L'élu européen était samedi à Tours pour tenter de refonder l'écologie politique.

Dépasser les Verts, nouvel horizon de Cohn-Bendit

Par Xavier RENARD

QUOTIDIEN : lundi 2 juillet 2007

Tours correspondance

L'histoire retiendra-t-elle le 30 juin 2007 comme la date fondatrice d'un nouveau parti écologiste ? C'est l'espoir de quelques Verts qui se sont retrouvés avant-hier à Tours derrière Dany Cohn-Bendit pour créer l'association «Horizons écologie».

Avec cette initiative, le député européen et Marie-Hélène Aubert, elle aussi élue à Strasbourg, veulent créer un électrochoc après le double échec à la présidentielle et aux législatives. «Notre initiative rêve d'aboutir à une transformation de l'écologie politique», en ouvrant les portes à ceux qui ne sont pas dans le parti, argumente Cohn-Bendit. «Il n'y aura pas de rénovation possible avec les  Verts tels qu'ils sont aujourd'hui, mais pas non plus sans les Verts.» Pour Marie-Hélène Aubert, à l'intérieur du parti le terrain est miné d'avance : «La refondation ne peut se faire que par des tentatives venant d'ailleurs. On n'est pas capable actuellement de la mener autrement.» 

«Ratisser large». L'enjeu n'est pas seulement de remuscler un parti amputé de certains de ses cadres comme Jean-Luc Bennhamias, aujourd'hui au Modem. La reconquête de l'électorat passera, selon Cohn-Bendit, par un positionnement clair : «A gauche sur les problèmes de société, mais aussi au centre de la société sur les sujets environnementaux.» Et de citer l'exemple allemand, où «l'on n'hésite pas, sur ces questions, à passer des alliances avec le centre-droit.» 

Selon les participants, l'objectif de stabiliser les écologistes à «10 % ou plus» ne saurait être atteint sans discussions avec l'ensemble des acteurs de l'écologie politique. Nicolas Hulot bien sûr, mais aussi Génération Ecologie. «Pour être audible, on doit ratisser large», explique David Martin, adjoint au maire de Tours et cofondateur d'«Horizons écologie», qui prévoit d'organiser en décembre à Paris des Etats généraux pour rédiger «une charte de la transformation de l'écologie politique» , point de départ d'une formation qui pourrait prendre le nom des «Ecologistes».

Dominique Voynet, présente à Tours, s'est réjouit que les débats «sortent des caves» , mais veillera à ce «que l'on ne jette pas le bébé avec l'eau du bain». L'ancienne candidate à la présidentielle s'attend «à ce que les difficultés arrivent quand on parlera de la méthode. Pour l'instant, tout le monde est d'accord. Mais ce ne sera plus forcément le cas dans quelques mois.» 

Pressés. Il faudra aussi rallier les absents : Cécile Dufflot, la secrétaire nationale des Verts (lire ci-contre), le député Noël Mamère ou l'adjoint au maire de Paris Denis Baupin, en tête. Samedi, seuls trois membres de l'actuelle direction ont participé aux débats. Il faudra aussi canaliser les pressés. Yves Cochet fait parti de ceux qui voudraient enclencher la vitesse supérieure dès les prochains Etats généraux, bonne «occasion de fonder un nouveau parti. Une charte, ça ressemble trop aux Verts pour être honnête.» 

Cohn-Bendit veut, lui, «donner du temps au temps» . Et histoire de rassurer certains de ses vrais faux amis «Verts», le député européen a tenu à rassurer sur ses ambitions personnelles : «Je ne veux pas prendre le pouvoir. Si c'est pour partir comme en 14 dans une bataille de tranchées, il ne faut pas compter sur moi. J'ai passé l'âge» . Il a en revanche confirmé son intérêt pour le prochain scrutin européen.



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