Jean-Pierre Chevènement président du MDC
INTERVENTION DE Jean-Pierre Chevènement AU CONSEIL NATIONAL DU MDC LE 6 MARS 1999 téléchargez au format word
" Notre congrès a réservé deux possibilités : soit une liste du Mouvement des Citoyens seule ; soit une liste d'union Mouvement des Citoyens-Parti socialiste. Plusieurs rencontres ont eu lieu entre le MDC et le PS ; un groupe de travail - Jean-Yves Autexier et Alain Bergougnoux - a finalisé un projet de déclaration commune que pour ma part je juge satisfaisant. S'agissant de la structure et de la composition de la liste, aussi bien que des conditions de la campagne, un accord est intervenu entre François Hollande et moi-même le 3 mars dernier au terme duquel Sami Naïr occuperait la troisième place sur la liste conduite par François Hollande. Neuf candidats et candidates du MDC y figureraient, un par dizaine (quatorzième et vingt-sixième places).



Si je vous propose aujourd'hui de mandater une délégation qui conclura un accord avec le Parti socialiste sur ces bases, c'est que de puissantes raisons me paraissent militer en ce sens. Lionel Jospin tient un discours euroréaliste. A Milan il n'oppose pas la nation à l'Europe, mais définit celle-ci comme "Union de nations". La négociation "Agenda 2000" est un bon révélateur du fait que chacun défend son intérêt national. Pour le MDC, mieux vaut s'inscrire dans une démarche de propositions de façon à réorienter la construction européenne. Deux ans après juin 1997, les élections européennes de juin prochain auront surtout un enjeu de politique intérieure. Elles précéderont d'autres échéances autrement plus décisives.


Il y a plus à attendre d'un positionnement dynamique par rapport à Lionel Jospin que d'une stratégie de comptage de nos voix par rapport au Parti socialiste. Nous devons comprendre la logique des institutions de la Ve République, et faire en sorte que notre influence puisse s'exercer avec le maximum d'efficacité. J'ajoute qu'il faut s'appliquer le principe de l'économie des moyens : un endettement de 10 MF obérerait nos ressources jusqu'à 2002, alors qu'il faut faire fonctionner le mouvement (3,5 MF par an), et que des échéances électorales - municipales, cantonales, et surtout legislatives - nous attendent en 2000/2001.


L'autonomie organisationnelle du MDC n'est pas atteinte par la conclusion d'un accord électoral, et nous devons être assez sûrs de notre identité pour conclure un accord qui sauvegarde nos intérêts et nous permet de peser en dynamique. Bien entendu, nous devons prendre toute notre part dans la campagne sur notre propre base en menant une campagne commune avec le Parti socialiste, mais aussi une campagne autonome sur les thèmes qui nous identifient : réorientation de la construction européenne, défense de l'intérêt national, accès à la citoyenneté. Le choix que je vous propose est un choix construit. Certains nous reprocheront notre stratégie de " gagne-petit ", mais deux ou trois députés supplémentaires, ce n'est pas négligeable pour notre influence et pour nos finances... Nous sommes dans la majorité plurielle, et à la différence du Parti communiste et des Verts, au coeur de celle-ci. Nous ne devons pas fuir devant la réalité mais savoir choisir en fonction de ce que nous sommes et de ce que nous pouvons faire dans le monde tel qu'il est. Ayons confiance dans la force de nos idées. Il y aura d'autres circonstances, d'autres moments, où nous pourrons faire connaître nos choix et peser de manière décisive, c'est-à-dire non pas seuls mais avec d'autres. "