Enfin Kyoto… et vive le nucléaire !!!!
Guillaume Vuilletet
Conseiller Régional d’Île de France
Président du groupe du Mouvement Républicain et Citoyen.
L’accouchement fut dur mais, enfin, le protocole de Kyoto est mis en œuvre.
Deux mots d’explication pour commencer. Ce protocole vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), responsables du réchauffement climatique et qui sont l’un des effets majeurs de l’activité économique et industrielle des dernières décennies. En effet, l’augmentation dramatique de la pollution des GES de ces dernières décennies est le fait de l’utilisation massive des énergies fossiles (principalement le pétrole et le charbon).
Le protocole de Kyoto oblige les pays signataires à diminuer leurs émissions de GES d’au moins 5% par rapport au niveau de 1990 au cours de la période d’engagement allant de 2008 à 2012. Cependant, il n’en reste pas moins que les diminutions des GES prévues par le protocole seront insuffisantes pour palier le changement climatique, puisqu’il faudrait que ces diminutions soient divisées par deux d’ici 2050 pour limiter à deux degrés le réchauffement de la planète.
Et puis, il y a des zones d’ombre. Quid du « marché des droits à polluer ». Là encore deux mots d’explication Le principe est simple : quand un pays pollue trop, il peut acheter des « émissions de GES » aux pays qui ne polluent « pas trop », en fait essentiellement les pays peu industrialisés. Déjà on peut regretter l’aspect peu incitatif pour les pays pollueurs (il leur suffit de payer) et le message un peu bizarre quant au développement des pays pauvres (on va les « punir » s’ils réussissent à développer leur industrie ?). Et puis, peut-on admettre que la survie de la planète fasse l’objet d’un « marché ».
A cela s’ajoute le refus des États-unis, premier pollueur de la planète, de signer le traité et la volonté dont il a fait preuve de retarder sa mise en œuvre.
Que voulez vous, le libéralisme à outrance, c’est une vision de profits maximum à court terme. Ça vaut pour les délocalisations mais ça vaut aussi pour l’avenir de la planète.
Reste que c’est un premier pas et il y a tout lieu de s’en réjouir.
Et reste encore qu’il faut prendre la mesure logique des engagements que la France vient de prendre. Et pour cela, il est urgent de développer les énergies propres que sont l’hydraulique, le solaire, l’éolien et le nucléaire.
Une remarque avant de poursuivre : il faut parler d’énergies propres et non d’énergie renouvelables. Les énergies renouvelables, c’est très bien pour le problème – par ailleurs important- de l’épuisement des ressources naturelles mais, quand on brûle des énergies biologiques, on produit des gaz à effets de serre !!!
Par exemple – mais l’exemple n’est pas fortuit - l’énergie nucléaire apparaît comme celle qui a la plus faible intensité d’émission de carbone avec un rapport de 1 à 50 par rapport à la production thermique classique et un rapport de 1 à 10 pour les énergies renouvelables.
Les Européens, principalement concernés par le protocole, sont à peu près en ligne avec les objectifs exigés puisque l’Union européenne devrait atteindre en 2010 ses objectifs de réduction de 8% des émissions.
Et dans ce domaine, nous pouvons – en tant que Français être plutôt fiers ! Plus haut, dans la description du « marché des pollutions », je citais les pays en développement comme étant ceux qui pouvaient vendre leurs droits à polluer. J’oubliais un pays et pas des moindres : la France !!
Notre pays est en effet le seul parmi les plus grands pays industrialisés à pouvoir prétendre – aujourd’hui – être créditeur en matière de « droit à polluer ».
Cela a une origine : l’investissement massif et ancien dans l’industrie électronucléaire.
Aujourd’hui, cette énergie est attaquée au nom d’un principe respectable – la protection de l’environnement mais avec des arguments qui ne sont ni justes ni respectueux de la réalité.
Sans l’énergie nucléaire, les émissions de carbone des pays de l’OCDE seraient supérieures d’environ un tiers à leur niveau actuel.
Si l’on faisait l’hypothèse que le nucléaire remplace les centrales thermiques modernes dès aujourd’hui, cela permettrait de diminuer de 8% les émissions de carbone dans le monde entier[1].
Le nucléaire est, de plus, une énergie compétitive, avec un coût de production estimé à 28,4€/MWh, contre 35€ pour le gaz et plus de 30€ pour le charbon[2]. En outre, le coût du nucléaire est stable puisque le prix de l’uranium, peu élevé, n’intervient que pour 5% du coût total, tandis qu’une forte augmentation du prix du gaz est à craindre en raison de la forte croissance attendue de la demande.
Il y a en effet le problème des déchets. Les déchets nucléaires- dangereux en raison des rayonnements qu’ils émettent- ne constituent pas un danger inéluctable, à la différence du changement climatique. En effet, les déchets produits occupent un faible volume, et peuvent être gérés de manière totalement sécurisée.
Qui plus est, la recherche sur de nouvelles technologies nucléaires doit permettre de les réduire encore.
La nécessité de renforcer les efforts sur les autres énergies propres est une évidence. Mais, à diaboliser le nucléaire, on retarde la recherche et ce sont des volumes considérables de gaz polluants qu’on laisse partir dans l’atmosphère.
La région Ile de France s’est engagée dans l’objectif d’être la première écorégion d’Europe. C’est un objectif que le groupe du Mouvement Républicain et Citoyen soutient pleinement. C’est justement pour cela que nous souhaitons que notre pays continue et amplifie son effort de recherche vers les énergies propres dont – on l’aura compris – l’énergie nucléaire.