La chronique de Philippe VAL (rédacteur en chef
de Charlie Hebdo)
France-Inter 13-02-2006 (à écouter avec réal
player)
Edito du Monde
L'Europe intimidée LE MONDE | 13.02.06
Au moment où le Danemark annonce l'évacuation,
"pour raisons de sécurité", de ses ambassadeurs postés en Syrie, en Iran et
en Indonésie, et où le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana,
entame une tournée dans des pays arabes dans le but d'apaiser les tensions
provoquées par l'affaire des caricatures de Mahomet, le bilan des violences
commises contre des représentations diplomatiques ne semble guère faire
ciller les pouvoirs politiques européens. Deux ambassades incendiées (à
Damas), d'autres visées par des pierres et des cocktails Molotov (à Damas, à
Téhéran), une ambassade et deux consulats visés par des assaillants (à
Djakarta, Beyrouth et Istanbul), des projectiles jetés contre un bureau de
l'Union européenne (UE) à Gaza...
L'immunité des diplomates et l'extraterritorialité des ambassades et
consulats sont des principes inscrits dans le droit international depuis les
conventions de Vienne de 1961 et 1963. Ils contraignent les Etats à prendre
"toutes les mesures appropriées" pour empêcher que des bâtiments
diplomatiques "soient envahis ou endommagés", que leur "paix soit troublée",
et même que leur "dignité soit amoindrie". Manifestement, les Etats hôtes
n'ont pas suivi ces principes. Or la réaction européenne à ces manquements
s'est limitée à des condamnations verbales et des communiqués dénonçant des
"attaques déplorables" qui "dépassent les limites de la protestation". Aucun
rappel d'ambassadeur, aucune demande d'excuses, aucune menace de recours
juridique, aucun débat sur des sanctions.
En 1979, lorsque des Iraniens s'étaient emparés
de l'ambassade américaine à Téhéran, une plainte avait été déposée devant la
Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye et l'Iran avait été
condamné. En 1998 encore, lorsque cinq ambassadeurs européens avaient été
évincés de leurs résidences en Biélorussie parce que le président
Loukachenko voulait user à sa guise des terrains, la réaction avait été
autrement plus tranchée, l'UE frappant de sanctions des dignitaires de
Minsk.
Dans l'affaire des caricatures de Mahomet,
c'est la gêne. Le Danemark et la Norvège, premiers pays visés par les
manifestants, ont pu se sentir seuls. En France, le président Jacques Chirac
a critiqué le caractère blessant des caricatures mais n'a pas condamné
l'attaque de l'ambassade de France à Téhéran.
L'inaction, lorsque des ambassades partent en
flammes, augure mal d'une politique européenne volontariste et solidaire.
Au-delà du débat sur la liberté de la presse et le respect des sensibilités
religieuses, il s'agit de poser des exigences. Or l'Europe, qui tâtonne par
ailleurs pour définir la politique à tenir face à la montée de l'islamisme
radical, paraît désemparée, intimidée. Cela ne peut qu'encourager des
régimes comme la Syrie et l'Iran à continuer à manipuler cette affaire à des
fins politiques.
Article paru dans l'édition du 14.02.06
Le 13ème colloque de la fondation Res Publica
Turquie- Maghreb : les conditions du
décollage économique
aura lieu le Mardi 21 Février à 18h au Cercle
républicain 5 avenue de l’Opéra 75001 Paris
Avec la participation de :
-
Hassan Abouyoub, ancien Ministre et ancien Ambassadeur du Maroc à Paris
-
Bernard Garcia, ancien Ambassadeur de France à Ankara
-
Thierry le Roy, Conseiller d’Etat
-
Radhi Meddeb, PDG de Comète (Tunis)
-
Hadj Nacer, ancien Gouverneur de la Banque centrale d’Algérie
-
Olivier Pastre, Universitaire et Président de l’IM Bank
Conclusion : Jean-Pierre Chevènement
Constitution de l'UE : le débat a tourné court
Alexandrine Bouilhet
[04 février 2006]
UN MOIS après avoir été relancé par la France,
le débat sur la Constitution a tourné court. A peine dévoilées, les idées
françaises ont été rejetées par les Allemands, les Italiens et les
Luxembourgeois, qui refusent tout «découpage» du texte. Très volontariste au
départ, la présidence autrichienne de l'UE a baissé d'un ton, après avoir
réalisé à quel point le débat sur la Constitution était porteur de
divisions. Le gouvernement autrichien, lui-même, n'est pas d'accord sur les
suites à donner à ce traité, trop fédéral pour sa frange nationaliste.
