Jean-Michel APATHIE
Bonjour, Thierry BRETON. " Compte tenu de l'importance
stratégique de l'énergie, la fusion entre GAZ DE FRANCE et SUEZ semble
aujourd'hui la voie la plus appropriée ". Voilà ce qu'a dit Dominique de
VILLEPIN samedi, à 16 heures, à Matignon. Voilà donc pour la philosophie,
Thierry BRETON. Concrètement, qui reprend qui dans cette fusion ?
Thierry BRETON
Alors, il s'agit, effectivement, de créer un leader mondial de
l'énergie, la deuxième capitalisation mondiale, le n° 1 dans la
commercialisation du gaz, le leader mondial dans le gaz naturel
liquéfié, le n° 3 de l'électricité en Europe, et effectivement ce projet
c'est un projet sur lequel les deux entreprises travaillent ensemble depuis des
mois.
Jean-Michel APATHIE
Depuis quand d'ailleurs, précisément ?
Thierry BRETON
Oh, depuis la fin de l'automne, ils ont parlé.
Jean-Michel APATHIE
La fin de l'automne 2005 ?
Thierry BRETON
Oui, 2005, bien sûr. Ils en ont parlé beaucoup entre eux, ils sont
venus me voir séparément l'un et l'autre, on les a incités à réfléchir, à bâtir
les bases d'un projet industriel. Alors, techniquement, pour répondre très
précisément à votre question, ce groupe SUEZ - GAZ DE FRANCE sera donc un groupe
leader dans son domaine et l'opération va se faire de GAZ DE FRANCE sur
SUEZ par une fusion absorption de l'ensemble de SUEZ sur GAZ DE FRANCE. Et je le
répète le groupe issu, SUEZ - GAZ DE FRANCE sera un des groupes leaders de
l'énergie mondiale, évidemment en Europe.
Jean-Michel APATHIE
Donc, le nouveau manager du groupe c'est GAZ DE FRANCE.
Thierry BRETON
Je dis que la fusion techniquement se fait de GAZ DE FRANCE
sur SUEZ. Ensuite, nous aurons donc ici un groupe qui sera un groupe leader
mondial. La deuxième
question que vous me posez implicitement, c'est la gouvernance. La
gouvernance est en train d'être finalisée. De toute façon, vous savez, on a
indiqué très clairement, le Premier ministre l'a indiqué avec les deux
présidents d'entreprise, nous allons maintenant les deux présidents d'entreprise
et moi-même recevoir l'ensemble des parties prenantes et évidemment les
organisations syndicales, on va discuter. La gouvernance c'est évidemment des
idées qui sont très précises et clairement arrêtées, mais on veut, évidemment,
d'abord entendre les uns et les autres avant de la finaliser. Vous savez, dans
toute entreprise, il y a un président, il y a un patron, il y a un n° 2, il y
aura un n° 1, un n° 2?
Jean-Michel APATHIE
? Jean-François CIRELLI sera-t-il le n° 1 de ce groupe ?
Thierry BRETON
Attendez, ça ce sera évidemment les éléments qu'il faudra
discuter, qui sont en train d'être finalisés. Vous savez, quand on voit la
qualité des hommes, il n'y aura pas de problème.
Jean-Michel APATHIE
Thierry BRETON, s'ils discutent des mois, ils doivent bien le
savoir !
Thierry BRETON
Oui, sauf que ce sont pas les managements qui décident, ce sont les
actionnaires. Donc, ce que je redis de façon la plus claire qu'il soit, comme
dans tout groupe il y aura un n° 1, il y aura un n° 2. Ce qu'il faudra veiller
pour les uns et pour les autres c'est que les cultures soient évidemment
préservées, et croyez-moi, elles le seront.
Jean-Michel APATHIE
L'Etat était actionnaire, est actionnaire à 80 % de GAZ DE FRANCE.
Thierry BRETON
Bien sûr.
Jean-Michel APATHIE
Au terme de cette opération, l'Etat sera-t-il en dessous de la
barre des 50 %, Thierry BRETON ?
Thierry BRETON
Alors, mécaniquement puisque l'Etat ne va pas céder une action,
donc ça veut dire que mécaniquement on va créer un champion, donc la part de l'Etat
va diminuer mécaniquement.
Jean-Michel APATHIE
En dessous de 50 % ?
Thierry BRETON
Elle devra se situer entre 34 et 35 %. Il se trouve que l'Etat
a également des participations indirectes, donc globalement la participation de
l'Etat devrait être légèrement inférieure à 40 %.
Jean-Michel APATHIE
Nicolas SARKOZY était votre prédécesseur à Bercy. Le 15 juin 2004,
lors du débat?
Thierry BRETON
? mon ante prédécesseur.
Jean-Michel APATHIE
Oui, absolument. Lors du débat qui changeait le statut de
GDF, d'eDF et GDF, il avait dit, " Je l'affirme, c'est un engagement du
gouvernement ", c'était à l'Assemblée nationale qu'il dit ceci, " eDF et
GAZ DE FRANCE ne seront pas privatisés. Le Président de la République ",
poursuivait Nicolas SARKOZY " l'a rappelé solennellement lors du Conseil des
ministres, pour cette raison le gouvernement accepte l'amendement du rapporteur
prévoyant de porter de 50 à 70 % le taux minimum de détention de capital d'eDF
et de GAZ DE FRANCE ".
Thierry BRETON
Jean-Michel APATHIE?
Jean-Michel APATHIE
Cet engagement de Nicolas SARKOZY ne sera donc pas tenu, Thierry
BRETON.
