Par Léon BERTRAND
ministre délégué au
Tourisme.
-
LIBERATION jeudi 17 novembre 2005
«Allô la France, ici la banlieue», ces quelques mots sont pour moi un appel qui exprime clairement le désarroi humain que traverse, dans la violence, notre société, et qui est plus ou moins mal perçu par beaucoup de Français.
Il y a de toute évidence un fossé que personne ne peut plus nier et qui engendre un malaise pour le plus grand nombre et une grande détresse pour les autres. Bien sûr, dans le camp de ceux qui vivent quotidiennement cette angoisse, nourrie par la misère sociale, je sais que beaucoup incitent à cette violence et en profitent, en fait, pour protéger ou étendre leur pré carré, zone de non-droit, afin de faire prospérer en toute impunité leurs ignobles trafics. Mais je sais aussi que beaucoup d'autres, et pour des raisons différentes dont ils n'ont pas la maîtrise, se laissent aussi aller, malgré eux, à des actes de violence peu ordinaires dont ils sont d'ailleurs les premières victimes. Ceux-là ont perdu depuis longtemps toute illusion et tout espoir que suscitaient les principes ambitieux de la République. Moi, je comprends leur douleur, même si je me refuse à excuser leur violence. Moi, je comprends que ces jeunes dépouillés de tous repères cherchent et trouvent une espèce de «décodeur» pour faire passer et exprimer un cri d'alarme vers une société qui est de moins en moins «formatée» pour les entendre.
LE MONDE | 15.11.05
La Commission européenne devait décider, mardi 15 novembre, de laisser les autorités madrilènes examiner le rachat du principal électricien espagnol Endesa par son rival Gas Natural. En dépit des demandes d'Endesa, Bruxelles ne s'estime pas compétent car le nouvel ensemble ne réalise pas plus du tiers de son chiffre d'affaires hors d'Espagne.
Cette décision devrait favoriser la naissance d'un acteur d'envergure continentale. Mais elle survient au moment où Bruxelles critique les "dysfonctionnements" du marché européen de l'énergie. Neelie Kroes, la commissaire chargée de la concurrence, et son homologue à l'énergie, Andris Piebalgs, devaient en effet lancer mardi un avertissement aux opérateurs du secteur. Selon eux, l'ouverture à la concurrence, amorcée en 1998 dans l'électricité, et en 2000 dans le gaz, ne va pas sans de "sérieux problèmes".
Les
anciens ministres Hubert Védrine et Henri Nallet, avant le
congrès:
« Le PS doit en finir avec la chimère d'une Europe
fédérale»
Par Eric AESCHIMANN mercredi 16 novembre 2005
Mais où est passée la grande déchirure du PS sur l'Europe ? Un an après le référendum interne sur la Constitution qui l'a révélée, le sujet a été éclipsé des débats préparatoires au congrès du Mans qui s'ouvre après-demain. Les trois principales motions (Hollande, NPS et Fabius) s'accordent pour réclamer une Europe plus politique et plus sociale. Seuls à se démarquer, deux anciens ministres, Hubert Védrine (Affaires étrangères, de 1997 à 2002) et Henri Nallet (Agriculture, puis Justice, entre 1984 et 1992), partisans du oui au référendum et coauteurs d'une contribution, mettent en garde leurs camarades contre les espoirs «chimériques».
Pourquoi critiquer l'objectif d'une Europe sociale et fédérale ?
Hubert Védrine. Parce que c'est un slogan sans portée. Tout en ayant appelé à voter oui au traité, je sentais se creuser depuis longtemps un abîme entre les élites intégrationnistes et le grand public. Après le référendum, j'ai pensé qu'il ne fallait pas se complaire dans les lamentations, mais repartir du réel. Or les positions européennes qui s'expriment aujourd'hui dans presque tous les courants du PS sont à la fois chimériques et illogiques. Chimériques, parce qu'il n'y aura pas d'Europe fédérale, du moins telle que la gauche française la conçoit. Et illogiques, parce que, dans une fédération, on vote à la majorité et que les idées sociales de la gauche française sont, même dans l'eurogroupe, structurellement et durablement minoritaires.