La France, qui se voulait à l'avant-garde du
débat, n'a pas, non plus, été capable de parler d'une seule voix, ni de
jouer le jeu de l'Europe à Vingt-Cinq, ce qui a semé une certaine confusion
dans les autres capitales. «Berlin qui a sifflé la fin de la récréation»,
confie un diplomate à Bruxelles. L'Allemagne d'Angela Merkel, qui tient à
garder la maîtrise du débat sur la Constitution pour sa propre présidence,
au premier semestre 2007, a suggéré à l'Autriche de Wolfgang Schüssel de
privilégier des sujets «plus pragmatiques».
Grand défenseur du projet de Constitution, le
Parlement européen a renvoyé la fin du débat à 2007, privilégiant le
«maintien du texte actuel», c'est-à-dire l'option défendue par Berlin.
«L'essentiel est d'avoir une Constitution pour 2009», affirment les députés
dans une résolution, rejetant au passage les idées de «groupes pionniers»
défendues par la France.
La Commission repousse volontiers le débat à
2007. «Cette année, on le sent bien, Les esprits ne sont pas mûrs. Les
citoyens veulent qu'on améliore le contexte européen, pas le texte»,
explique-t-on dans l'entourage de José Manuel Barroso. Le commissaire Margot
Wallström confirme : «Les conclusions sur la Constitution ne seront pas
tirées avant 2007, sous présidence allemande, voire portugaise», au second
semestre.
Comme Berlin, Bruxelles attend les élections
en France et aux Pays-Bas, au printemps 2007, pour se pencher sérieusement
sur la question institutionnelle. «D'ici là, on va faire en sorte que le
texte ne parte pas aux oubliettes», résume un responsable de la Commission.
Le rapport sur «l'avenir de l'Europe» attendu pour le mois de juin
n'abordera que de manière secondaire la question des institutions. «Il sera
prématuré, en juin, de lancer un projet politique quelconque», assure un
pilier du projet à Bruxelles. «Les Allemands ont raison de tenir cette
position absolutiste et de verrouiller les fausses bonnes idées françaises»,
poursuit ce spécialiste. «Le texte de la Constitution restera inchangé à 90%
in fine. Il ne sera pas renégocié. Aucun gouvernement n'est prêt à cela. Le
texte sera modifié à la marge pour devenir acceptable par les Français et
les Néerlandais», pronostique-t-il. Il assure que la Commission sera en
mesure de présenter au moins «cinquante plans B», à la France et aux
Pays-Bas, «le jour où les esprits seront mûrs» pour revoter sur un projet de
Constitution européenne.
EDF : Un Nouvel Agent Sanctionné (Info CGT)
Que
l'on soit riche et puissant ou pauvre et sans connaissance, la
réglementation en matière de coupure de courant ne s'appliquera pas de la
même façon.
Sur
le Centre de Cannes, un Agent est sanctionné pour avoir refusé de remettre
en service un abonné (coupé pour défaut d'abonnement) pendant les heures
d'astreinte car il se doit de rester disponible afin d'intervenir sur des
problèmes de sécurité.
Les
consignes ont été maintes fois répétées par la Direction, l'Agent de
dépannage Sécurité ne doit absolument pas être utilisé pour ce genre de
travail.
Alors pourquoi toute la ligne hiérarchique de cet Agent a-t-elle décidée, ce
matin, de le maintenir dans un bureau et de le menacer comme si c'était une
"racaille" ?
La
réponse est toute simple, l'abonné en question est un ami du Président
d'EDF. Aussi, M. GADONNEIX n'a pas hésité à appeler le Directeur du Centre
de Cannes qui a immédiatement donné un ordre express de rétablissement.
Malheureusement pour ces adeptes du passe droit, aucun Agent de Cannes n'a
souhaité se plier à ce chantage au bénéfice des puissants.
La
même réaction a eu lieu sur les sites de Grasse et d'Antibes.
On
peut comprendre aisément la fureur des grands Patrons, peu habitués à la
révolte des gueux.
