilement qu'il n'y peut rien, que c'est l'Europe. Par ailleurs, soyons en sûr, la Commission de Bruxelles ne tardera pas à revenir à sa proposition initiale : soixante cinq ans.

 
   
Notre pays n'aura bientôt plus d'autre atout que l'engrenage infini du moins-disant fiscal et social.
Mais, la Commission de Bruxelles n'est pas toujours aussi volontariste. Que de prudence devant la décision des Etats-Unis de frapper de droits de douanes les aciers importés. Elle se perd dans des procédures aussi longues que compliquées. Rien de significatif n'interviendra avant plusieurs mois. Sous couvert d'OMC, la Commission de Bruxelles se comporte en relais européen de la Maison Blanche !

La mondialisation ? De 1997 à 2000, les trente deux entreprises industrielles dites françaises, cotées au CAC 40, ont augmenté de quelques 45 % leurs investissements à l'étranger. Ceux-ci sont restés stables en France, quand ils n'ont pas régressé. Je laisse cette statistique récente à votre méditation.

La politique proposée par Jacques Chirac et Lionel Jospin revient à sacrifier pour un profit immédiat les éléments qui permettent la compétitivité du site de production France sur la longue durée. Avec la déconstruction de l'Ecole de la République par les soixante huitards attardés, la remise en cause de la protection sociale au nom d'un libéralisme dogmatique et la liquidation des services publics au nom, disent-ils, de la construction européenne. Notre pays n'aura bientôt plus d'autre atout que l'engrenage infini du moins-disant fiscal et social. La France ne sera plus une puissance industrielle.

 

 

 

 

 
 
garantir la sécurité globale (sécurité des citoyens, sécurité sociale, sécurité alimentaire et sanitaire, sécurité nationale)
Disneyland, l'aménageur du territoire de l'Ile-de-France, vient d'ouvrir son second parc avec, comme pour le premier, des clauses dérogatoires au droit du travail. Il faut saisir la chance qu'offre l'élection présidentielle car la France deviendrait un grand Disneyland, laboratoire du social libéralisme et du libéralisme ultra. Les deux sortants nous prennent-ils pour des Mickeys que l'on pourrait anesthésier par le cannabis en vente libre ou des prothèses de révolte comme Arlette de Fontenay, la pom-pom girl des travailleuses et des travailleurs de la jet-set ?

Le projet républicain de Jean-Pierre Chevènement est le seul qui offre le moyen d'assurer une croissance soutenue de la production et de l'emploi, en proposant à nos partenaires de libérer nos économies du carcan (règles de la BCE, pacte de stabilité budgétaire).

Le projet républicain est le seul qui veut en finir avec le mépris du travail et l'encouragement au travail précaire ; il propose une revalorisation du travail par une refonte complète des charges sociales et une franchise sur les premiers 750 euros de salaires (environ 5000 francs).

Le projet républicain met en lumière la nécessité d'augmenter le taux d'emploi des Français, aujourd'hui exceptionnellement faible (moins de 40 % de la population totale). D'ici à 2007, la création d'un million huit cent milles emplois est possible.

De ce fait, le projet républicain est le seul qui soit cohérent et permette de répondre aux préoccupations prioritaires des Français, en garantissant la sécurité globale (sécurité des citoyens, sécurité sociale, sécurité alimentaire et sanitaire, sécurité nationale).

Voilà l'objectif !

Jean-Pierre Chevènement mène pour gagner une belle et forte campagne. Il est présent partout, actif, incisif, maître de lui.

Voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner un espoir au monde du travail.
Voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner un contenu social à la République.
Voter pour Jean-Pierre Chevènement, c'est donner un avenir à la France.