Energie: un monopoly européen

Publié le 26/02 à 14:38

La décision française, qui bloque l'offensive de l'Italien Enel, intervient alors qu'un important jeu de concentration est en cours en Europe.

Le ministre italien de l'Economie Giulio Tremonti a demandé que cesse "la course des Etats européens pour construire des barrières de protection", après l'annonce samedi d'une fusion entre Gaz de France et Suez, menacée d'OPA par le groupe italien Enel. L'Italie a d'ailleurs annoncé l'annulation de la rencontre prévue lundi entre les ministres français et italien de l'industrie.

L'allemand E.ON offre 29,1 milliards d'euros aux actionnaires de l'espagnol d'Endesa. C'est environ 30% de plus que ce que proposait Gas Natural, qui selon la presse espagnole a d'ores et déjà décidé de s'aligner.

L'allemand, qui vient à peine de digérer son compatriote Ruhrgas (racheté 10,2 milliard d'euros) et le britannique Powergen (12 milliards d'euros), n'est pas rassasié: "Nous voulons devenir le numéro un mondial du gaz et de l'électricité", a déclaré son patron Wulf Bernotat.

Une déclaration de guerre à peine voilée à l'actuel leader, EDF. Les deux groupes s'étaient déjà affrontés à fleurets mouchetés pour le rachat de l'italien Edison, finalement tombé dans l'escarcelle d'EDF.

Le groupe français, fort de son bénéfice historique de 3,24 milliard d'euros en 2005, "est prêt à examiner des opérations majeures" d'acquisition en Europe, a dit jeudi son patron Pierre Gadonneix.

La décision très interventioniste des autorités françaises fait suite à celle des autorités espagnoles qui ont adopté vendredi une série de mesures pour renforcer la protection de son secteur énegétique et refroidir les ardeurs de E.ON, en dépit des avertissements de Bruxelles.

Le gouvernement met en avant le fait que "l'approvisionnement énergétique dans l'ère post-pétrole est une des conditions de la prospérité des pays européens". "Donc il nécessite le soutien des Etats avec des capitaux privés pour investir massivement et garantir les approvisionnements stratégiques de long terme", ont précisé des sources gouvernementales.