A
noter, qu'il y a quelques jours, il s'est passé une chose qui se renouvelle
assez régulièrement et qui démontre bien la dégradation du service public
préconisée par les Dirigeants d'EDF.
Une
femme enceinte avec un enfant en bas âge a demandé une mise en service de
l'électricité pour son arrivée dans un nouveau logement. Cela doit se faire
généralement en 24 heures ou 48 heures (garantie de services). On lui
indique qu'il lui faut attendre plus de 15 jours sans courant donc sans
chauffage. Après un passage à l'Agence de Cannes, pour expliquer fermement
sa situation, on l'informe qu'il n'est pas possible d'avoir un rendez-vous
avant une semaine.
Ne
connaissant pas le Président d'EDF ou le Directeur du Centre EDF de Cannes,
cette dame est restée plusieurs jours sans lumière et sans chauffage.
Ce
genre de situation est inadmissible et condamnable. Malheureusement les cas
se multiplient de jour en jour.
Aussi, il est aisé de comprendre la révolte des agents qui ne peuvent
supporter ce genre d'inégalité. A noter que l'agent d'astreinte à quand même
remis l'électricité à "l'ami de l'ami" avant 20h00.
Mais cela ne peut convenir à un Directeur, qui depuis son arrivée sur le
Centre de Cannes, ne cesse de multiplier les Commissions de Discipline.
Ce
revanchard n'a absolument pas apprécié cette levée de boucliers (non
concertée) des Agents qui ne peuvent plus tolérer que les abonnés soient
considérés comme de vulgaires clients.
Le
Service Public est encore fortement ancré dans leur tête, n'en déplaise à
ceux qui veulent le faire voler en éclat.
Actuellement, la Direction a retiré l'astreinte au dépanneur et prépare une
sanction beaucoup plus lourde.
La
hiérarchie directe de l'agent est révoltée devant cette injustice et l'a
fait savoir à la Direction.
Tous les agents techniciens d'intervention des sites de Cannes, Antibes et
Grasse se concertent pour préparer une riposte.
Contact : Denis LA
SPESA, Secrétaire Général CGT
06 08 82 92 59
Islam : ne rien
abandonner à la politique de l'apaisement
Max GALLO*
Aurons-nous demain le courage – et la possibilité – d'exprimer ce que nous
pensons, vrai ou faux, de l'islam ? Ou bien, au moment de dessiner une
caricature, d'écrire, de publier, ou tout simplement de parler, et même de
penser, devrons-nous nous autocensurer, nous souvenant des foules déchaînées
incendiant des représentations diplomatiques du Danemark et de la Norvège,
ces deux pays qui sont parmi les plus pacifiques, les plus démocratiques de
tous les États du monde ?
«Ecartons les hypocrites, les
habiles, les aveugles qui récusent l'évidence : il y a bien un choc de
civilisations»
[08 février 2006]
Liberté ou autocensure, c'est
l'enjeu du moment ; et la pression est si forte qu'on oublie une évidence :
ces violences se produisent dans des États où, le plus souvent, les droits
élémentaires de la personne ne sont pas respectés. On n'y manifeste pas sans
la complaisance du pouvoir. Dans ces lieux, les religions autres que l'islam
ne sont pas tolérées ou, si surveillées, si stigmatisées qu'elles sont de
fait interdites. Là on diffuse des feuilletons télévisés, des livres qui
reprennent les thèmes du faux les Protocoles des sages de Sion. Les juifs y
sont représentés comme des égorgeurs d'enfants, maîtres du monde. C'est dans
ces pays qu'on applaudit les déclarations d'un chef d'État qui proclame
qu'il faut «rayer Israël de la carte» et doter sa nation du feu nucléaire.
Mais précisément, nous
rappellent les Princes des Églises et ceux qui nous gouvernent, la situation
est à ce point périlleuse, les masses musulmanes si humiliées, si manipulées
par les extrémistes et leurs gouvernements, qu'il faut faire preuve d'esprit
de responsabilité, et c'est lui qui doit encadrer la liberté d'expression,
dont on nous assure qu'elle est notre bien le plus précieux. Soit. Comment
d'ailleurs ne pas prêter attention à ces propos qui se veulent empreints de
sagesse et de réalisme ? Les premiers disent : il faut respecter la foi de
l'Autre, les exigences de sa religion. Les seconds évoquent un monde
musulman fournisseur de pétrole, ce sang de notre vie quotidienne, et
acheteur de nos produits. Veut-on le baril de brut à plus de 100 dollars ?