Thierry BRETON
Encore une fois, vous dites qu'il faudra effectivement retourner
devant le Parlement. Nous avons ici un formidable projet.
Jean-Michel APATHIE
L'engagement solennel du gouvernement?.
Thierry BRETON
? un superbe projet, nous avons là un superbe projet. Ce projet
nécessite, évidemment, par fusion absorption le fait que la part de l'Etat
va se diluer, eh bien on ira devant le Parlement et on en débattra.
Jean-Michel APATHIE
Et tant pis pour l'engagement solennel du gouvernement qui a
dix-huit mois.
Thierry BRETON
Non, ça sera le Parlement qui décidera mais je pense que ce
projet vaut vraiment la peine d'être mis en ?uvre. Nous sommes dans une logique
de consolidation
énergétique mondiale, nous avons la chance d'avoir avec le groupe SUEZ, avec
le groupe GAZ DE FRANCE, deux groupes qui peuvent faire un leader mondial très
important pour l'indépendance énergétique de la France, de la Belgique mais
aussi de l'Europe, eh bien les députés on en discutera, très vite du reste
puisque nous souhaitons avec le Premier ministre aller très vite devant le
Parlement dans les deux-trois mois qui viennent, et on en discutera, et c'est
normal, le peuple est souverain par le Parlement.
Jean-Michel APATHIE
Comment faire confiance quand le gouvernement prend un engagement
il y a dix-huit mois et il revient sur son engagement aujourd'hui ?
Thierry BRETON
Mais encore une fois, c'est pour cela que ça s'appelle la
démocratie, c'est pour cela qu'il y a un Parlement, on en débattra.
Jean-Michel APATHIE
D'accord. Vous dites, vous, et vous l'avez dit dans LE PARISIEN,
hier, Thierry BRETON, " C'est deux entreprises sont très complémentaires ".
Thierry BRETON
C'est exact.
Jean-Michel APATHIE
" Leurs synergies sont importantes et ceci n'aura aucun impact
négatif sur le plan social ".
Thierry BRETON
Absolument.
Jean-Michel APATHIE
Comment vous pouvez vous y engager, Thierry BRETON ?
Thierry BRETON
Absolument, parce qu'elles sont extrêmement complémentaires. Vous
savez, moi, ce que je vais vérifier, je vais vérifier avec les organisations
syndicales que je vais recevoir dès 9 heures tout à l'heure, je vais vérifier
tout d'abord que l'emploi sera préservé et nous avons regardé ça très
attentivement, c'est sont des entités qui sont extrêmement complémentaires,
donc il n'y aura pas de problème sur l'emploi. Je vais vérifier que la
préservation du statut des personnels, ces industries électriques et gazières
bien sûr, sera inchangé, que les contrats de service public qui engagent le
gouvernement français et GAZ DE FRANCE sont préservés. Il y a aussi un élément
très important qui est la bonne exécution des missions essentielles à
l'intérêt général par le nouveau groupe SUEZ - GAZ DE FRANCE, service public de
transport, distribution de gaz, sécurité d'approvisionnement. Mais tout ça va
être mis sur la table.
Jean-Michel APATHIE
Thierry BRETON, si les nouveaux dirigeants veulent faire des
économies, profiter de ce regroupement pour faire des économies?.
Thierry BRETON
?Non, non, non, dans une entreprise dans lequel l'Etat détient 40
%, ne vous inquiétez pas?
Jean-Michel APATHIE
? ils ne vous demanderont pas votre avis, Thierry BRETON.
Thierry BRETON
Ne vous inquiétez pas les choses sont beaucoup plus simples que ce
que vous dites.
Jean-Michel APATHIE
C'est un engagement du gouvernement ça aussi ?
Thierry BRETON
Et je le redis, l'engagement, encore une fois?
Jean-Michel APATHIE
? comme celui de Nicolas SARKOZY il y a quelques semaines !
Thierry BRETON
Mais ce sont des engagements qui vont être contractualisés entre l'Etat
et la nouvelle entité.
Jean-Michel APATHIE
D'accord.
Thierry BRETON
J'ajoute également que ce qui sera très important c'est les
aspects de sécurité, et puis la poursuite du modèle social des deux entreprises
et de leur culture d'entreprise avec ensuite l'actionnariat salarié. Enfin, tous
ces éléments vont être discutés avec les syndicats.
Jean-Michel APATHIE
Une autre question, Thierry BRETON, depuis des semaines, depuis des
jours, on cherche le responsable du fiasco du Clemenceau. C'est peut-être vous !
Thierry BRETON
Ah bon, pourquoi ?
Jean-Michel APATHIE
Je sais pas, c'est les Domaines qui ont géré l'affaire du
Clemenceau, paraît-il.
Thierry BRETON
Alors, ça n'a strictement rien à voir avec le sujet précédent.
Jean-Michel APATHIE
Non, rien. C'est vous le responsable ?
Thierry BRETON
Alors, le gouvernement dans son ensemble a géré cette affaire.
Jean-Michel APATHIE
Pas bien.
Thierry BRETON
Et vous savez, le gouvernement est entièrement solidaire.
Jean-Michel APATHIE
Et ça n'a pas été bien géré, on peut le dire comme ça ce matin,
Thierry BRETON ?
Thierry BRETON
Le gouvernement est solidaire.
Jean-Michel APATHIE
Thierry BRETON qui a pris des engagements au nom du gouvernement ce
matin, c'était pas à l'Assemblée nationale, mais c'était sur RTL. Bonne journée.
FIN