Le chômage ? Des troubles intérieurs ? L'islam est devenu une religion
européenne – la deuxième de France.
Des manifestants, à Londres, à
Copenhague, ont brandi sous les yeux de policiers impassibles des pancartes
réclamant la mort pour les blasphémateurs de l'islam. Faut-il, pour inciter
à la prudence, penser à ce cinéaste néerlandais – Theo Van Gogh – égorgé par
un citoyen néerlandais pour avoir projeté de réaliser un film hostile à
l'islam ? Et qui ne se souvient de Salman Rushdie ? Comment ignorer tout
cela ? Comment ne pas vouloir être raisonnable pour deux, rechercher
l'apaisement, tenir le discours mesuré, en espérant que le temps fasse son
oeuvre, et que ceux, si silencieux, qui veulent moderniser l'islam,
l'emportent sur ceux dont le but est d'islamiser la modernité.
On comprend, à rappeler ces
données que, derrière la question des caricatures du Prophète, c'est notre
rapport – nous : la France, l'Europe, l'Occident – avec le monde islamique
qui est soulevé. Non pas selon les usages diplomatiques mais bien en termes
de civilisations. D'abord écartons les hypocrites, les timorés, les habiles,
les aveugles qui récusent l'évidence. Il y a bien un choc de civilisations.
Qui ne l'entend dans la voix de ce croyant musulman, émouvant de sincérité,
qui déclare dans une mosquée de la région parisienne, devant les caméras de
télévision, qu'il préfère voir mourir son propre père plutôt que de laisser
caricaturer le Prophète ! Car la souffrance du croyant est réelle, sa foi
est en effet blessée dans nos sociétés laïcisées où règnent la dérision et
la marchandise. Plus rien n'est sacré.
La Croix du Christ est devenue,
sur une affiche de promotion d'un film, croix gammée. La Cène est une parade
de mode. Un pape agonisant fut objet de sarcasmes. Le chrétien est meurtri,
il souffre dans sa foi et, au plus intime de lui-même, de ces profanations.
Mais il a appris à tourner la tête. Il se souvient des bûchers, des
massacres, qui ont jalonné nos guerres de religion. Il a lu le Dictionnaire
philosophique de Voltaire qui, en 1764, dénonçait le fanatisme, rappelait la
Saint-Barthélemy : «Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la
maladie est presque incurable. Que répondre à un homme qui vous dit qu'il
aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, est sûr de mériter le ciel en vous
égorgeant ? Ce sont d'ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques et
qui mettent le poignard entre leurs mains.» Voltaire n'imaginait pas que,
deux ans plus tard, son Dictionnaire serait brûlé avec le corps torturé,
décapité, du jeune chevalier de la Barre, accusé à tort de ne pas s'être
découvert au passage d'une procession et d'avoir de son épée écorché une
statue du Christ ! Voltaire ne se doutait pas que, trente ans plus tard, au
nom d'un autre fanatisme – politique celui-là, la guillotine allait faire
tomber des milliers de têtes dans le panier de son.
Notre civilisation a ainsi une
traîne sanglante, et nous n'avons aucune supériorité à proclamer. Mais pour
autant, pourquoi devrions rejeter ce que, dans la souffrance, nous avons
acquis ? Pourquoi faudrait-il accepter de renoncer à cette liberté
d'expression qui est toujours la pierre de touche de la démocratie ? Et ce
parce que d'autres peuples, d'autres civilisations, n'ont pas choisi
d'emprunter la même route qu'on appelle la laïcité ?
Certes, il faut tenir compte de
la souffrance infligée aux croyants par ce qui leur paraît blasphématoire.
Et il y a dans l'usage marchand de la dérision une négation de l'Autre qui
est attentatoire à sa dignité. Il faut le dire. Mais à quelles régressions
conduiraient censure et autocensure ? Et surtout – c'est la question
cardinale –, jusqu'où devrions-nous aller ?
Là où est le musulman, là est
terre d'islam. Et le croyant doit respecter, au nom de sa foi, les préceptes
de sa religion. Au bout il y a la charia, la loi de l'islam, ensemble des
prescriptions et des réglementations auxquelles le musulman doit se
soumettre et qui portent à la fois sur la vie culturelle et sur les
relations sociales. La foi vive, exigeante, du musulman envahit l'espace
social. Faut-il énumérer ce que nous avons déjà accepté ? Piscines séparées
selon les sexes, patientes exigeant d'être soignées par des femmes médecins,
cours d'histoire et de littérature contestés, tentative pour faire interdire
une pièce de Voltaire (1741 !) intitulée Le Fanatisme ou Mahomet le
Prophète, etc., etc. Doit-on, à chaque fois, reculer au nom du respect de
l'Autre, de sa sincérité ? Faut-il pratiquer cette politique d'apaisement ?
Cela consisterait à renoncer à l'existence d'un espace public laïque. Il est
imparfait ? Certes, mais il nous a permis peu à peu de nous tolérer les uns
les autres, de vivre ensemble avec un socle de valeurs communes.
On peut faire le pari –
optimiste – d'une responsabilité réciproque et partagée des acteurs du jeu
social. Les musulmans accepteraient – ce qu'ils sont nombreux à faire déjà
en dépit des exhortations des extrémistes, comme l'ont fait les religions
judéo-chrétiennes, cet espace public laïcisé, une relation personnelle à sa
foi, et le jeu libre de l'esprit critique, bref le fonctionnement de la
démocratie.
On peut aussi envisager une
capitulation rampante qui se donnerait la bonne conscience de la sagesse et
de l'esprit de responsabilité. Pour acheter la paix, pourquoi s'encombrer de
ces mauvais caricaturistes, de ces irresponsables ? Ont-ils du pétrole les
adeptes de la liberté de pensée ? Sont-ils capables de défendre au péril de
leur vie les grands principes qu'ils proclament ? Pour ne pas payer
l'essence trop chère et garder nos parts de marché, pourquoi ne pas cesser
de résister ? Va-t-on se battre pour douze caricatures sinistres ? Et allons
au bout : l'Empire romain a été conquis par le christianisme ; pourquoi
l'islam ne serait-il pas la nouvelle religion conquérante ? On s'adaptera.
On se convertira. Il faut oser regarder ces choix en face. Que voulons-nous
défendre de ce que nous avons acquis, siècle après siècle ? Que sommes-nous
prêts à abandonner ? Par réalisme ? Par sagesse ? Ou par lâcheté ? Au temps
de Munich, en 1938, ce dernier mot avait un synonyme, employé par les
diplomates : apaisement.
*Écrivain. Derniers ouvrages :
Les Romains : Spartacus, et Fier d'être français, qui paraît aujourd'hui
chez Fayard.
OPA Mittal sur Arcelor: »Un
naufrage», selon Chevènement
Jean-Pierre Chevènement a estimé dimanche que le »gouvernement
assumait la responsabilité des choix libéraux et irresponsables qui depuis
la privatisation de 1986 (d'Usinor) ont conduit au naufrage» que constitue,
à ses yeux, l'OPA inamicale de Mittal Steel sur Arcelor.
"L'OPA de Mittal sur Arcelor est une leçon de choses: voilà engloutis les
200 milliards de francs consacrés dans les années 70 et 80 à la
restructuration de la sidérurgie française! Voilà ridiculisée la soi-disant
"européanisation" du groupe français Usinor, transformé en 2002 en société
luxembourgeoise après fusion avec l'Espagnol Aceralia et le Luxembourgeois
ARBED!", s'est exclamé le président d'honneur du Mouvement républicain et
citoyen, dans un communiqué.
M. Chevènement a affirmé que c'était »le groupe allemand Thysson-Krupp qui
fournissait à Mittal la trésorerie de ce raid boursier, comme si, 55 ans
après le traité de Ceca, la rivalité des sidérurgistes allemands et français
battait toujours son plein».
Pour lui, »la Commission européenne peut encore mettre un coup d'arrêt à
cette OPA en dénonçant par avance les tripatouillages autour du cours de
l'action du Canadien Dofasco que Thysson rachèterait moins cher que son prix
d'achat par Arcelor».
"Si la Commission européenne manque à ce devoir, a-t-il poursuivi, je
demande l'européanisation d'Arcelor à travers une prise de participation des
gouvernements français, espagnol et luxembourgeois".
Rappelant le "patriotisme économique" évoqué par Dominique de Villepin, M.
Chevènement a prévenu que le Premier ministre serait "jugé sur les actes".
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